BULLETIN ABC-Dijon #24 - février 2001 - gratuit, dons appréciés version papier: 4.50f en timbre/numéro soutien : chèque à l'ordre de Maloka "Si l'innocent-e mérite notre solidarité, le/la coupable la mérite encore plus" S'lut ! Benv'nu pour l'numéro 24, principalement consacré à l'Espagne, l'Angleterre et la France. L'actualité carcérale est bouillonante, et si on avait été plus nombreux, on vous aurait sûrement fait un bulletin plus épais... Deux compagneros anarchistes sont passés en procès au cours du mois passé : Nikos Maziotis en Grèce et Silvano Pelissero en Italie et nous disposons de flyers si vous voulez en savoir plus. Comme vous pourrez le lire plus tard, la répression s'abat sur lds milieux anars et radicaux espagnols, et nous voudrions lancer bientôt une campagne de soutien à Edoardo Garcia Macias et appelons dès maintenant la presse alternative à s'intéresser au sujet. C'est peut-être du fait de cette actualité "chaude" que nous avons reçu autant de courrier. Il semble que nous soyons passé du stade "la prison tout le monde s'en fout" au stade "la prison presque tout le monde s'en fout", ce qui n'est pas rien. Au passage, merci aux personnes ayant participé au soutien financier, nous avons pu envoyer à nouveau du fric en janvier et nous devrions pouvoir envoyer 1500f pour le mois à venir. Merci également aux groupes anars qui nous ont invité. Il paraît qu'on devait venir à Lille mais nous n'étions pas au courant, engueulez le responsable ! En attendant que cet intérêt puisse déboucher sur quelque chose de concret, comme la création d'autres groupes @ de soutien aux prisonniers, car même si on nous dit souvent que ce qu'on fait est bien, ce ne sont que des mots, bonne lecture et a bientôt ! - communiqué et lettre des détenus de Lannemezan - TROIS PETITS TOURS ET PUIS S'EN VONT... Voilà un an que la célèbre Mme Vasseur, médecin de la Santé, sortait à grands renforts de publicité son livre qui allait bouleverser le PPF (Paysage Pénitentiaire Français), et s'indigner les parlementaires qui étalèrent leur humanisme sous les sunlights de l'info. Un tourbillon de hauts cris et d'effroi déferla, envahissant les médias. Certains se saisirent de l'occasion pour battre la campagne, opportunisme, humanisme, peu importe pourvu que cela rime... Chacun pousra sa chansonnette. Etions-nous sur la bonne voie ? Les mois suivants virent de nombreux cortèges sillonner la campagne découvrant la larme à l'œil ce qu'était une prison où faisant semblant de la découvrir, jurant bien fort la main sur le cœur que l'on allait voir ce que l'on allait voir, qu'on ne pouvait plus tolérer... de telles pratiques et que l'on devait cesser d'imposer de telles conditions d'existence à des êtres humains. Un an plus tard que reste-t-il de vos discours ? Rien n'a changé. Vous, députés et sénateurs réunis, politiciens de tous bords avez regagné les lambris dorés de cette république que nous ne voulons pas être la nôtre, nous laissant toujours et encore crever de la même façon lente et certaine dans les mêmes prisons qui vous ont pourtant horrifiés il n'y a pas si longtemps encore. Au fait, pourriez-vous nous préciser ce que vous auriez aimé voir changé ? Les méthodes d'élimination qui nous frappe ? L'état de décrépitude des wagons qui nous mènent vers cette mort lente et certaine à laquelle vous nous avez destiné ? On y crève toujours de la même façon lente et certaine, soumis au dictat de la matonnerie qui la rage au ventre, les yeux tout embués de la nostalgie des temps où ils n'étaient pas tenu de nous appeler Monsieur pour nous ordonner de nous pencher en avant jambes écartées pour apprécier l'état d'un anus dont on ne sait ce qu'il pourrait receler. Tel est le prix à payer pour arracher un moment de vie avec ceux que l'on aime. On y crève toujours de la même façon lente et certaine, victime du trop triste complot des blouses blanches qui jugent l'état de santé satisfaisant de ceux d'entre nous qui sont atteints de toutes les maladies possibles, SIDA, Leucémies, cancers... jusqu'au moment de les envoyer mourir dans des hôpitaux civils juste pour qu'ils ne meurent pas sous écrou. On y crève toujours de la même façon lente et certaine, sans espoir dans vos centrales de sécurité d'où l'on ne sort plus, sinon en fin de peine. Ces centrales que votre volonté politique a transformé en de véritables éliminatoriums où la mort rôde toujours plus lente, toujours plus présente, toujours plus efficace. On y crève toujours de la même façon lente et certaine dans les quartiers d'isolement subissant les séances de torture blanche que vous avez instaurée afin de réduire ceux d'entre nous qui refusent cet anéantissement, toujours animé d'esprit de résistance, ceux qui refusent de collaborer, ceux qui ne veulent pas crever. Torture blanche que vous avez poussé jusqu'au raffinement, usant de la psychiatrie pour décrédibiliser ceux qui veulent toujours lutter, un fou fait toujours rire... On y crève toujours de la même façon lente et certaine en butte à l'indifférence des hauts magistrats de la chancellerie, alléchés par leur plan de carrière et disponibles aux impératifs électoraux de leur hiérarchie. Tous ces magistrats ont sur la conscience, si tant est que l'on puisse encore supposer qu'ils en aient eu une, des centaines de morts. Mort de prisonniers malades laissés sans soins appropriés, mort de prisonniers arrivés au fond du désespoir qui, fatigués d'espérer, ont préféré choisir eux-mêmes le moment de la triste fin à laquelle vous les aviez destiné. On y crève toujours de la même façon lente et certaine devant la souffrance de nos proches, de nos familles à qui vous imposez d'énormes sacrifices en nous envoyant toujours plus loin d'eux. Certains d'entre eux sont obligés de faire des voyages de 50 heures pour quelques instants d'intimité toujours plus rare. Ca suffit !! Aujourd'hui, nous ne demandons plus notre liberté, nous l'exigeons. Vos entrechats et votre verbe sont sans effets. Ils ne font plus rêver personne. Ils nous agacent, ils nous dérangent. Nous ne vous laisserons pas transformer les centrales où vous nous tenez déportés en des Huntsville où le temps exécuterait à votre place la sale besogne. Elles ne redeviendront plus les oubliettes des châteaux que nos ancêtres ont rasé aux temps de vos révolutions bourgeoises. Nots ne seront plus les serfs de votre seigneurie revancharde. On y crève et vous construisez encore de nouvelles prisons. Merci, votre acharnement nous a ouvert les portes de la résistance, nous refusons de crever, faisant ainsi les frais de votre gestion sécuritaire et bourgeoise. Libération de tous les prisonniers conditionnables et malades. Fermeture immédiate des quartiers d'isolement. Collectif des Prisonniers de Lannemezan. Madame la Ministre de la Justice, En ce début d'année 2001, nous hésitions Madame la ministre entre vous présenter nos vœux, et vous formuler nos exigences. Nous avons finalement opté pour le second choix. Les longues peines, catégorie à laquelle nous appartenons, vient une fois encore d'ajouter 12 mois au compteur des déjà si longues années que nous venons de passer dans vos murs. 12 mois à recevoir encore et toujours nos familles en ces lieux sordides et lugubres que votre bonté sans limite a loisir de nommer parloir. 12 mois de souffrances supplémentaires pour ceux qui d'entre nous sont malades et qui ne peuvent, au prix de votre bonne volonté politique, avoir accès aux soins pourtant indispensables à leur état de santé. Soins qui leur permettraient d'être de nouveau inscrit au nombre des vivants. 12 mois encore d'espoir déçus qui voient une fois de plus s'échapper la perspective d'une libération conditionnelle tant attendue, autant de notre part que de nos familles. 12 mois renforçant la certitude que nous avons aujourd'hui de n'être plus que des emmurés vivants, condamnés à devoir encore et toujours subir le tarif de vos ambitions politiques personnelles. 12 mois à regarder encore et toujours le spectacle infecte de la flagrante injustice qui absout les nantis et nous pousse en vos oubliettes. 12 mois qui nous imposent à considérer que la seule alternative qui vous nous offrez reste la lutte sans concession en réponse à cette volonté d'élimination toujours plus évidente que vous opposez à nos légitimes revendications. Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers ayant effectués la période de sûreté qui accompagne leur condamnation. Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers malades et en fin de vie. Nous exigeons la fermeture immédiate des quartiers d'isolement Collectif des Prisonniers de Lannemezan. - prisonniers politiques bretons, infos fraîches - La grève de la faim tournante des prisonniers bretons pour l'obtention du statut de prisonniers politiques (regroupement des PP, rapprochement vers la Bretagne, droit de s'exprimer en breton lors de l'instruction, libération immédiate des prisonniers malades) se poursuit. Le dimanche 1er janvier 2001, c'est Christian Georgeault qui, après Gaël Roblin et Gérard Bernard, s'est mis en grève de la faim. En ce qui concerne Gérard Bernard, de Lorient, militant d'Emgann en préventive à Fleury-Mérogis suite au vol d'explosif des Côtes-d'Armor, sa dernière demande de mise en liberté, effectuée début janvier, lui a été refusée. Vive la présomption d'innocence, sujet qui fait en ce moment la une du côté du ministère de l'Intérieur. Après 15 mois de préventive, vraisemblablement aucune avancée dans le dossier des juges du 14e parquet, il faut bien reconnaître que la nature politique de Gérard et des autres détenus bretons explique leur maintien en détention. Cette fois-ci c'est trop et Gérard a fait appel. L'affaire devrait être examinée le 2 février prochain. Loin de se limiter aux inculpés, la répression touche également sévèrement les familles des prisonniers. Notamment celle de Christian Georgeault. Nous reproduisons ici un communiqué de Skoazell Vreizh daté du 21/01/2001. "Quand Mlle Solenn Georgeault, venant de Bretagne, s'est présentée le samedi 20 janvier à 15h à la prison de la Santé (Paris) pour voir son ami Arno Vannier, en détention provisoire, elle s'est vu refuser l'entrée du parloir sans qu'aucune explication lui soit donnée. Mlle Georgeault avait obtenu un permis de visite pour son ami après une attente de dix mois et enfin la semaine dernière elle avait pu lui rendre visite. A plusieurs reprises Skoazell Vreizh a dénoncé les difficultés faîtes aux familles des détenus politiques bretons pour visiter leurs proches (éloignement des détenus par rapport à leur famille, parloirs prolongés rares etc.) Dernièrement encore Skoazell Vreizh s'insurgeait contre la différence de traitement pour obtenir un droit de visite selon qu'il s'appelle Mitterrand ou Georgeault alors que les deux détenus étaient dans la même situation juridique. Le traitement imposé à Solenn Georgeault et à son ami ressemble à de l'acharnement psychologique pour continuer à déstabiliser cette famille. Nous rappelons que Mme Georgeault Mireille (mère de Solenn) avait elle aussi dû attendre trois mois pour obtenir un permis pour visiter son époux. En France, pays démocratique, le statut social d'un individu influence le cours de la justice, chose inacceptable dans un état de droit". Pour Skoazell Vreizh, le Secrétaire H. Herjean Le 20 janvier 2001 - Espagne : répression contre le mouvement social - - campagne pour la libération d'Edoardo Garcia Macias - Dans le bulletin #22, nous nous étions longtemps arrêtés sur la répression qui sévit à l'intérieur de l'État espagnol contre les prisonnier-e-s en lutte et ceux/celles qui les soutiennent à l'extérieur. Ainsi, le 10 novembre dernier étaient arrêtées Edoardo Garcia Macias et Estefania Maurete Diaz dans une enquête sur l'envoi de 7 colis piégés à des journalistes en solidarité avec la lutte de dizaines de prisonnier-e-s politiques et sociaux espagnol-e-s contre le régime d'isolement carcéral (F.I.E.S.). Des preuves de leur innocence ont été détournées, les journaux se sont chargés dès le lendemain de mener la campagne de désinformation... Aujourd'hui, Edoardo est toujours derrière les barreaux, livré à un système bien décidé d'en finir avec ceux/elles qui, à l'extérieur des prisons, se solidarisent avec les luttes des détenu-e-s, ce qui représente beaucoup en Espagne étant donné les nombreuses luttes en cours simultanément (lutte Anti FIES, grève de la faim de Laudelino Iglesias, lutte des PP basques pour le rapprochement etc.), et les actions menées à l'extérieur. Or, Edoardo est impliqué de près dans le soutien aux détenu-e-s depuis des années. Et on peut dire qu'il paye en ce moment pour son investissement dans l'Anarchist Black Cross/Cruza Negra Anarquista de Madrid ainsi que pour son implication dans d'autres luttes ou manifs radicales. Edoardo a toujours suivi et soutenu les différentes luttes des prisonnier-e-s, et sa solidarité a largement traversé les frontières. Nous sortirons un tract avec des infos complémentaires et un appel à la presse anarchiste ou de la gauche radicale à faire connaître le cas. Pour l'instant, l'ABC-Madrid a bien l'intention de démarrer une grosse campagne, le camarade risquant gros. Cette offensive contre Edoardo est une offensive contre l'ensemble du mouvement anarchiste et du mouvement social Ibérique. On craint un déroulement des événements comme en Italie depuis 96, lorsque des juges zélés ont décidé d'en finir avec les anarchistes et d'incarcérer sans preuves. L'ABC-Madrid a déjà sorti des autocollants, des affiches et des cartes postales à l'attention du juge qui a kidnappé Edoardo. Ils/elles appellent tous les groupes individus solidaires à mener des actions de solidarité en direction des représentations politiques ou économiques espagnoles. L'ABC-Madrid a également besoin de pognon pour réaliser tout cela (vous pouvez leur envoyer de l'argent par notre intermédiaire). De notre côté, nous allons relayer le plus effacement possible cette campagne. Restez à l'écoute, plus d'informations prochainement. ABC/CNA, Paseo Alberto Palacios 2, 28021 Villaverde Alto-Madrid, Espagne. Autre nouvelle : Pepe Rei, l'éditeur du magazine basque Ardi Beltza, dont nous parlions également dans le numéro 22, a finalement été arrêté. Il était l'objet d'une campagne de désinformation et de calomnie de la part de l'État et de ses agences de presse, décrit comme proche d'ETA et même comme la personne qui en désigne les cibles. C'est en vérité le contenu du journal qui représente une menace pour l'État espagnol : enquête sur les GAL, sur le contrôle étatique de la presse et des médias, sur la complicité entre des journalistes, des juges et les milieux mafieux etc. Il est entre autre reproché à Pepe Rei d'avoir sorti une vidéo intitulée "Journalistes, le commerce du mensonge". Il a été placé en détention préventive sous les chefs d'inculpation de "menaces", "lien avec une organisation terroriste", et "incitation au meurtre". Sa demande de mise en liberté a été refusée le 19 janvier. Le juge a déclaré que la vidéo avait pour tâche "d'établir un lien entre les journalistes et le gouvernement, d'insinuer l'existence d'une relation média-police aux Pays-Basques". L'arrestation de Pepe pourrait fort bien avoir été envisagée suite à la découverte de numéros d'Ardibeltza au domicile de membres présumés d'ETA. On se doute pourtant bien que ceux/celles-i ne lisent pas El Pais ou Il Mondo... L'arrestation de Pepe ne repose sur rien et même le juge a reconnu ne disposer d'aucune preuve concrête. La justice veut faire passer Pepe comme la personne désignant pas ses articles les futures cibles de ETA alors que les militant-e-s d'ETA en question n'ont pas été arrêté-e-s et que donc personne ne sait si ils/elles lisent Ardibeltza. De plus, ce magazine n'existe que depuis un an ! Les journalistes ayant porté plainte contre Pepe Rei déclarent d'ailleurs que ce n'est pas le contenu qui les dérange mais les conséquences potentielles. Pour plus d'infos, écrivez à : kebele@marsbard.com - lutte des détenu-e-s d'Action Directe ! - Suite au transfert de Jean-Marc Rouillan vers le quartier d'isolement de Fresnes pour briser le mouvement des prisonniers longues peines de Lannemezan, celui-ci s'est mis en grève de la faim. En même temps que son transfert lui a été confisqué son ordinateur. Les prisonniers d'AD sont déjà resté-e-s de nombreuses années dans les quartiers d'isolement et, rappelons le encore une fois, ont toujours été l'objet d'un traitement spécial. L'État français par sa barbarie reconnaît ainsi implicitement l'existence de prisonniers politiques à l'intérieur de ses frontières. L'existence de Georges Cipriani n'est plus qu'une suite de voyages entre la prison et l'hôpital psychiatrique, Nathalie Ménigon souffre d'une paralysie et de dépression suite à un accident cardio-vasculaire et des années de privation sensorielle. Tout a été soigneusement et scientifiquement élaboré pour les détruire psychologiquement et physiquement. Non content de la réussite de ses plans meurtriers, l'État s'attaque maintenant à la deuxième moitié des membres du collectif des prisonniers, Rouillant et Joëlle. Jean-Marc Rouillant s'est mis en grève de la faim le 14 décembre, cela fait donc plus de 7 semaines que cela dure et son état physique s'est évidemment fortement dégradé. Ce n'est pas la première longue grève de la faim de ces détenus et, comme on le sait, cette forme extrême de lutte entraîne à partir de la troisième semaine des séquelles irrémédiables. La justice, dans sa pleine arrogance, attend le stade du non-retour pour considérer les revendications des détenu-e-s : la libération de Georges Cipriani, des soins pour Nathalie M., et le transfert de Jean-Marc R. vers un centre de détention du sud de la France, près de sa famille. Et ils/elles étaient nombreux à rappeler au ministère l'urgence de la situation : intervention de députés et autres humanistes, manifestation de soutien à Toulouse le 19 janvier (au 37e jour de grève de la faim) organisée par des amis et proches de J-M, mais aussi refus solidaire du plateau-repas dans la semaine du 22 au 29 janvier par les prisonniers longues peines de Lannemezan. Comme quoi ces derniers n'avaient pas besoin de Jean-Marc et de ses 5 cinq "compagnons de galère" transférés dans des QI de la région parisienne pour s'organiser. Joëlle Aubron a rejoint la grève de la faim le 8 janvier. En trois semaines, elle a perdu 7 kilos et s'est fortement affaiblie. Dernière minute : Jean-Marc Rouillan a mis un terme à sa grève de la faim le 31 janvier, après 49 jours et après avoir perdu 19 kg. Il a obtenu la garantie que des soins seront donnés à Georges Cipriani et à Nathalie Ménigon, ainsi que son transfert vers la MC d'Arles. Nous reproduisons ici un texte du Collectif des Prisonnier-e-s d'Action Directe écrit fin septembre avec un long retour sur la lutte effectivement ignorée des prisonniers communistes turcs. "Ce 27 décembre, nous terminons le refus de plateau commencé le 20, pour dire notre préoccupation solidaire quant à la lutte engagée le 20 octobre dernier par les prisonniers de plusieurs organisations communistes de Turquie. En répondant ainsi à l'appel de Pierre Carette, membre des CCC incarcéré en Belgique et signataire avec nous et une centaine de prisonniers révolutionnaires de la plate-forme de juin 99, nous pensions important d'attirer l'attention sur cette grève de la faim massive, largement ignorée par les médias mais aussi par les organes militants d'information. Entre temps, sa réalité dramatique est connue de tous ; le 19 décembre, le gouvernement turc lançait l'assaut contre une vingtaine de prisons. A lire différents journaux, à écouter ou regarder d'autres médias, la propagande de l'État turc s'affiche sans complexe. Ses mensonges se déversent en deux flots. Appeler "retour à la vie" une opération se soldant par presque 30 morts n'est pas seulement cynique. Cet intitulé voudrait masquer combien mettre fin à la grève de la faim fut le prétexte d'une opération planifiée de longue date. Cela faisait des mois que des unités d'élite s'entraînaient pour cet assaut. Dès janvier 2000, un décret gouvernemental avait prévu de mettre en oeuvre ces transferts brutaux. A diverses reprises, le Ministre de la justice les avait annoncés pour le mois d'août. Il y a 10 ans, le 9 mai 1990, une délégation de fonctionnaires turcs visitait la tristement célèbre prison de Stammheim. L'objectif était déjà de mettre le traitement des prisonniers politiques en Turquie en conformité avec les normes européennes de destruction par la torture blanche de l'isolement. Depuis, tandis que se construisaient les établissements de type F, la pression de l'appareil répressif contre les prisonniers ne cessait de croître. Les nouvelles prisons sont conçues pour briser l'organisation et la solidarité qui permettent aux prisonniers de résister aux conditions de détention destructrices, aux brutalités des matons, de survivre aux violences et tortures exercées par les flics dans les commissariats, lors des extractions. En finir avec les cellules collectives où les prisonniers s'entraident est devenu au fil des ans un axe toujours plus essentiel de la politique carcérale des gouvernements turcs successifs. En 1996 déjà, une lutte avait dû passer par la mort de 12 grévistes de la faim avant qu'un précédent gouvernement sursoie à la systématisation de sa politique d'isolement contre les plus de dix milles prisonniers politiques. Les efforts gouvernementaux pour accéder aux standards de l'Union Européenne ont régulièrement donné lieu à des attaques contre les regroupements de militants. Bucca, Ümraniye, Diyarbakir, Uluncalar, Burdur... autant de prisons, autant de raids depuis 1995 ; en septembre 99, 10 militants, assassinés lors d'un coup de force ; les 5 puis 25 juillet 2000, deux nouvelles agressions contre des cellules collectives. Le deuxième flot de propagande consiste à créer la confusion. Les cellules collectives sont décrites comme des repères mafieux où circuleraient drogues, armes et portables permettant de continuer de lucratifs trafics du fin fond des prisons. Dans le même temps où le gouvernement envisageait une amnistie profitant avant tout à divers complices pris la main dans le sac, il en exclut soigneusement la très grande majorité des militants et militantes condamnés par la Cour de Sûreté de l'État. La réalité des connexions entre l'État turc, les Loups Gris, les milices islamistes terrorisant la population du Kurdistan et la mafia n'est plus à démontrer. Sans parler de l'impunité des fonctionnaires, torturant et isolant dans les commissariats, tuant les manifestants ; le 10 décembre encore, un jeune qui collait des affiches de soutien à la lutte. Peu avant qu'elle commence, c'étaient les mères et des parents, des artistes et des acteurs protestant toujours et encore contre la politique d'isolement et l'impunité des bourreaux qui étaient brutalisés, placés en garde-à-vue, torturés. Les prisonniers revendiquent, outre la fermeture des prisons de type F, l'abolition de la Cour de Sûreté de l'État et la révision des verdicts prononcés par elle, la libération des prisonniers non soignés de leurs séquelles de la grève de la faim de 1996 et/ou blessés lors d'opérations militaires dans les prisons et la condamnation des massacreurs du 21 septembre 95 à Bucca, du 4 janvier 96 à Ümraniye, du 24 septembre 99 à Diyarbakir et du 5 juillet 2000 à Burdur, des tortionnaires lors des gardes à vue et des extractions. "La résistance du peuple en faveur de la démocratie et de la liberté ne doit pas être confrontée à des lois anti-démocratiques. Toutes ces lois doivent être abolies. Un terme doit être mis à l'oppression des Kurdes et des autres minorités." La brutalité de l'État turc a échoué. Le ministre lui-même fut contraint d'avouer le 24 décembre un nombre de 2018 prisonniers continuant le mouvement dont 353 engagés dans un jeûne jusqu'à la mort. Simultanément, sa propagande pour vendre cette opération comme une action humanitaire n'a pas le succès qu'il espérait. Avant l'assaut, dans divers pays d'Europe, Pays-Bas, Angleterre, Belgique, Grèce, Suisse, Autriche, France..., s'étaient multipliées les initiatives - dans les premiers jours de décembre, à Rotterdam, Cafer Derell était tué sous les coups d'un groupe proche des Loups Gris ayant attaqué la tente, installée devant l'hôtel de ville où lui et ses camarades menaient un jeûne de solidarité ; la police intervint 3 heures plus tard. Elles se sont encore renforcées après et ont efficacement relayé les contre-informations en provenance des nombreux groupes et associations qui, en Turquie, soutiennent les justes revendications des prisonniers. Au 16 décembre, une cinquantaine de prisonniers, en Allemagne, Hollande et France avait déjà solidairement jeûné, jusqu'à 20 jours pour l'un d'eux. L'appel de Pierre Carette à matérialiser la collectivité investie dans la plate-forme du 19 juin est venu amplifier la conscience politique d'une lutte commune. Si les gouvernements de l'Union Européenne et en particulier le Ministre français des Affaires Étrangères se pinent un peu le nez devant le massacre que viennent de perpétrer les forces de l'ordre en Turquie, nous n'oublions pas que ces mêmes gouvernements sont les modèles de politique carcéral auquel aspire l'État turc. Somme toute, si la méthode est "consternante", il s'agit essentiellement d'appliquer pour le troisième millénaire, les politiques de dispersion déjà réalisées avec succès dans différents pays européens. On se souvient des dures luttes menées par les collectifs de prisonniers communistes et basques à partir des années 80, sous un gouvernement espagnol frappant à la porte de la même Union Européenne. Encouragé par des années de condamnations du bout des lèvres, le pouvoir turc pense pouvoir se fier au bon vieux "qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse". Cette ivresse "démocratique" qui permet aux responsables des pires injustices et inégalités, aux fauteurs de guerre, aux affameurs et oppresseurs des peuples de criminaliser ceux et celles qui osent encore contester leurs monopoles sur nos vies. Depuis plusieurs mois, dans les prisons de l'État français, les collectifs de prisonniers, basques, bretons, corses luttent pour être regroupés, rapatriés chez eux, revendiquant leurs droits de prisonniers politiques. Nous sommes aussi engagés dans un processus de lutte. Depuis le 14 décembre, Jean-Marc Rouillan est en grève de la faim pour le regroupement et pour la libération de nos camarades dont l'état de santé est incompatible avec la prison". Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan - Mark Barnsley placé en isolement et transféré - Mark Barnsley a été placé en cellule d'isolement, cette fois-ci en compagnie de deux autres détenus. Cette mesure a été justifiée par le comportement de Mark qui a toujours refusé son emprisonnement. Il n'a pas été victime à proprement parler d'une erreur judiciaire, mais la justice britannique a délibérément utilisé son altercation en 1994 pour l'envoyer en prison le plus longtemps possible. On peut imaginer que n'importe qui d'autre s'en serait tiré avec du sursis plutôt que 12 ans ferme ! Mark n'a jamais accepté son sort tête baissée. Du fait de son attitude et de l'aide juridique qu'il apporte à d'autres détenus, il est considéré par l'administration comme un prisonnier subversif et dangereux. Ce n'est sûrement pas un hasard si l'administration pénitentiaire lui a réservé une place à la prison de Frankland : des changements de régime sont sur le point de se produire : les prisonniers vont rester dans leur cellule 11 heures supplémentaires par semaine, les visites vont êtres réduites en durée. Mark et les autres prisonniers à Frankland ont été maintenu en cellule ces derniers temps 21/24h. Les cellules étaient extrêmement chauffées. La nouvelle modification des heures d'enfermement va rendre la vie à Frankland encore plus insupportable. Ces dernières semaines, de nombreux/ses sympathisant-e-s, à l'appel du collectif de soutien, ont envoyé des lettres/e-mails/coup de fil pour demander au directeur de la prison de replacer Mark parmi la population générale. Le 1er février, à 5H30 du mat', Mark a été transféré vers une des pires prisons de l'État anglais : celle de Wakefield. Ce vingtième transfert en 7 ans ne peut qu'être considéré comme une punition. Pour l'instant on ne sait pas pour combien de temps ils veulent le maintenir là-bas. Le régime de Wakefield est l'un des plus strictes : les détenus ne sont autorisés à recevoir par courrier que de simples lettres avec au maximum 6 timbres à l'intérieur, tout doit être acheté à l'intérieur de la prison. En quittant Frankland, Mark s'est aperçu qu'une énorme partie de son courrier lui avait été retenue, ce qui peut expliqué le retard de ses réponses. Nous ne connaissons pas encore son adresse, mais voici celle du comité de soutien : - Justice For Mark Barnsley, PO Box 381, Huddersfield, HD1 3XX, Angleterre. http://www.freemarkbarnsley.com Ci-joint un excellent article de Mark paru dans le journal de l'Anarchist Prisoners' Legal Aid Network (APLAN) et que nous avons trouvé intéressant de publier dans ce bulletin : "Chers camarades, J'ai été un anarchiste révolutionnaire pour la majeure partie de ma vie et actif dans le mouvement depuis l'âge de 14 ans (il y a 25 ans). Néanmoins, ma première fidélité est celle que je voue à ma classe et en tant que militant working class j'ai de plus en plus le sentiment d'avoir peu en commun avec des gens se prétendant anarchistes. Je dis cela pour qu'il soit clair que je ne conçois pas l'anarchisme comme un quelconque genre de vache sacrée. Cependant, alors qu'il pourrait être dévalué par des gens adoptant un mode de vie middle-class, le terme anarchisme a toujours une signification. Au long des 25 dernières années, j'ai participé à de nombreuses luttes avec de bons camarades qui ne se nommaient pas anarchistes, je me suis même battu à leurs côtés dans la lutte armée. J'ai fait du travail de soutien aux prisonniers pendant environ 23 ans et à ce moment-là, la plupart des gens que j'ai pu soutenir n'étaient pas des anarchistes. Pendant mes années de détention, mes camarades ont rarement été des anarchistes et peu de ceux/celles qui me soutiennent sont d'ailleurs des anarchistes. Évidemment, la lutte anti-prison, et la lutte plus globale à l'extérieur, concerne plus que les seules anarchistes, et cela va demander plus que notre petit nombre ridicule pour changer le monde. En tant qu'anarchistes nous essayons d'exposer notre point de vue aux gens sur l'état des choses. Mais nous ne disons pas qu'il faut qu'ils/elles se "convertissent" avant que nous leur donnions un coup de main, cela serait la pire forme d'opportunisme. Il y a beaucoup de prisonnier-e-s (anarchistes ou pas) à travers le monde dont nous, révolutionnaires, devrions soutenir et mettre en lumière les luttes. Si l'on proposait de former une nouvelle organisation par ici, je ne suggérerais certainement pas qu'elle soit limitée aux anarchistes. Cependant après avoir dit tout cela, je ne vois absolument rien de contradictoire dans ce qu'a dit Chris Pummer. Suggérer qu'il est quelque part sectaire de limiter une organisation anarchiste aux anarchistes est absurde. Certains des arguments mis en avant semblent confondre anarchisme avec libéralisme. Pendant mes longues années passées au sein d'organisations anarchistes, je n'ai jamais cessé d'avoir à faire avec des gens qui n'étaient pas anarchistes, de venir en aide à mes voisins lorsqu'ils avaient besoin de moi. Aucun-e d'entre nous n'aurait de vie si tout ce que nous faisions était associé avec des maudits anarchistes ! Si par exemple un groupe de gens met en place une organisation de soutien au combat palestinien, cela veut-il dire qu'ils/elles tournent le dos à la lutte irlandaise, et toutes les autres luttes anti-impérialistes. Bien sûr que non, cela veut simplement dire qu'ils/elles concentrent leur énergie dans un secteur particulier, et en soutenant une lutte anti-impérialiste, ils/elles soutiennent l'anti-impérialisme en lui-même. Beaucoup de prisonnier-e-s anarchistes ont manqué honteusement de solidarité de la part du mouvement à l'extérieur. En commençant de faire part de ce défaut, en mettant en place un réseau d'aide mutuelle pour soutenir nos membres politiques interné-e-s et en créant des liens de communication entre les prisonnier-e-s eux/elles-mêmes, cela signifie-t-il que nous sommes élitistes, que nous tournons le dos à d'autres prisonnier-e-s ? Je ne pense pas. Vraiment je suis à la périphérie sur la piste d'atterrissage numéro 1, mais je crois qu'il va falloir faire du tri pour savoir si APLAN est une organisation anarchiste, comme le nom l'implique, ou si elle ne l'est pas. Il semble en tout cas y avoir un besoin d'une organisation spécifiquement pour les prisonnier-e-s anarchistes, et pas seulement à cause du ciblage dont font l'objet les prisonnier-e-s anars en ce moment. Si APLAN va inclure tous les nouveaux venants (et elle a les moyens pour les soutenir tou-te-s de façon efficace), peut-être devriez-vous changer le nom. Pour ce qu'elle est d'important, ma propre suggestion est qu'APLAN est un réseau de prisonnier-e-s anarchistes affiché-e-s (il ne s'agit pas de n'importe quel clown avec un tatouage "A" cerclé) s'employant à répandre des idées anarchistes et offrant un soutien politique pour la lutte de tou-te-s les prisonnier-e-s. Nous devrions travailler avec d'autres organisations de soutien aux prisonnier-e-s, avec d'autres prisonnier-e-s, mais garder APLAN anarchiste. Il y a un truc génial que nous pouvons réussir ensemble, mais je crois que si APLAN devient trop diverse en termes de membres, nous y perdrons plus que nous y gagnerons, et pas seulement en terme de notre force collective et de notre cohésion. En tant que prisonnier-e-s anarchistes, je me doute que chacun-e d'entre nous est working class et tel est l'état du mouvement en ces jours qui nous rend si inhabituels. Je pense aussi que la plupart d'entre nous trouvent qu'il y a quelque chose d'injuste avec le mouvement, et en particulier sa relation avec la lutte anti-prison. Mais nous ne devrions pas nous demander ce que le mouvement peut faire pour nous (en particulier les camarades qui n'étaient pas jusqu'alors dans ce mouvement), mais plutôt ce que nous pouvons faire pour le mouvement. Oublier nos soucis les plus immédiats et oppressants pour un moment, ensemble nous avons le potentiel de former un bon groupe de réflexion pour introduire des idées dans le mouvement (quelque chose qui a été une longue et fière tradition parmi les activistes emprisonné-e-s). Plutôt que d'être mis en valeur par un large rang d'opinion politique (non-anarchiste) , je crois que la qualité du débat en souffrirait comme résultat. Je pense également que l'organisation souffrirait en général. Être prisonnier-e-s anarchistes donne un niveau d'intégrité et de cohérence qu'un groupe politiquement disparate (et peut-être confus) n'aurait pas pour s'adresser au mouvement dans son sens large. Ce ne sont là que quelques idées et alors qu'il y a d'autres questions que j'aimerais soulever, je crois que j'ai déjà occupé assez de place donc je m'en arrêterais là pour l'instant. Toujours en lutte. Mark Barnsley Pour plus d'infos ou pour découvrir l'APLAN, écrivez-leur à : APLAN, 818 S.W. 3rd Ave. - PMB #354, Portland, OR 97204, USA. - les morts et les tortures se poursuivent dans les prisons de l'État espagnol - - information de la coordination de solidarité avec les prisonniers - Au 1er semestre 2000 on a enregistré 7 morts et 29 cas de tortures dans les prisons de l'État Espagnol, selon la Coordination de Solidarité avec les Prisonniers. Aux 24 morts et 63 plaintes pour torture comptabilisées dans les 9 premiers mois de 99 se sont ajoutés 7 morts et 16 cas de torture dans le dernier trimestre. Les prisons de la communauté de Madrid ont gagné la palme des dénonciations pour mauvais traitement. Elles ont été au nombre de 21 connues en 1999 et 8 dans les 3 premiers mois de cette année. Elles sont suivies par celles de Castille-Léon et d'Andalousie. Les prisons qui accumulent la majorité des plaintes sont celles de Duena, Soto del Réal à Madrid et Teixéro à la Coruna. L'information de la Coordination de Solidarité avec les Prisonniers précise que les cas sont beaucoup plus nombreux que ceux qui sont officiellement recensés, car tous les prisonniers n'ont pas les moyens de faire connaître leur cas. Ce rapport inclus aussi les récentes informations du conseil de l'Europe, et d'Amnistie International sur les tortures dans l'état espagnol. Le conseil de l'Europe, au travers du Comité de Prévention de la Torture, a réalisé un rapport, après ses visites dans les prisons espagnoles en 1997 et 1998. Ce rapport a été rendu public le 13 avril à Strasbourg et recueille des informations collectées par l'Association Contre la Torture. Le rapport européen dénonce la persistance de mauvais traitements dans les dépendances policières de l'État espagnol, de la part de la police nationale, la garde civile et la police autonome basque. Coups, agressions sexuelles pour les femmes et asphyxie à l'aide d'un sac en plastique sur la tête. Le comité a enquêté sur le cas du militant d'ETA Josu Arkautz Arana, maltraité par la garde civile durant sa détention en 1997. L'organisation européenne a enregistré sa plainte comme admissible alors qu'elle a été niée par la garde civile et rejetée par le juge Balthazar Garzon. Elle avertit aussi de la lenteur dans la transmission des plaintes des prisonniers pour mauvais traitements et sur le nombre élevé des juges de la Vigilance Pénitentiaire qui ne visitent pas les prisonniers quand ceux ci les sollicitent. En 1999 le Conseil Général du pouvoir judiciaire a reçu 53 plaintes de prisonniers qui ont toutes été classées. D'un autre côté, Amnistie International a rendu public son rapport annuel sur la situation des droits de l'homme dans le Monde. En ce qui concerne l'État espagnol, il exprime son doute sur la volonté des autorités et des tribunaux d'en terminer avec les mauvais traitements des détenus et de sanctionner les fonctionnaires accusés de torture sur les détenus suspectés de terrorisme. Elle réclame la fin de la dispersion des prisonniers basques et l'annulation de la loi antiterroriste qui permet la détention d'une personne pendant 5 jours sans communication. - Josepa Ernaga a dépassé les 2200 jours d'isolement à la prison de Puerto II - Le régime d'isolement auquel est soumis le collectif de prisonniers politiques basques rencontre son expression la plus extrême en plusieurs occasions dans la situation des femmes. Bien qu'elles ne représentent qu'un peu plus de 9% de ce collectif, son degré de dispersion et d'isolement est supérieur à celui des hommes. Josepa Ernaga, emprisonnée depuis septembre 1987, est un des cas les plus exemplaires de cette situation. La prisonnière politique navarraise Josepa Ernaga Esnoz, née il y a 50 ans à Mezkiritz, et qui en septembre bouclera sa treizième année de détention, fut une des premières femmes du collectif des prisonnières et des prisonniers basques à souffrir de la dispersion. À peine 14 mois après son incarcération à la prison de Crabanchel elle a été transférée à Badajoz, puis de là-bas, 2 ans après, à Murcia. Les derniers 16 mois elle les a passés confinée en régime d'isolement dans le centre pénitentiaire de Puerto II, dont la direction s'abrite derrière la classification de premier degré pénitentiaire de la prisonnière pour appliquer des conditions de vie qui seules peuvent être imposées dans le cadre d'une sanction et pour une période continue qui ne peut pas dépasser 42 jours. L'acharnement des successifs gouvernements espagnols contre cette femme a culminé avec le refus en février 88 d'un transfert à Irunéa pour assister aux funérailles de son père, qui n'a jamais pu lui rendre visite en prison, et avec le refus à plusieurs reprises durant l'année 1999 de son transfert afin de pouvoir être visitée par sa mère qui, pour des problèmes de santé, n'a pas pu voir sa fille depuis 11 ans. Mais ces situations quoique très graves, ne sont que la pointe de l'iceberg, des conditions auxquelles est soumise cette prisonnière basque depuis 94, et dont souffrent aussi ses camarades. Le département d'isolement du module des femmes de Puerto II, est composé de 5 cellules et d'une minuscule cour de 3 mètres sur 5. Les cellules sont des fours en été et humides en Hiver. Ce département est utilisé en plus comme infirmerie pour les femmes, car les installations sanitaires de la prison sont utilisées seulement par les détenus hommes comme pratiquement la totalité des centres pénitenciers mixtes. De ce fait, Josepa Ernaga doit partager des installations avec d'autres prisonnières atteintes de maladies infectieuses et de déséquilibres psychologiques. À la longue elle a obtenu de petites améliorations de ses conditions de vie, mais en contrepartie on lui a restreint d'autres droits, du fait de sa permanence à l'isolement et de sa constante lutte. Josepa a passé 10 ans sans pouvoir avoir droit à des parloirs exceptionnels. Et aujourd'hui alors qu'un jugement lui reconnaît le droit à ces parloirs le samedi, le directeur de la prison lui impose le vendredi. Les parloirs ont toujours cumulé beaucoup de difficultés, depuis l'interdiction d'entrer des visiteurs autorisés, jusqu'à la réduction du temps à 10 minutes, en passant par l'obligation d'utiliser un parloir inutilisable. L'impossibilité de sa mère à se déplacer pour les visites, l'a obligée à renoncer aux 2 visites par semaine pour lui permettre de pouvoir téléphoner durant 5 minutes. Son maintien en isolement la laisse ainsi sans défense à la merci des geôliers. Ainsi durant les dernières années, elle a été victime de décisions arbitraires telles que rester sans chaise dans sa cellule, on lui a retenu son pécule, on lui a refusé l'achat de cartes téléphoniques, elle est restée un certain temps sans correspondance parce qu'il n'y avait aucun fonctionnaire chargé de ce travail. Les dures conditions de Josepa Ernaga ne sont pas un cas isolé. Le nombre moindre des femmes par rapport aux hommes dans le collectif des prisonnier-e-s basques a permis à l'institution pénitentiaire de développer au maximum leur dispersion, leur éloignement individuel, et leur maintien au premier degré durant plusieurs années. Les exemples de ces conditions extrêmes sont les quatre années sans visites et en isolement qu'a connue Mertxe Galdos à Malaga, les 6 années de détention seule de Inma Pacho à Alacant, les pérégrinations des enfants en bas âge de Eukene Gracias à la suite de leur mère, l'éloignement extrême de Noble Idoia Lopez Riano (probablement la prisonnière basque qui a connue le plus de prisons françaises), Koro Egibar qui a séjourné 10 ans à Alméria, Julia Moréno la dernière prisonnière basque incarcérée en France et soumise à d'extrême conditions d'isolement. Actuellement les 46 prisonnières basques sont réparties dans 19 prisons. 32 sont incarcérées en Espagne et 14 en France. Seules 4 sont détenues au Pays-Basque Sud. - solidarité avec les prisonniers en Grèce : ça barde toujours ! - Nous reprenons comme nous le faisons régulièrement des extraits de A-News, disponible en version zine ou plus rapidement via internet. Il s'agit d'une chronologie sur les événements sociaux en Grèce, et nous reprenons ici les infos qui touchent à la solidarité avec les prisonniers, la répression contre les sans-papiers etc. pour le mois de décembre 2000 : 3 - des anarchistes occupent une station de radio dans la banlieue d'Athènes et lisent pendant 20 minutes des textes de solidarité avec S. Seisidis (anarchiste emprisonné depuis le 1er août 2000 pour un braquage de banque, sans preuves, voir bulletin ABC #20) 9 - intervention publique avec haut parleur à Thessaloniki (2e ville de Grèce) en solidarité avec Mitropetros, Seisidis, Maziotis (détenus anarchistes), Lesperoglou, et les PP turcs en grève de la faim. 13 - des anarchistes de Thessaloniki occupent les studios de Radio Observer et y lisent des textes qui expriment leur solidarité avec les détenus et groupes de détenus cités précédemment. 14 - arrestation de 25 immigrés clandestins à Patras - manifestation de soutien aux grévistes de la faim dans les prisons turques. Beaucoup d'anarchos sont présents. Affrontement avec la poulaille lorsqu'une bagnole de police essaye de passer de force à travers les manifestant-e-s, près de l'ambassade turque. 2 personnes sont arrêtées. A la fin de la manifestation, les flics attaquent et arrêtent 4 turcs qui étaient en grève de la faim dans le centre d'Athènes. 15 - arrestation de 28 immigrés clandestins à Aegan; - La cour d'appel relaxe l'anarchiste K. Mitropetros, inculpé pour les événements du 18/6/1998 (manifestation-émeute). 17 - 150 prisonniers de la prison de Koridallos se révoltent. Certains s'étaient cousu la bouche en signe de protestation contre leur déportation imminente. 19 - arrestation de 5 immigrés clandestins à Samos. - Manifestations à Athènes et à Thessaloniki contre l'opération "retour à la vie" du gouvernement turc contre le mouvement des prisonnier-e-s politiques en grève de la faim. - attaque à coup de pavés et molotovs contre une agence bancaire à Athènes. Un communiqué auprès d'un journal précise "un groupe d'anarchistes revendique l'attaque contre la banque de la rue Akadimias en solidarité avec la lutte des prisonnier-e-s turcs dans les cellules blanches". 20 - 7 immigrés clandestins sont arrêtés à Kastoria. 21 - les bureaux de TVX Gold sont incendiés à Thessaloniki (le procès en appel de Nikos Maziotis s'approche (voir "brèves). TVX Gold est la multinationale canadienne impliquée dans l'exploitation des mines de Strymonikos, contre laquelle la population s'est soulevée. Nikos est en prison suite à une action de solidarité avec la lutte des habitant-e-s. - intervention avec haut-parleur et pancartes à l'Ecole Polytechnique d'Athènes, en solidarité avec Seisidis, Lesperoglou, Maziotis et les prisonniers turcs. - une voiture américaine est incendiée à Glifada (banlieue d'Athènes). Le groupe "Étoile Noire" revendique l'action "en solidarité avec les grévistes de la faim turcs". 22 - manifestation de solidarité avec la révolte des prisonniers en Turquie. A ce moment, au moins 20 prisonnier-e-s ont été assassiné-e-s, des centaines blessé-e-s, et le transfert vers les cellules de type F a déjà commencé. 25 - Nikos Maziotis, A. Lesperoglou et Kostas Kalaremas entament une grève de la faim symbolique de 5 jours en solidarité avec les prisonnier-e-s tur-c/que-s et kurdes en lutte dans les prisons de l'État turc. Ils réagissent ainsi également à la conduite d'un plan similaire de placement dans des cellules d'isolement en Grèce. "Parce que ceux qui restent silencieux sont complices et nous aurions hontes de rester immobiles devant le carnage qui a eu lieu dans les prisons turques. Parce que la répression globalisée de la Nouvelle Classe montre ses dents et la barbarie scientifiquement étudiée des cellules de type F importées d'Allemagne et des USA (...) marche main dans la main avec la bestialité des militaires turcs. Ces plans sont également en cours de réalisation en Grèce avec l'opération "Cellule Spéciale de Rétention Type A" à Maladrino (...). Nous refusons d'accepter cela sans rien dire, et, en temps que prisonniers, notre seule possibilité est de commencer une grève de la faim symbolique de 5 jours, pour partager la lutte avec nos camarades turcs et kurdes". 27 - 17 immigrés clandestins sont arrêtés à Agio Nikolao et à Patras. 29 - arrestation de 93 immigrés clandestins à Thessaloniki. - arrestation d'un militant anarchiste en Yougoslavie - Le 23 janvier dernier, en soirée, Srdjan Knezevic, plus connu sous le nom de Sicko, a été arrêté à l'aéroport de Belgrade. C'est un des militants anarcosyndicalistes et antimilitaristes les plus actif en Yougoslavie. Il est par ailleurs membre de la coalition "Femmes en Noir" de Belgrade. Pendant la guerre au Kosovo, il a quitté son unité, et il a probablement été arrêté pour désertion. il avait également participé récemment à une émission de télévision lors de laquelle il s'est longuement exprimé à propos de l'antimilitarisme. Le 22/01, le journal contrôlé par l'État "Politika" avait publié un long article dans lequel il crachait son venin contre les antimilitaristes, et en particulier contre les "Femmes en Noir". L'armée craint de perdre son influence sur la gestion des affaires du pays avec le changement de régime. Sicko a été relâché après 24H de garde à vue, et après avoir été déféré devant la cour de justice de Nis. Le juge a indiqué qu'il s'agissait d'une mesure de contrôle, en relation avec le refus de Sicko de retourner dans son unité militaire pendant la guerre au Kosovo. Il est accusé selon l'article 217 du code pénal yougoslave de "abandon de poste et désertion de l'armée de Yougoslavie". Actuellement, il était particulièrement impliqué dans la campagne pour l'adoption d'une loi sur l'Objection de Conscience et le raccourcissement du service militaire. Il a participé à de nombreuses conférences dans plusieurs villes et a réussi à rassembler les 30000 signatures nécessaires pour présenter une initiative au parlement. Il constitue une menace légale pour le système militaire yougoslave. Suite à cette arrestation, Sicko a été interdit de se rendre en Suisse où il devait présenter son projet à l'invitation d'antimilitaristes suisses. Si vous voulez plus d'infos, recevoir du matériel de soutien, savoir comment soutenir, contactez : CNT AIT, BP 186, 89003 Auxerre Cedex; Tel/fax 05 61 52 86 48. E-mail : cnt.ait@wanadoo.fr - FTP : procès les 6 et 7 février au Palais de Justice de Marseille - A l'heure où nous tapons ces lignes, le procès n'a pas encore débuté, compte-rendu le mois prochain. Une manifestation de soutien s'est tenue le 3 février à Marseille, le rendez-vous était fixé à 15H Porte d'Aix. Environ 500/600 personnes (13 selon la police) se sont rassemblées et ont marché, crié des slogans et décoré quelques murs le long du parcours qui a pris fin devant le palais de justice. Rappelons qu'une même manifestation de soutien avait eu lieu le 16 décembre, soit le week-end précédant le passage en procès de Yves Peirat et William Ferrari, qui fut reporté suite à la grève des avocats. A nouveau un bus a été organisé par le Comité de Soutien à Paris, permettant cette fois-ci à environ 80 personnes d'aller se faire bronzer sur la Côte d'Azur. A propos du soutien à Yves Peirat... Soutenir Yves Peirat signifie de notre point de vue le soutenir par solidarité, parce qu'il est un prisonnier et que sa place n'est pas derrière des barreaux, mais aussi le soutenir politiquement, c'est à dire mettre en avant la lutte qu'il a mené et qui l'a conduit au cachot. Il revendique sa pleine responsabilité et n'a pas exprimé de remords. Les actions des FTP étaient symboliques et militantes : il est évident qu'ils n'allaient pas éradiquer le Front National, mais attirer l'attention par des actions offensives et bruyantes. Nous pensons qu'ils ont eu raison de le faire et nous ne leur cherchons pas d'excuses comme une partie des pseudo-sympathisant-e-s opportunistes que l'on entend déclarer : "puisque le FN s'est divisé, ses actions n'ont plus raison d'être maintenant", "le FN est effectivement une menace mais de là à utiliser des moyens non-démocratiques..." ou encore "les actions des FTP n'étaient qu'une réponse au meurtre du jeune Ibrahim Ali". Aujourd'hui comme hier, la résistance contre le fascisme, la résistance à la pénétration des idées xénophobes dans l'ensemble de la classe politique française n'a pas besoin d'être justifiée par la langue de bois des "démocrates", et il est à notre avis inutile que des libertaires ou antifascistes radicaux les laissent s'exprimer dans leurs revues, car en plus de puer la récupération, ces "personnalités propres sur elles" nient la nécessité de la lutte menée par les FTP, et de ce fait jettent aux oubliettes la partie primordiale du soutien aux prisonniers politiques. Si les FTP avait attaqué des bureaux du FN ou MNR aujourd'hui, ne mériteraient-ils pas notre solidarité ? La forme des actions des FTP peut heurter la conscience des intellectuels de gauche ou des démocrates frileux, ce n'est par contre pas notre cas, non parce qu'un certain contexte aurait justifié une lutte anti-FN sur Marseille entre 1991 et 1998, mais parce qu'indépendamment d'où et quand il se manifeste, le fascisme n'est qu'une vermine à éliminer... Tou-te-s solidaires avec les militants des FTP et leur lutte ! - liberté pour Ray Gilbert !! - Ray Gilbert est l'une des deux personnes qui ont été victimes d'une machination judiciaire et policière suite à ce qu'on appelle désormais "le meurtre du salon de Paris de Liverpool". L'affaire remonte à 1981. Le salon avait fait l'objet d'un braquage à main armée lors duquel le gérant avait été incapable de révéler le code du coffre à ses ravisseurs, ce qui lui avait valu d'être poignardé fatalement. 3 enquêtes furent menées pour découvrir l'identité des meurtriers et le 16 décembre 1981, Ray fut condamné à la prison à vie par la cour royale de Liverpool tandis que les 2 autres inculpés prirent 6 ans pour le braquage, ce qui induisait à Ray la responsabilité totale pour le meurtre. Cependant notre ami n'a cessé de clamer son innocence dans cette affaire depuis le tout début et se bat pour la faire reconnaître. Il y a en effet de sérieux doutes concernant sa responsabilité : le fait qu'il n'est pas été identifié par les témoins, la destruction par la police anglaise des documents portant sur la détention provisoire, le refus de la part du procureur de permettre à Ray l'accès à 205 déclarations pour les différentes audiences jusqu'à aujourd'hui ou encore le délai de 7 ans qu'il a fallu au ministère de l'intérieur anglais pour s'inquiéter des révélations du détenu Thomas Pickett, alors témoin d'accusation dans le procès de 1981, selon lesquelles sa déclaration aurait été fabriquée de toute pièce par la police. Ray se bat depuis plus de 18 ans pour que la justice lui donne l'opportunité d'accéder et d'exposer tous les éléments qui puissent lui permettre de démontrer son innocence. Il ne se trouve cependant que face à davantage d'obstacles et d'après Ray, la police et la justice cherchent à protéger leurs informateurs et collaborateurs. En effet des dossiers élaborés par ses soins auraient été "perdus" par le tribunal, tout comme les documents portant sur sa défense, ce qui a rendu la tâche difficile pour notre ami. Le comité de réexamination des affaires criminelles a jusqu'à présent refusé de relancer la sienne en appel "sans explication publique" alors que 2 des 3 accusés ont été libérés en appel. Pour conclure, un homme confessa son implication dans le meurtre il y a 6 ans de ça à la police mais ne confirmant pas ses dires, ces déclarations furent immédiatement rejetées par le ministère qui ne chercha pas à en savoir plus ni à émettre des doutes quant à la responsabilité de Ray dans l'affaire. Ses tentatives pour chercher du soutien auprès des médias ou des assemblées parlementaires ont été vaines et seuls les groupes ABC anglais lui en ont apporté. Cependant la fédération ABC n'existant plus en Angleterre, Ray s'est tourné vers nous pour l'aider à faire connaître son cas et reconnaître son innocence. Il se considère désormais comme un prisonnier politique étant donné la conspiration dont il est victime. Il refuse de prendre part à la procédure pour la liberté conditionnelle car son innocence est pour lui plus importante à faire reconnaître, ce qui lui a valu les longues années d'enfermement qu'il continue de voir défiler alors qu'il pourrait être libre en ayant accepté ce que la justice veut qu'il soit : un meurtrier et un soumis. En attendant, vous pouvez toujours envoyer des messages de protestations au chef de la justice anglaise en lui rappelant qu'entre son cas et celui de Mark Barnsley, elle a du mal a reconnaître ses erreurs. -Paul Boateng : Minister of State, Homme Office, Queen Anne's gate, London, SW1H 9AT, UK. Pour plus d'infos sur le cas de Ray, contacter sa campagne de soutien à Mr G. Summers of Mgrath and CO, 52/54 Maddox street, London, W1R 9PA, UK ou allez à www.bgriffiths7.freeserve.co.uk/ray.html. Ray cherche également des correspondant-e-s anglophones alors n'hésitez pas à lui écrire : Ray Gilbert, H10111, HMP Woodhill, CSC "A" Unit, Tattenhoe street, Milton Keynes MK4 4DA, Angleterre.` - brèves - - USA : comme on s'y attendait, Clinton n'a pas considéré la demande de grâce présidentielle déposée par les avocats de Leonard Peltier. On peut dire que le dernier petit espoir pour Leonard Peltier de revoir la liberté a disparu, car Bush est au moins aussi raciste que son père et son règne verra à coup sûr la proportion, le nombre et la mort légale de prisonnier-e-s indiens/noirs/latinos augmenter. Vous pouvez écrire à Leonard : Leonard Peltier, 89637-132 USPL, PO Box 1000, Leavenworth, KS 66048, USA. - PROCÈS RATP : le procès de Seb et Jeak (voir bulletin précédent) s'est donc tenu le mercredi 24 janvier. Le verdict sera rendu le 27 février. L'avocat de la RATP a demandé 1500 f de dommage et intérêt pour Nadège Ratton (à payer par Seb), 1500 f pour Jean-christophe Choquet (à payer par Jeak) et 3000f pour la RATP. Rappel : en prenant le dernier métro (sans composter son billet) pour rentrer chez lui en banlieue, Jeak avait été violemment pris à part par les contrôleur/ses CSA, une nouvelle brigade qui ne se sent plus péter. Les contrôleurs ont obligé Jeak a sortir du métro pour lui mettre une prune (l'obligeant à dormir dans la rue) alors que son sac est reparti avec la rame. Seb, choqué par cette scène de racisme ordinaire, est intervenu au côté de Jeak, s'en est suivi une échauffourée et une nuit de garde à vue pour les deux "malfaiteurs". Les blessures des CSA ont été purement inventées. La CSA N. Ratton s'est discréditée dans sa déposition en racontant qu'avant l'intervention de Seb, un autre passager avait tenté de s'interposer et qu'elle l'avait repoussé en le menaçant avec une bombe lacrymo ! - MANIFESTATION NICE : le 1er février a eu lieu le procès de militants de la FA, de la CNT originaires de Lyon, St-Étienne, Nice et Toulon, inculpés pour entrave à la circulation suite aux manifestations anticapitalistes de Nice les 7/8 décembre 2000 à l'occasion du sommet européen. Aux dernières nouvelles, l'un a été relaxé, tous les autres ont été condamnés à des amendes allant de 3000 à 5000 F, sauf ceux de St-Étienne pour qui le procès se tiendra plus tard. Ces informations sont à confirmer. Les inculpés ont lancé un appel à souscription pour pouvoir payer les frais d'avocat (ils ont le même avocat sur Nice) et en vue de pouvoir payer l'amende à laquelle ils ont été condamnés. Vous pouvez envoyer vos dons au compte spécial : Chat Noir Turbulent (CNT), numéro de CCP 8897 05 U Lyon - ou par chèque à : CNT, salle 15 bis, Bourse du Travail, 42 028 Saint-Etienne cedex1. - VALLÉE D'ASPES : le tribunal de Pau, où siègent un paquet d'ordures particulièrement intéressées par la réalisation rapide de l'Axe E7 (pour plus d'infos sur la lutte en Vallée d'Aspes, contactez la Goutte d'Eau), vient de condamner Eric Pététin à 6 mois de prison ferme, ainsi que Stéphane Huan (encore lui !!!) à un mois de prison avec sursis. Il répondait à un certain nombre d'accusations toutes plus tordues les unes que les autres. C'est au moins la troisième fois qu'il se retrouve en prison pour avoir lutté pacifiquement contre les travaux qui dévasteront la Vallée d'Aspes, dans les Pyrénées. On donne l'adresse d'Éric dès qu'on l'a. En tout cas, à la lutte écolo-tranquillo en Vallée d'Aspes ont toujours répondu les matraques, les perquisitions, la violence du personnel des chantiers de construction, les convocations devant les tribunaux, la prison... - MANIFESTATION DAVOS : la réunion des 1000 autoproclamés "global leaders" s'est tenu fin janvier dans la station de ski suisse de Davos, véritable forteresse défendue militairement que les manifestant-e-s ne sont pas parvenu-e-s à assiéger. Derrière des rangées de barbelés et de soldats, les patrons et économistes ont pu donc tenir leur congrès. Les manifestant-e-s se sont repliés sur Zürich, où le centre-ville leur a été interdit d'accès à coup de balles en caoutchouc. Environ un millier de personne se sont affrontés avec la police et ont détruit des symboles de l'économie globalisée, le samedi 27 janvier. 121 personnes ont été arrêtées, 35 étaient toujours en garde-à-vue le lendemain. Quelques jours plus tard (3 ou 4, la flicaille suisse peut garder des personnes en garde à vue sans rendre le moindre compte pendant 96 heures), tout le monde était dehors, avec tout de même une interdiction de territoire de 2 ans pour les étrangers. - LUTTE DE LAUDELINO EN ESPAGNE : Laudelino Iglesias, prisonnier longue peine espagnol en lutte, a été à nouveau l'objet de mesures arbitraires de la part de l'Administration Pénitentiaire. Nous en avions parlé dans le bulletin de décembre lorsque celui-ci s'est mis en grève de la faim après 20 ans de réclusion pour obtenir sa conditionnelle. Il a été soutenu par de nombreux collectifs à l'extérieur et en réponse, l'AP a redoublé la censure de son courrier, pour le couper de ses sympathisant-e-s. Dernièrement, les membres de la Plate-Forme Amaitu, qui luttent pour sa libération, se sont vus refuser une visite. Le transfert demandé par Laudelino vers la prison de Langraitz, afin d'être plus proche de sa famille, lui a également été refusé. Pourtant, il a quand même été transféré le 10 janvier mais vers le centre pénitentiaire de Villanubla, où il avait déjà séjourné auparavant. Le transfert s'est déroulé "normalement" (en Espagne, le transfert est souvent accompagné d'humiliation et tabassage et c'est ce que Laudelino redoutait). Il souffre toujours de maux de tête suite à sa grève de la faim d'un mois et demi, interrompue le 27 décembre dernier pour raison de santé. Vous pouvez lui écrire, de préférence en espagnol : Laudelino Iglesias, C.P.. Modulo 7, Carretera Adanero-Gijon, km 94, 47620 Villanubla, Espagne. - TURQUIE : les anarchistes du "groupe du 5 Mai" se sont organisés pour soutenir la lutte des prisonnier-e-s révolutionnaires contre le placement en cellule d'isolement. Le groupe dénonce l'assassinat il y quelques mois d'un prisonnier anarchiste par des prisonniers du DEV-SOL (Gauche Révolutionnaire, dont nous n'avons pas vu le nom apparaître lors de la lutte de ces derniers mois), ainsi que de deux autres militants libertaires à l'extérieur des prisons. Actuellement, le Groupe du 5 Mai attire l'attention sur le sort d'un compagnon anarchiste emprisonné en Turquie atteint d'une maladie des reins. Vous pouvez les aider financièrement en écrivant à 5th of May Group, PO Box 2474, London N8, Angleterre. E-mail : cemilebahar@hotmail.com - GRÈCE : Nikos Maziotis, l'anarchiste condamné en 1999 à 15 ans de prison pour avoir posé une bombe contre le ministère de l'industrie et de développement, est passé en appel au cours du mois de janvier. Nous attendons toujours des informations "officielles" de la part des groupes de soutien en Grèce quant au déroulement du procès et de la possible réduction de sa sentence. De ce que l'on sait : Nikos a lancé son micro à la gueule du juge lors du premier jour de son procès en appel et a refusé de collaborer avec les tribunaux d'une quelconque façon. Il a été amené de force à partir du deuxième jour et menotté dans le dos pour éviter un recommencement du scénario de la veille. Le 13 janvier, à Athènes, un commissariat a été attaqué vraisemblablement en solidarité avec Nikos. Au moins 4 bagnoles ont brûlé et certains cocktails magiques sont rentrés dans le commissariat... la veille, c'était les locaux d'un parti fasciste qui étaient parti en fumée. - ITALIE : Silvano Pelissero est passé en appel le 18 janvier, nous n'avons encore pas le verdict et ne savons pas comment s'est déroulé ce procès... Rappelons qu'il avait été condamné il y a un an à 7 ans de prisons sans preuves pour des attaques contre les intérêts du TGV Lyon-Turin. Pendant ce temps, dans un silence assourdissant du côté des libertaires français, le projet d'une ligne de train à grande vitesse à travers les Alpes a été définitivement adopté lors du sommet franco-italien. Deux lignes partiront, l'une depuis Lyon et l'autre depuis Dijon pour se rejoindre du côté de Chambéry/Modane et se diriger sur Turin. - LILLE : Olivier, qui passait en procès le 20 décembre pour avoir manqué verbalement de respect à une crevure d'huissier lors de l'expulsion d'un squat, a été condamné à 1 franc de dommage et intérêt et à une amende avec sursis... Quand au squatter lillois pris en flagrant délit de tag sur le murs du bureau d'un huissier, lors du passage de la caravane anticapitaliste, il sera jugé courant février. - P.P. ESPAGNOL-E-S EN FRANCE : des 7 militant-e- s du PCE(r)/GRAPO récemment arrêté-e-s en France, seul-e-s 2 d'entre eux/elles se revendiquent des Groupes de Résistance Antifasciste du Premier Octobre et l'État espagnol a fait une demande d'extradition à leur encontre. Nous ne savons pas ce qu'il en est des 5 autres. Cette organisation pratique depuis une trentaine d'année la lutte clandestine. Le PCE(r) est un parti clandestin qui soutien la lutte des GRAPO. On peut donc faire partie du PCE(r) sans être impliqué dans l'activisme... mais la justice espagnole crée un amalgame visant à imputer aux militant-e-s des deux organisations les actions illégales des GRAPO. Inutile de dire que la livraison auprès de la Garde Civile signifie interrogatoire et torture... que certains d'entre eux/elles ont déjà connu. Nous redonnons l'adresse des 7 détenu-e-s et celle de CELIA, qui coordonne le soutien financier (environ 30000 FF seront nécessaire pour leur défense). Les femmes ainsi que Fernando Silva Sandé comprennent le français : - Maria Victoria Gomez Mendez, # 893391C, MAF de Fresnes, 1 allée des Thuyas, 94261 Fresnes Cedex - Manuel Perez Martinez # 893329 1er D, MA de Fresnes, 1 Allée des Thuyas, 94261 Fresnes Cedex - Maria Rosario Llobregat Moreno #35348, MAF de Fleury, Allée des Peupliers, 91505 Sainte Geneviève des Bois Cedex - Isabel Llaquet Baldellou # 35347, MAF de Fleury, Allée des Peupliers, 91505 Sainte Geneviève des Bois Cedex - Fernando Silva Sande #274269 U, MA Santé, 42 rue de la Santé, 75014 Paris - José Antonio Pena Quesada # 297707, MA Fleury, Allée des Peupliers, 91505 Sainte Geneviève des Bois Cedex - José Luis Elipe Lopez # 297698, MA Fleury, Allée des Peupliers, 91505 Sainte Geneviève des Bois Cedex - Soutien : CSA c/o CELIA, BP 6, 75462 Paris cedex 10 (chèque à l'ordre de Celia) - DÉTENUES SANCTIONNÉES POUR PARTAGER LE MÊME LIT : le 3 mai 2000, une détenue du centre de rétention de Rennes a été sanctionnée de huit jours de cellule de confinement pour avoir été trouvée à 8h20 avec sa codétenue "nues toutes les deux" dans le lit. Cet acte, pour avoir imposé "à la vue d'autrui des actes obscènes ou susceptibles d'offenser la pudeur" constitue une infraction sanctionnable au motif suivant : "situation qui ne peut être admise par le personnel". La détenue qui comparaissait devant le prétoire le jour même a affirmé qu'elle était effectivement dans le même lit, mais habillée de son pyjama. Elle ne comprend pas eu quoi ce comportement relève d'un acte "obscène", nous non plus, mais en revanche, force est de constater que ce sont des formules ambiguës, qui ne veulent franchement rien dire, qui régissent la vie des détenu-e-s des prisons françaises et leur impose le mitard ou la sanction, au gré de la lesbophobie ou de l'humeur des surveillantes. - CENSURE : Le bulletin ABC fait l'objet de nouvelles représailles. Après avoir été saisi ou renvoyé de nombreuses fois dans le cas des prisonniers bretons pour des raisons pas plus explicites que cohérentes, après avoir été interdit de livraison à la centrale de Lannemezan il y a de ça quelques semaines seulement suite à la résistance développée par un certain nombre de détenu-e-s longues peine, un nombre croissant de nos camarades otages se voient censurer le bulletin ABC sur le bon vouloir des autorités de chaque établissement. Dernièrement il a été saisi dans une lettre adressée à un camarade de la M.A. de Arles avec pour explication "Tract, contenu ne concernant pas spécifiquement et exclusivement le destinataire". Évidemment cette explication n'est pas valable au regard de la loi dans la mesure où cette censure n'a pas fait l'objet d'un interdit ministériel (voir les articles D. 414 et D. 415 du code de procédure pénale). N'empêche que pour l'instant un certain nombre de prisonnier-e-s en lutte sont interdit-e-s de courrier ABC et se retrouvent donc sans connaissance de certains événements à l'extérieur qui peuvent avoir des liens avec la lutte qu'ils mènent depuis leur cellule. Nous en appelons donc à tou-te-s ceux et celles qui trouvent un intérêt quelconque dans ce bulletin de se montrer solidaires des camarades censuré-e-s. L'isolement carcéral c'est déjà trop, à nous d'éviter qu'il ne s'étende à d'autres secteurs. Vous pouvez à ce titre envoyer des lettres de protestations ou faire remplir des pétitions à renvoyer à la ministre de la justice : Mme Lebranchu, 13 Place Vendôme, 75 001 Paris. - USA : le prisonnier anarchiste Robert J. Duffey a pris contact avec l'ABC-Innsbrück pour faire part de son envie de correspondre avec un maximum de personnes. Il aimerait établir des correspondances et recevoir des informations qu'il fera circuler dans la prison. D'expérience, nous vous conseillons de lui décrire ce que vous voulez lui envoyer avant de le poster si il s'agit d'écrits révolutionnaires. Robert se bat pour les droits des prisonniers depuis plusieurs années. Robert J. Duffey, DS-9682, 1111 Altamont Blvd, Frackvolle PA 17931, USA. - PRISONNIERS POLITIQUES EN RUSSIE : dans le dernier bulletin, nous vous parlions des prisonniers politiques anarchistes russes Aleksander Biryukov et Olga Nevskaja, incarcéré-e-s à cause des actions de propagande armée du groupe Nouvelle Alternative Révolutionnaire, qui notamment avait attaqué (à l'explosif) des édifices du FSB (nouveau KGB) à Moscou. Nous devons rectifier une information fausse que nous avons publié en janvier : aucun policier n'a été tué dans des actions de la NRA (nous avions fait une erreur dans la traduction et "légèrement blessés" est devenu "tués". Sorry.) Nous en profitons pour redonner leurs adresses : Aleksandr Anatolyevch Biryukov, Ol. Novosloboskaja d. 45 IZ 48/2, 103055 Mosow, Russie et Olga Aleksandrovna Nevskaja, E-20 p/ya 201, 111120 Moscow, Russie. - GRENOBLE : le dénommé Sylvain Didry va passer en procès devant le Tribunal de Grande Instance pour refus d'obéissance (service militaire). Sylvain s'est rendu à la caserne de Gap en répondant à son appel début décembre avec l'intention d'expliquer que le servie était contraire à ses convictions et qu'il souhaitait faire un service civil. Le statut d'objecteur de conscience lui a été refusé car il n'a pas respecté le délai légal de 15 jours avant l'incorporation pour se déclarer objecteur. Il a donc refusé de porter l'uniforme, de se faire couper les cheveux, de manger ou de dormir, et l'armée le traîne devant les juges qui peuvent le condamner à un ou deux ans de taule ferme, pour refus d'obéissance. Un rassemblement aura lieu à 9H00 devant le tribunal. Pour ceux nés avant 1979, le service militaire reste obligatoire, et Sylvain est loin d'être la seule personne en France concernée ou poursuivie à cause de cette tare. Infos : grenoble@sansnous.org