BULLETIN ABC/CNA-Dijon #26 - avril 2001 - gratuit, dons appréciés soutien : chèque à l'ordre de Maloka "Si l'innocent-e mérite notre solidarité, le/la coupable la mérite encore plus" En France, en Espagne, en Turquie, aux USA, au Chili, des hommes et des femmes résistent dans la noirceur de leurs cachots. C'est une lutte peu connue, peu relayée à l'extérieur, confrontée sans cesse à des réticences de ceux/celles qui, à l'extérieur, pourraient les appuyer. Rien n'y fait, l'introduction des méthodes "éthiquement corrects" destinées à éradiquer la résistance des prisonnier-e-s n'a jamais su éteindre la flamme de la révolte. Révolte de ceux/celles qui, dedans, luttent contre leurs conditions de détention, contre les longues peines, pour tous et toutes ; révolte de ceux/celles qui, dehors, refusent de se poser en simple spectateur du monde qui a donné naissance à l'Institution Carcérale. La prison, l'HP, les diverses formes de réclusion sont là pour enfermer ceux/celles que la société a désigné comme "dangereux", pour isoler ceux/celles qui sont venu-e-s lui annoncer sa destruction prochaine, ou qui représentent son pourrissement. Chacun-e d'entre nous pourrait croiser le chemin de l'agression pénitentiaire au cours de sa vie. Dans ce bulletin, nous proposons de faire passer de l'information sur les procès, les détenu-e-s, les luttes en cours, de susciter un intérêt actif envers la solidarité avec les taulards, et de travailler avec d'autres personnes à sa réalisation et à sa diffusion. Le tirage du bulletin ayant augmenté, ainsi que le prix des photocopies, n'hésitez pas à le soutenir financièrement par exemple en envoyant des timbres en plus, cela permet de faire plus d'envois d'argent pour les détenu-e-s. D'autre part, il se peut fortement que nous ayons du retard prochainement dans le courrier et la parution du bulletin. @ Bientôt ! - bretagne : manifestation en faveur des prisonniers - Nous reprenons ici un communiqué de la CARB daté du 11/03/2001. La manifestation organisée par le collectif Dispac'h e pep lec'h, et soutenue par la CARB de Gwengamp, a rassemblé une petite centaine de personnes samedi 10 mars. Les manifestants, qui souhaitaient apporter leur soutien à la marche de l'EZLN, réclamaient, entre autre, la libération des prisonniers politiques zapatistes et bretons. Dès le début de la manifestation, les CRS étaient venus en nombre, ce que n'a pas manqué de remarquer la population, un peu surprise par leur présence disproportionnée dans cette ville de 8000 habitants (ils étaient plus nombreux que les manifestants !). Après le tribunal de grande instance, direction la sous-préfecture où quatre fourgons de CRS bloquaient l'entrée. Arrivé à la gendarmerie, le bâtiment fut décoré de bombages et d'œufs remplis de peinture. Les manifestants se sont ensuite rendus au McDonald's, qui venait d'ouvrir quelques jours auparavant. Dès les premiers jets d'œufs sur l'établissement, des grenades de gaz incapacitant furent tirés par les CRS, sous le regard ébahi des familles venues faire leurs courses au centre commercial. Plusieurs commerçants interpellés par le comportement des CRS, ouvrirent les portes de leur magasin afin que les enfants puissent se mettre à l'abri des gaz. A noter que même après la dispersion de la manifestation, les forces de police ont maintenu un véritable siège dans différents points du centre-ville, dont la permanence du maire Noël Le Graet, et suivi de près et armés de leur fusil à grenade lacrymogène, plusieurs groupes de manifestants jusqu'à leur voiture. Curieuse conception de la liberté de manifester dans cette ville gérée par la gauche plurielle. DÉCLARATION DE GAËL ROBLIN, P.P. BRETON Quand la justice coloniale de classe se prend les pieds dans le tapis... J'ai été arrêté et incarcéré en mai 2000. Je suis suspecté d'être un militant de l'Armée Révolutionnaire Bretonne. En près de onze mois de procédure, j'ai été entendu cinq fois par le juge d'instruction. Ses investigations ont permis de mettre en évidence que j'avais...tapé un texte ! D'après lui, je risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour ce très grave crime ! J'ai été arrêté sans arme et sans explosifs et mon emploi du temps est sans ambiguïté. Pour justifier son refus de me remettre en liberté, le juge des détentions et de la liberté évoque noir sur blanc mon engagement politique au sein du Mouvement de la Gauche Indépendantiste (Emgann) qui est un mouvement public. Voici ses propres mots qui contredisent clairement les affirmations/dénégations de l'actuelle Garde des Sceaux qui ose prétendre qu'il n'y a pas de prisonniers politiques bretons en captivité en France : "Attendu que Roblin nie appartenir à l'A.R.B. mais ne nie pas ses sympathies nationalistes et d'ailleurs appartenir au mouvement Emgann..." Non content de contredire la Ministre de la Justice, ce fonctionnaire, qui rend la justice au nom d'un peuple auquel je conteste appartenir, enfonce le clou en laissant entendre que le fait que je sois demandeur d'emploi ne me permet pas de présenter des garanties suffisantes de représentation ! En plus de reconnaître le fait que je sois encore en captivité loin de mon pays en raison de mes opinions, il justifie cette situation par mon appartenance de classe. Je suis persuadé que si j'étais impliqué dans un trafic d'armes international et si mes parents étaient membres du Parti Socialiste Français, je serais depuis longtemps dans mon pays en compagnie de ma compagne, de mon fils, de mes amis et de mes camarades... Vive la lutte de libération nationale et sociale du peuple breton ! A bas la justice de classe coloniale française ! Gaël ROBLIN, prisonnier politique breton, La Santé, Paris, France, le 20 mars 2001. Gaël Roblin, 273 196 A 222, 42 rue de la Santé, 75674 Paris Cedex 14 - communiqués de Ne Laissons Pas Faire ! - Nous reproduisons ici 3 communiqués du collectif NLPF à propos de l'absence de gestes concrets de la part de la Chancellerie suite aux engagements pris lors de la grève de la faim de Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, qui prévoyaient un traitement un peu moins barbare pour les détenu-e-s d'Action Directe. Nouvelles brimades à l'encontre de Nathalie Menigon Le 31/01/01 un certain nombre d'engagements de la Chancellerie conduisaient Joëlle Aubron et Jean-Marc Rouillan à cesser leur grève de la faim. Les quatre principales promesses concernaient : - le transfert de JM Rouillan au CD d'Arles ; - des soins appropriés pour Nathalie Menigon ; - examens psychiatriques et soins hors institution pénitentiaire pour Georges Cipriani; - et la fin des restrictions des parloirs. Près de deux mois après, seule la première de ces promesses a été suivie d'effets. Ainsi, aucun parloir n'a été débloqué pour Joëlle Aubron, et ni Nathalie ni Georges n'ont toujours reçu aucun soin. Bien pire, depuis quelques jours l'Administration Pénitentiaire est entrée dans une stratégie de brimades quotidiennes à l'encontre de Nathalie Menigon. Cela a commencé par les plateaux : arguant du fait que Nathalie est végétarienne, ce qui n'est pas courant en détention, l'Administration la nourrit exclusivement de frites midi et soir depuis une semaine. Cela peut sembler dérisoire mais tentez donc d'imaginer ce que ça représente de pression quotidienne ! De plus, sa couverture médicamenteuse a été interrompue sous le cynique prétexte d'examens "à venir"... Dans le même temps, la direction du CD de Bapaume a semble-t-il intercepté les lettres que Nathalie a adressé à un neurologue afin qu'il puisse venir l'examiner au CD. Enfin, Nathalie et Joëlle sont de nouveaux soumises arbitrairement au régime des punies en matière de communication téléphonique. Cette mesure totalement injustifiée semble être une mesure de "rétorsion" à la suite de l'interview téléphonique donnée par JM Rouillan à France Culture. Outre le fait que cette interview n'était en rien illégale, la réaction de l'AP fait penser aux pires des régimes autoritaires où sont punis collectivement prétendu coupable, famille et amis. Ce matin (24/03/01), Nathalie Ménigon avait pu accéder à un téléphone pour nous prévenir de ces nouvelles brimades. Le ton de sa voix était particulièrement angoissé, se sentant très étroitement surveillée. Après quelques phrases rapides relatant sa situation, la communication a été brutalement interrompue et n'a pas été rétablie. L'AP espère pouvoir recommencer brimades et vexations à l'abris d'une chape de silence. Le collectif NLPF organisera diverses manifestations dans les jours à venir pour ne pas laisser s'appliquer de nouveau le régime de la mort lente aux prisonniers d'Action directe. Collectif Ne Laissons Pas Faire Action du 28 mars Réveil matinal et en fanfare pour Lionel Jospin ce mercredi matin (28/03/01). Vers 6h45 un groupe de militants du collectif "Ne Laissons Pas Faire" s'est rendu devant le domicile parisien du Premier ministre dans une petite impasse du 6eme arrondissement. Cornes de brumes, feu d'artifice, pétards et sifflets ont retenti tandis que le quartier prenait une teinte orange sous l'effet de fumigènes placés par le collectif. Pendant 3/4 d'heure, dans la fumée et les détonations, les militants ont déployé une banderole "LIBERATION DES MILITANTS D'ACTION DIRECTE" et scandé des slogans tels que "Peine de mort en prison, ça suffit, libérez Ménigon et Cipriani" ou "Libération des prisonniers malades". Vers 7h45 la police nationale sortait brusquement de son apathie et repoussait sans ménagement les manifestants, puis les embarquaient pour un contrôle d'identité. Au passage les "forces de l'ordre" brutalisaient même un photographe de la presse qui tentait de faire son travail. Les militants furent tous relâchés vers 9h30. (note : la quinzaine de participant-e-s a été suite à l'action embarquée "en douceur", dûment contrôlée dans le parking du commissariat et retenue 2 heures sur ce même parking avant d'être relâchée.) Ne Laissons Pas Faire, Communiqué, Paris le 28 mars 2001 Mercredi 31 janvier, à l'occasion des grèves de la faim de Joëlle Aubron et de Jean-Marc Rouillan, la presse s'était faite l'écho d'engagements pris la Chancellerie envers les prisonnières et prisonniers d'Action Directe, conduisant ceux-ci à mettre un terme à leur mouvement : - Désignation d'un expert-psychiatre pour Georges Cipriani chargé d'évaluer son état de santé. Soins appropriés dans un établissement non-penitentiaire. - Suivi medical sérieux pour Nathalie Ménigon et soins adéquats. - Déblocage des parloirs. - Transfert de Jean-Marc Rouillan dans une centrale du sud de la France. Force est de constater que les points les plus importants soulevés par les grèves de la faim n'ont à ce jour pas été traités. Nathalie Ménigon ne reçoit pour tout soin actuellement qu'un surdosage de somnifères et d'anti-dépresseurs (la camisole chimique) qui en aucun cas ne sont appropriés au traitement des séquelles de l'accident vasculo-cérébral dont elle a été victime. Georges Cipriani croupi toujours dans sa cellule de la centrale d'Einshiseim sans soins et sans visites, si ce n'est un parloir exceptionnel accordé par la direction de la prison. Non seulement, les revendications des grévistes de la faim n'ont pas été satisfaites, mais les conditions de détention s'aggravent. De nouveau, ils subissent censure et répression. Ainsi, les autorisations de téléphoner font l'objet d'un contrôle plus strict qu'auparavant et restrictif par rapport aux autres détenus. La direction de Bapaume ne prend même plus la peine de répondre aux courriers que lui adresse Nathalie Ménigon. Comme Ponce Pilate, l'Administration Pénitentiaire se lave les mains des questions médicales en prétextant " l'indépendance du corps médical et la liberté qu'auraient les détenus de choisir leurs médecins ". La réalité est bien plus sordide, et les soins sont souvent dispensés par des cabinets privés attachés à la prison, qui n'ont pas de compétences en matière de médecine spécialisée comme c'est le cas pour la prison de Bapaume. Quant au suivi de son dossier par un médecin choisi par le détenu... Cela reste pure théorie ! Depuis plus de 14 ans, les militants d'Action Directe sont soumis à des traitements d'exception : Tribunaux d'exception, des années d'isolement qui les ont conduit à plusieurs longues grèves de la faim, maintien exceptionnellement long et illégal en maison d'arrêt pour les deux prisonnières. IL EST PLUS QUE TEMPS QUE TOUT CELA CESSE ! LE GOUVERNEMENT A TTEND IL UNE NOUVELLE GREYE DE LA FAIM OU UN MORT POUR PRENDRE ENFIN DES MESURES ? C'est le sens de notre démarche matinale visant à réveiller Mr Jospin, Chef du gouvernement et de la " gauche plurielle " LIBEREZ LES MILITANTES ET MILITANTS D'ACTION DIRECTE ! - solidarité avec les prisonniers en lutte dans l'Etat espagnol - - liberté pour Pepe Rei ! - Pepe Rei, éditeur du magazine basque Ardibeltza (voir bulletin #24), a été transporté d'urgence à l'hôpital suite à une crise cardiaque. Pepe en est à son quatrième passage derrière les barreaux, et il n'a encore jamais été condamné. Son emprisonnement systématique correspond à une volonté claire de le faire taire, d'empêcher et interdire la parution des magazine avec lesquels il travaille. Les enquêteurs considèrent qu'il désigne par ses articles les futures cibles d'ETA. En vérité, son arrestation est intervenue suite à la production par Ardibeltza d'une cassette vidéo intitulée "Les journalistes, le business du mensonge", qui dénonce la collaboration étroite en Espagne entre les médias, le pouvoir politique, et les milieux mafieux. Et comme pour illustrer cela, il a été arrêté suite à une campagne médiatique acharnée contre lui et son magazine. Des journalistes, des politiciens et le ministre de l'intérieur ont rassemblé leur voix pour demander et exiger son incarcération, qui a été ordonnée le 19 janvier par le juge Baltazar Garzon (à ce moment, Pepe était en liberté sous caution). C'est d'ailleurs sur cette vidéo que l'accusation s'est focalisée. Il est inculpé de "collaboration avec une organisation armée" alors qu'il n'a jamais eu de contacts avec aucun des groupes de ce genre. Actuellement, son état de santé est incompatible avec son maintien en prison. Lors d'un de ses précédents séjour en taule, il avait déjà dû subir une opération. Suite à sa crise cardiaque, il y a de quoi être inquiet étant donné qu'il ne recevra pas de traitement adapté tant qu'il sera entre quatre murs. Il a annoncé très récemment à sa famille qu'il ne se sentait pas bien et que sa poitrine le faisait souffrir. Début mars, la douleur s'est intensifiée, il suffoquait et il a été transporté à l'hôpital. Le voilà donc à nouveau emprisonné par un système qui ne voit que dans l'incarcération des militant-e-s, des indépendantistes et dans la criminalisation du mouvement social la réponse à la question basque. Il risque de rester de 2 à 4 ans en prison sans même passer devant un tribunal. - 3 février 2001 : journée internationale pour la libération de Francisco Brotons Beneyto - Nous reproduisons ici des extraits de la déclaration de Francisco qu'il a écrit pour cette journée internationale, depuis la prison de Sevilla 2, en Andalousie, et qui a été lue sur la Plaza de la Universidad à Barcelona, dans le cadre d'une manifestation de solidarité. Lors de cette journée du 3 février, des rassemblements et actions ont eu lieu dans au moins 17 localités espagnoles (manifestations à Bergüenda, Vitoria, Bizkaia, Barcelone, Girona, Madrid etc.) ainsi qu'en Italie (devant l'ambassade espagnole à Rome, mais aussi à Padua). Des soirées en soutien à la campagne se sont également déroulées dans de nombreuses autres villes italiennes, à Paris, Londres, Dublin, Vienne, Mexico, Asuncion, Bruxelles, Istanbul, Melbourne, Moscou. "Compagnons : Je suis en ce moment à une distance de mille kilomètres, mais je pourrais difficilement me sentir plus proche de vous. J'endure la prison depuis 23 ans, on m'a soumis à toutes les formes d'isolement et de réclusion, mais, par contre, je sais que je ne suis qu'un parmi tout ceux qui luttent pour la liberté, qui dénoncent l'odieux régime fasciste et capitaliste. Ainsi je peux dire que nous sommes ensemble, unis, en répondant à l'appel d'un grand nombre d'organisations et de collectifs populaires qui montrent leur solidarité en dénonçant la situation à laquelle me soumet l'État fasciste pour le simple fait d'être un communiste et un révolutionnaire et de combattre pour la liberté de tous, comme vous le faîtes. Mais nous savons tous que nous ne sommes pas ici seulement pour ce fait concret ; nous savons que mon cas (...) n'est pas la seule chose qui nous a motivé pour nous réunir, pour montrer notre rage et notre détermination de lutter. Nous sentons qu'en ce moment, ici, entre nous, il existe des milliers d'autres combattants qui résistent dans les prisons du monde entier, qui ont les mêmes objectifs que nous, qui luttent pour les mêmes idées, qui voudraient se retrouver coude à coude avec nous, en affrontant l'ennemi commun comme ils le font déjà depuis leur cellule. Avec nous il y a les prisonniers antifascistes, anarchistes, indépendantistes et communistes de l'État espagnol, qui sont soumis jour après jour et pendant des années à la dispersion, à l'isolement, à tout type de torture afin qu'ils renoncent à leurs idées et s'assujettissent à la conception fasciste de "pensée unique" Avec nous il y a les prisonniers que l'État a classé comme FIES, ces compagnons qui ont pris conscience en prison de leur dignité, qui luttent pour leur droits, qui résistent aux couloirs de la mort des prisons de haute sécurité, qui affrontent quotidiennement les pratiques arbitraires des surveillants et qui ont été récemment les protagonistes d'une grève de la faim pour en finir avec toutes les injustices qui s'abattent sur eux. Avec nous il y a les militants argentins (...), les camarades turques et kurdes (...), les prisonniers palestiniens (...), Mumia et Léonard Peltier et tous ceux qui, dans les prisons des pays impérialistes, payent de leur vie le terrible crime d'aimer leur peuple et leur classe et d'agir en conséquence pour détruire les causes des souffrances des travailleurs. La situation dans les prisons du monde est le reflet de l'oppression que vivent les travailleurs et les peuples en général. Tous, dedans ou en dehors de ces murs, connaissons la barbarie politique, l'arrogance de l'État, les injustices quotidiennes. Pour eux, il est toujours plus difficile de cacher ce qui se passe à l'intérieur des prisons. La torture, les tentatives de destruction de la personnalité et de la volonté révolutionnaire (...) sont des motifs plus que suffisants pour nous lancer dans la lutte contre cet état des choses. Connaître ce qui se passe ici à l'intérieur, la brutalité des surveillants, l'arbitraire des juges, la souffrance de milliers de personnes qui ne se soumettent pas au pouvoir institutionnel, engendre pour les antifascistes et les démocrates sincères la nécessité de se solidariser avec les prisonniers et lutter pour éradiquer les causes de l'existence des prisons. Mais il y a d'autres raisons de se lancer dans cette lutte (...). Parce que dans les prisons, les compagnons ne font pas que souffrir. Nous ne sommes pas de simples témoins passifs de la brutalité des fascistes au pouvoir. Là où on trouve l'oppression, on trouve la résistance, et dans les prisons, où l'oppression atteint ses aspects les plus inhumains, il y a aussi la résistance qui laisse les traces les plus inoubliables de l'histoire de nos peuples. Dans les pires conditions, lorsqu'il semble que le monde se réduise aux quelques mètres carrés d'une cellule infecte, lorsque les seules visages que l'on voit pendant des mois son ceux de tes propres matons, lorsqu'ils essayent d'empêcher qu'une quelconque voix amie arrive jusqu'à toi, lorsqu'ils te refusent systématiquement le pouvoir de donner une accolade, un baiser à des êtres chères,... il semble que l'ennemi pourrait triompher dans sa tentative de rayer du prisonnier tous ses aspects humains, toutes sa volonté de lutter, tout son espoir. Et ce n'est pas ainsi, pour tant qu'ils essayent, ils n'y parviennent pas.(...) Ainsi je me permet, pour terminer, d'exprimer un désir, de vous communiquer un rêve. Je crois, que, ensemble, nous peindrons en rouge ce siècle qui maintenant commence. Je crois que, ensemble nous détruirons l'État capitaliste et impérialiste et que nous jetterons dans les poubelles de l'histoire les fascistes, les grands capitalistes, et tous ceux qui vivent du sang du peuple. Je crois que nous avancerons jusqu'à la construction d'une société libre, juste, solidaire, sans exploiteurs ni exploités. Je crois qu'à la fin nous pourrons poser le ciment de la société dont l'humanité a besoin si elle ne veut pas se transformer en esclave de l'impérialisme. Est-ce seulement un rêve ? Peut-être, mais je crois que ce sont ces rêves qui transpercent nos coeurs et qui arment nos esprits, qui se transforment en objectifs pour ceux qui luttent... Parce que c'est un rêve qui comprend des millions de personnes dans tout le monde, et nombre d'entre nous sont prêts à donner leur vie pour en faire une réalité. Comme disait un compagnon avec qui j'ai passé de nombreuses années en prison : "Ils nous marcherons sur la tête mais nous mordrons leurs bottes". Oui, ici, dedans, nous continuons à résister et nous sommes sûrs que dehors également vous le faîtes et que toujours plus de combattants s'unissent à la Résistance. Le fascisme ne passera pas ! Résister c'est vaincre ! En avant la lutte pour l'amnistie ! Vive la solidarité internationale ! Vive l'internationalisme prolétarien ! Francisco Brotons Beneyto, militant du PCE(r) et des GRAPO. Pour lui écrire : C.P. Seville 2, Carretera Torreblanca Mairena del Alcor, km 3, 41007 Sevilla, Espagne Toujours à propos des prisonnier-e-s des GRAPO, une campagne est également en cours pour attirer l'attention sur le cas de Luis Cabeza Mato, séquestré depuis plus de 16 ans dans les conditions exécrables réservées aux prisonniers révolutionnaires. Il est atteint d'une maladie très grave, incurable (syndrome Wernike-Korsakoff et hépatite C), incompatible avec son maintien en détention. Luis a été condamné à une peine de 30 ans pour son militantisme au sein du PCE(r) et son engagement dans les GRAPO. Cette maladie est une conséquence de la longue grève de la faim menée par le collectif des prisonniers du PCE(r)/GRAPO du 30/11/89 au 8/2/91 contre la dispersion, lors de laquelle José Manuel Sevillano a trouvé la mort. En 10 ans, son état de santé s'est fortement dégradé (perte d'équilibre, baisse de la vue, difficulté d'expression et de prononciation, problème de mouvement etc.) Rien n'y fait, il est maintenu en prison. Pour plus d'infos, contactez l'ACPG, Avda. Las Conchinas, 14, 5, Izquierda, 15010 A Coruna, Espagne (vous pouvez leur demander la pétition de soutien). Pour écrire à Luis : Luis Cabeza Mato, CP Herrera de la Mancha, Apdo 77, 13200 Manzanares, Ciudad Real, Espagne. - nouvelles d'Edoardo Garcia Macias - L'ABC-Cruz Negra Anarquista de Madrid poursuit la campagne de soutien à Edoardo Garcia Macias, jeune anarchiste espagnol, membre de l'ABC, victime d'un coup monté des autorités visant à le mettre derrière les barreaux et à en faire un exemple pour tou-te-s ceux/celles qui luttent contre le système carcéral, notamment ceux et celles impliqué-e-s dans la rue dans la lutte de soutien aux prisonnier-e-s classé-e-s FIES. Nous avons pu envoyer 1000 F le mois passé pour financer cette campagne de soutien. De nombreuses cartes postales à remplir et renvoyer à la juge Teresa, responsable de son placement en détention préventive, sont disponibles à notre adresse. Peut-être en trouverez-vous une avec ce bulletin. Faîtes-en usage, SVP. Vous pouvez également écrire à "Edu" pour le soutenir ou contacter l'ABC-Madrid si vous voulez monter un groupe de soutien. Soutien financier (concert de soutien ou autre initiative) toujours très apprécié (vous pouvez envoyer l'argent à l'ABC-Dijon qui transmettra). Dernière nouvelle : il risque de 13 à 17 années de prison si les nouvelles lois antiterroristes lui sont appliquées (ces lois ont été de toute façon crées pour envoyer des gens comme lui en prison). L'année dernière, Estefania avait été arrêtée le même jour qu'Edu dans le cadre de la même affaire. Elle a été relâchée depuis déjà quelques temps mais doit toujours passer en procès. En ce qui concerne le contexte répressif contre le reste du groupe de l'ABC, voici quelques phrases à méditer : "Quant aux pressions que nous subissons, c'est du délire. Notre courrier est sous surveillance, tous les mouvements de certains militants de la CNA-Madrid sont surveillés et nous sommes suivis par la police, les téléphones sont sous écoute, et la communication avec les prisonniers et prisonnières nous est refusée. A Madrid on peut à peine sortir dans la rue, les manifestations sont violemment réprimées par la police sous prétexte qu'elles ne sont pas autorisées, mais quand on demande l'autorisation ils ne nous la donnent pas, de plus, chaque manifestation se solde par de nombreuses arrestations, blessé-e-s, fouilles, fichage." Contact : * Edoardo Garcia Macias, Modulo 3, C.P. Madrid 5 Soto del Real, Apdo 200, 28791 Soto del Real (Madrid), Espagne. * ABC/CNA, Paseo Alberto Palacios 2, 28021 Villaverde Alto - Madrid, Espagne - nouvelle condamnation de Laudelino Inglesas - "Laude" est en prison depuis 20 ans. Au total, il a passé 27 ans dans les bagnes espagnols, et n'a jamais cessé de se battre. Récemment, il était resté en grève de la faim 45 jours pour obtenir sa liberté conditionnelle, ayant effectué les 3/4 de sa peine et étant à bout suite à des années de soumission au régime d'isolement FIES (voir bulletin #22). De nombreux autres prisonniers s'étaient joins à sa lutte, qui ne se réduisait pas à son propre cas mais correspondait à une dénonciation générale des longues peines et de l'isolement carcéral. La plate forme Amaitu, qui coordonne la campagne de soutien, nous a informé de la très mauvaise nouvelle qui vient de lui tomber dessus. Nous savions déjà que l'administration pénitentiaire voulait lui faire accomplir un nombre bien plus grand d'années de prison du fait de sa résistance active et des procès que Laude intentait aux matons pour ne pas laisser passer les abus sous silence. "Le recours en cassation que Laude avait déposé devant le tribunal suprême s'est mal déroulé. 20 années supplémentaires. Condamnation à perpétuité. José Alberto, son avocat, lui avait rendu visite le mercredi et il a eu connaissance de la sentence le jeudi, et Laude ne pouvait être informé de la nouvelle directement, de telle manière que quelques jours plus tard, j'ai reçu un coup de téléphone de lui et j'ai dû lui annoncer cette nouvelle faisant l'effet d'une bombe atomique. Ce jour là, il se trouvait de bonne humeur. Il avait reçu une lettre d'un médecin hygiéniste d'Euskal Herria, Eneko Landaburu, avec qui nous avions pris contact pour lui parer des problèmes de santé dont souffre Laude. Apparemment, il lui a donné quelques conseils intéressants et l'a rassuré en ce qui concerne son hépatite. Alors j'ai dû lui annoncer la nouvelle que ces connards de la Cour Suprême lui ont infligé 20 années, la perpétuité, sans la moindre gêne." Laudelino a l'intention de tenter les autres recours lui restant auprès d'instances supérieures : la Cour Européenne des droits de l'Homme et la Cour Constitutionnelle. La Plate-Forme Amaitu va poursuivre la campagne en faveur de Laudelino, et cherche le contact avec un maximum de groupes et individus sympathisants et près à faire des gestes en soutien à Laudelino. Un rassemblement devant la prison de Valladolid, où il est actuellement emprisonné, est notamment prévu. - Plataforma Amaitu, Aptdo 179, Barakaldo, Euskal Herria, Espagne. ESPAGNE : LOI ANTITERRORISTE POUR LES MINEURS Le 30 novembre 2000, les députés espagnols ont adopté une nouvelle loi pénale concernant les mineurs, et visant à lutter contre la " kalle borroka " ( guérilla urbaine ). Les mineurs de moins de seize ans peuvent être passibles de 5 ans de prison et ceux/celles de 16 à 18 ans risquent jusqu'à dix ans. Avec de 4 à 15 ans de privations de droits civiques. - sans soins appropriés - Jose Felix Perez Alonso a été extradé de France le 16 janvier 2001 alors qu'il venait juste d'être opéré d'une rupture du tendon d'Achille. L'extradition a eu lieu, bien que les médecins de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes aient recommandé l'immobilité absolue. Son transfert de Paris à Madrid s'est fait dans de mauvaises conditions, ce qui a occasionné une blessure. Incarcéré à Soto del Real, il y est mal soigné et c'est sa compagne qui a dû entreprendre de nombreuses démarches pour que le dossier médical de Fresnes soit enfin transmis. Maintenu isolé à l'infirmerie de Soto del Real sans soins appropriés, il devait se débrouiller seul avec ses béquilles pour se déplacer ou aller chercher son plateau-repas. Jose Felix est ainsi tombé plusieurs fois. Une nouvelle chute le 29 janvier a provoqué le détachement d'une des vis implantées, et il a dû être hospitalisé avant de revenir à nouveau à l'infirmerie de la prison. - procès à Madrd de 2 basques expulsés - Le 16 janvier 2001 et le 9 février 2001 a eu lieu un procès devant l'Audienca Nacional concernant Mikel Zarrabe et Josu Arkauz. Ils sont jugés pour une " tentative d'attentat contre la caserne de la guardia civil d'Amorebieta le 3 mars 1990 " ( alors qu'ils étaient détenus en France à cette date !) : 13 ans ont été requis contre eux pour " tentative d'homicide ". Mikel Zarrabe a été expulsé de France le 2 décembre 1995 et remis par la contrainte à la police espagnole, et incarcéré en Espagne au terme de sa garde à vue " au secret ". Cette expulsion a par la suite été jugée illégale le 26 mai 1999 par le tribunal administratif de Toulouse ! Josu Arkauz a été expulsé de France le 13 janvier 1997, remis par la contrainte à la police espagnole, et incarcéré au terme de sa garde à vue " au secret " (Il a déclaré avoir subi pressions et tortures ). Son expulsion a été jugée illégale le 4 février 1999 par le tribunal administratif de Pau ! Dans ce procès plusieurs points sont à souligner : - la justice espagnole n'avait jamais demandé l'extradition de ces deux Basques alors qu'ils sont restés incarcérés en France durant de longues années. - les accusations se basent uniquement sur des déductions de policiers espagnols et non sur des preuves formelles. - tous les documents à charge utilisés sont des photocopies de pièces du dossier français ayant servi à les condamner en France. - les expertises graphologiques ( réalisées par les experts de la police espagnole ) sont faites à partir de photocopies de documents. Lors d'un précédent procès à l'automne 1999, Mikel Zarrabe et Josu Arkauz ont été condamnés chacun à 19 ans de prison. Et avec un autre procès qui avait déjà eu lieu suite à son expulsion, Josu Arkauz totalise une centaine d'années de Prison ! - rapport du TAT (Tortuaren Aurkako Taldeak / comité contre la torture ) - Le TAT siège au pays basque sud et a été créé en 1992 pour dénoncer la torture et travailler à son éradication. Le TAT assiste des personnes torturées, recueille leurs témoignages et les aide à porter plainte. Un suivi thérapeutique et psychologique des victimes est également assuré. Pour l'année 2000, le TAT a ainsi recensé au Pays basque sud près de 80 victimes de tortures, violences et mauvais traitements de la part des différents services de police et forces de sécurité. Dans son rapport le TAT met en évidence comment la législation antiterroriste espagnole permet cette pratique systématique de torture et de mauvais traitements sur des détenus politiques, notamment l'incommunication durant toute la garde à vue qui peut se prolonger jusqu'à 5 jours. Durant cette mise "au secret" le/la détenu-e n'a pas le droit de communiquer avec sa famille ni de désigner librement un avocat, et le lieu de détention est tenu secret. Une autre conséquence de cette législation antiterroriste, est le passage obligé devant l'Audiencia Nacional de Madrid où les magistrats ignorent les plaintes pour torture, ne cherchent pas à savoir ce qui s'est passé durant la période d'incommunication et ne vérifient pas si les déclarations policières ont été obtenues sous la torture. De plus il est souvent fait obligation au détenu de déclarer devant le juge sans la présence d'un avocat de son choix. - Dijon : arrestation d'un manifestant lors d'un rassemblement - Vendredi 9 mars vers 10h30, une trentaine de valeureux-ses squatteurs et squatteuses dijonnais-es armé-e-s d'épées et de boucliers en carton s'est lancée à l'assaut de la préfecture de Côte d'or ! Un "cordon de sécurité" a été mis en place autour de l'entrée de la préfecture, jonchée de panneaux de signalisation précisant "ici on expulse", "zone dangereuse" ou encore "préfecture fermée". Une banderole contre les expulsions fut également déployée, pendant que des manifestant-e-s déguisé-e-s tapaient sur des bidons, jouaient des percussions et distribuaient des tracts aux passant-e-s intrigué-e-s par le spectacle. Après une brève diffusion de tracts dans ses locaux, la préfecture a bouclé ses portes et descendu son rideau, devant des manifestant-e-s acclamant bruyamment cette victoire très symbolique. Après une heure de joyeuse occupation, la police a décidé d'entrer en scène, en arrachant sans préavis banderoles, panneaux et instruments à des manifestant-e-s surpris-es de la réponse policière démesurée à une action clairement ludique et inoffensive. Refusant de quitter les lieux sans avoir récupéré leurs affaires, les manifestant-e-s furent violemment dispersés par des flics surexcités, frappant et gazant tous azimuts. Une personne, Cédric, fut embarquée et tabassée sur place devant des passant-e-s halluciné-e-s, des caméras et autres journalistes, et une bande vidéo fut également arrachée par les flics. Devant l'impossibilité de libérer l'arrêté, les manifestant-e-s durent alors quitter les lieux. Le manifestant interpellé a été relâché après quelques heures de garde-à-vue, et se trouve convoqué au tribunal pour outrage et violence à agent. Une fois de plus, les médias locaux n'ont pu que se faire complices de l'affaire, ignorant nos communiqués de presse, en omettant soigneusement de traiter le sujet (France 3 Bourgogne), ou en se faisant l'organe de presse de la police dans le cas du Bien Public (qui publia le lendemain un infâme article signé Gilles Dupont, tristement célèbre pour sa campagne de désinformation contre le squat de la rue Saumaise, début 2000). Face à ces provocations et violences policières, les squatteurs, squatteuses et solidaires entendent réagir, et refuseront obstinément de respecter le silence qu'on leur impose Procès de Cédric le mardi 22 mai à 14h. Il risque au moins du sursis et une forte amende. - Constitution d'un "collectif pour en finir avec la prison" - Suite à la grève de la faim d'Éric Minetto et de la mobilisation des prisonnier-e-s longues peines dans différents centres pénitenciers de France, un "collectif pour en finir avec la prison" s'est constitué sous forme de plate-forme regroupant des collectifs et associations plutôt hétéroclites. En effet, une réunion qui s'est tenue le premier mars à Paris au local du MIB a rassemblé des collectifs de soutien aux prisonnier-e-s basques, corses, des associations de familles de détenu-e-s, le MIB (Mouvement Immigration-Banlieue), la CNT, Ras-les-Murs, Act-up, Alternative libertaire, le MRAP et d'autres encore. Le collectif a repris comme revendications celles exposées dans la plate-forme rédigée par les prisonnier-e-s longues peines de Lannemezan qui, rappelons-le, avaient mené une grève du plateau-repas en solidarité avec la grève de la faim d'Éric Minetto. Cette grève avait été suivie par d'autres détenu-e-s dans les centrales d'Arles, Fleuris-Mérogis, Villepinte ou encore Toul, exprimant ainsi leur volonté commune d'en finir avec le régime arbitraire pratiqué par le ministère de la justice quant aux libérations conditionnelles, aux prisonnier-e-s malades, aux statuts spéciaux, aux quartiers d'isolements, etc. Les revendications sont donc les suivantes : -Abolition des quartiers d'isolement, dignes héritiers des QHS soi-disant supprimés en 1981, et abrogation des statuts spéciaux et particuliers des détenu-e-s dits dangereux. -Fin des longues peines et des peines de sûreté. -Abolition du prétoire et du mitard. -Libération des prisonnier-e-s malades. -Rapprochement géographique des détenu-e-s qui le désirent, regroupement par affinité (familiale, politique). Comme vous pouvez vous en rendre compte, et pour reprendre les mots de Joëlle Aubron, ces revendications "recoupent" celles exposées depuis longtemps par un certain nombre de collectifs de prisonnier-e-s. La solidarité entreprise par ceux-ci à l'égard des initiatives des détenu-e-s de Lannemezan semble en effet exprimer un besoin de se rassembler autour de revendications communes qui malgré tout prennent en compte dans une certaine mesure celles avancées respectivement par ces différents collectifs. La menace présentée par cette volonté d'unification a conduit l'administration pénitentiaire à ordonner le transfert des soi-disant "meneurs" du collectif de Lannemezan en janvier dernier dans l'espoir d'étouffer le feu à la source. Le Collectif Pour en Finir Avec la Prison déclare entre autre "refuser les manœuvres qui visent à rendre acceptable une prison où les sévices corporels visibles sont remplacées par la torture blanche, l'isolement, la camisole chimique et la surveillance électronique". L'idée de sa constitution était survenue suite à la manifestation qui s'était déroulée le 4 novembre 2000 à Paris et qui avait permis à un certain nombre de gens de se retrouver pour découdre à nouveau de la question du système carcéral en France. Dans un premier temps, ses coordinateurs entendent mettre en place un réseau de correspondance avec le plus grand nombre de détenu-e-s dans diverses centrales afin de pouvoir avancer. La solidarité ne pourrait en effet se développer qu'en étroite relation avec les détenu-e-s. Collectif pour en finir avec les prisons, 26 bis rue Kléber, 93100 Montreuil. - Italie : quatre nouvelles arrestations - Le 9 février ont été arrêtés Michele Deroma, Federico Pais, Riccardo Sotgia et Salvadore Nurra, lors d'un vol dans une bijouterie dans la province de Nuoro, en Sardaigne. Ils sont tous les quatre connus pour leur implication dans des groupes révolutionnaires. Federico, par exemple, est anarchiste et participe à la publication d'une revue contre la prison. Aux premières déclarations des flics locaux (qui ont annoncé qu'ils étaient présents par hasard) se sont opposées celles du ministère de l'Intérieur qui a parlé d'une véritable embuscade policière. Les enquêteurs étaient apparemment déjà au courant du plan et quelques militaires étaient planqués dans le local commercial, et sont sortis avec suffisamment d'armes à feu pour réaliser un carnage dès l'entrée dans la bijouterie des quatre compagneros, mettant ainsi en danger par leur action éclair l'ensemble des personnes présentes. Tombés dans ce piège parfaitement préparé, Michele, Federico, Riccardo et Salvadore n'ont pas opposé de résistance. Tellement bien préparé que les journalistes étaient présents, dans le feu de l'action, près à transformer cette expérience live en article. Pour ceux qui veulent les soutenir, envoyer du fric ou des bouquins, l'adresse de la prison où ils sont actuellement incarcérés est : Carcere "La Rotonda", 07029 Tempio Pausania (SS), Italie. - liberté pour Eddie Hatcher - Derrière Léonard Peltier et Mumia Abu-jamal se cachent les cas de milliers de prisonnier-e-s politiques américains dont le tort est d'être à la fois révolutionnaire et de ne pas appartenir à la race blanche. Eddie Hacher est l'un d'entre eux/elles. Il est amérindien, âgé de 43 ans et est en préventive depuis le 1er juin 1999. Son procès débutera le 9 avril, et le procureur demande la peine de mort. Présentation de son parcours et de sa situation actuelle... Suite à la mort de son père lorsqu'il a 15 ans (ni lui ni sa famille ne croient à la version policière officielle qui parle de suicide), il part travailler pour subvenir aux besoins de sa famille avant de poursuivre des études qu'il ne peut continuer. Il découvre alors la racisme et la discrimination, notamment à l'école, et devient progressivement un militant actif. Ses premiers problèmes avec la justice remontent à la fin des années 80. A cette époque, la cocaïne envahit le comté rural de Robeson, en Caroline du Nord. Une vague de meurtres, pour la plupart jamais élucidés, déferle dans cette région. Suite à l'assassinat en 1987 d'un indien par le shérif Stone, Eddie décide de mener une enquête sérieuse sur le trafic de drogue et la corruption. Il parvient grâce à un indicateur qui avait travaillé au FBI à démontrer l'implication de 34 hommes d'affaires et officiers de police dans le trafic de cocaïne, dont Stone. Eddie commet alors une erreur : il tente d'alerter le FBI et la DEA à propos de ses découvertes. Découvrant la possession par Eddie de preuves très compromettantes en ce qui les concerne, les autorités décident d'en finir avec lui. La haine de la police et des tribunaux de Caroline du Nord le poursuivront alors toute sa vie. Eddie décide alors d'alerter l'opinion publique : le 1er février 1988, il occupe avec un autre compagnon amérindien les locaux du journal "Robesonian Newspaper". Ils retiennent 17 employé-e-s pendant plus de 10 heures. Il négocie avec le gouverneur afin que des enquêtes soient menées sur les activités du shérif du comté de Robeson, sur les morts suspectes de nombreux amérindiens et afro-américains, sur la mort récente d'un jeune noir en prison, enfin, il demande à ce que lui et son compagnon ne soient pas livrés aux autorités du comté de Robeson. Suite à cette occupation, Eddie est le premier américain à tomber sous le coup de la loi antiterroriste de 1984, décrétée par Reagan. Il est arrêté et incarcéré. Sa libération sous caution lui est refusée. L'État de Caroline du Nord l'inculpe pour "prise d'otages" mais c'est finalement l'État fédéral qui le poursuit, pour la même charge agrémentée de "conspiration contre les États-Unis". Alors qu'il se représente lui-même, il parvient à convaincre le jury de la légitimité de son acte, et celui-ci le déclare non-coupable des deux chefs d'inculpation. Quelques semaines plus tard, l'État de Caroline du Nord relance les poursuites contre lui pour la même affaire alors qu'il a été acquitté au niveau fédéral ! Il tente sans succès de trouver l'asile politique à l'étranger, et, après un long périple s'ouvre son procès en automne 1989. Suite à un procès politique caractérisé par de nombreuses irrégularités, récusation des avocats de la défense, harcèlement et menace sur la famille d'Eddie, il est condamné à 18 ans de prison, malgré le témoignage des otages en sa faveur. Il reste en prison jusqu'en 1995. Il est malmené, gardé en sécurité maximale, transféré plusieurs fois. En 1991, il est poignardé par un prisonnier engagé par les cadres de la prison pour "s'occuper d'Eddie". Les tentatives d'assassinat orchestrées par l'Administration Pénitentiaire par l'intermédiaire d'autres détenus moyennant quelques faveurs sont une pratique courante dans les prisons américaines. Il apprend également en prison qu'il est séropositif, plusieurs mois après son dépistage, les médecins de la taule n'ayant pas jugé utile de lui annoncer la mauvaise nouvelle et de lui faire suivre un traitement adapté. Il obtient la liberté conditionnelle le 3 mai 1995, grâce à une grande campagne de soutien international. Eddie sort amaigri et épuisé, les médecins lui donnent 5 ans à vivre. Il déclare que "le gouvernement m'a relâché car ce n'est pas bon pour lui de laisser mourir en prison un prisonnier politique reconnu par Amnesty International". Arrivé au terme de sa liberté conditionnelle, il retourne au comté de Robeson et reprend ses activités militantes. En plus de travailler dans les communautés, il annonce être décidé à poursuivre ses investigations contre les milieux politico-mafieux impliquant des élus et des flics bien connus. Il dérange. Un coup monté se prépare contre lui. Le 15 mai 1999, sa maison est cambriolée. Presque tous ses biens lui sont dérobés. Ses doutes confirmés par divers témoignages le font suspecter Michael Anthony Locklear, un jeune délinquant, d'être derrière ce cambriolage. Bien sûr il ne porte pas plainte. Quatre jours plus tard, on lui annonce que ce même Locklear s'approche de lui, armé. Eddie sort et va chercher son arme dans sa voiture. Locklear fait mine de pointer sur lui une arme cachée sous sa veste. Eddie tire vers le sol puis près des jambes de Locklear qui finit par s'enfuir, avec une légère blessure au pied. Le shérif du comté profite de cette affaire qui tombe étrangement bien. Le 31 mai, une fusillade éclate, toujours dans le comté de Robeson, tuant à son domicile Brian McMillian et blessant à la hanche Amelia Chavis. Eddie Hatcher est arrêté le lendemain par la police. Il est appréhendé pour agression à main armée sur la personne de Locklear, et la police lui colle l'affaire du 31 mai sur le dos. Il est placé en cellule de haute sécurité à la prison de Raleigh, on lui refuse dès les premiers jours l'accès au téléphone, les visites et on soumet son courrier à une censure sévère. Son inculpation pour le meurtre de McMillian repose sur la déclaration d'un flic qui déclare qu'Eddie lui a avoué le soir de son arrestation être l'auteur du coup de feu. Voilà le genre de preuves en béton qui ont entraîné la condamnation de centaines de prisonniers politiques aux USA pour des affaires auxquelles ils sont complètement étrangers. D'autres témoignages fallacieux (obtenus par pression sur les personnes dépositaires) permettent ainsi son inculpation pour meurtre lors d'une séance tenue à huit clos le 8 juillet. De nombreuses preuves de son innocence (expertise balistique), témoignages en sa faveur sont écartées pour préparer le terrain propice à un procès aboutissant à une lourde condamnation. On a découvert récemment que le principal témoin à charge, Philipp Smith, a été inculpé d'un meurtre survenu en mai 2000 et que le procureur ne demandera pas la peine capitale à son encontre. Smith est censé déclarer lors du procès qu'Eddie lui a déclaré avoir tué McMillian. Bien entendu, cela laisse supposer un arrangement entre lui et les autorités. Actuellement, le procureur réclame la peine de mort contre Eddie Hatcher, s'appuyant sur la législation en vigueur et sur les antécédents judiciaires "violents" d'Eddie. Il est évident que l'État a saisi l'opportunité - s'il s'agit vraiment d'un concours de circonstance et non d'un coup monté depuis le début - de fabriquer une corrélation pourtant inexistante entre la confrontation d'Eddie survenue avec Cocklear le 19 mai et le meurtre de McMillian deux semaines plus tard. Le 27 octobre 2000, Eddie a été condamné à 75 jours de prison pour l'incident avec Cocklear... une peine qu'il a depuis largement effectué. Jusqu'au mois de janvier dernier, il s'était préparé à assumer seul sa défense pour le procès du 9 avril 2001 lors duquel il devra répondre de meurtre et tentative de meurtre. Le 30 janvier 2000, les matons ont fouillé sa cellule soit disant pour y trouver des objets passés illégalement dans la prison. Ils ont confisqué plusieurs dossiers légaux sur lesquels Eddie travaille depuis longtemps pour assurer sa défense. Tout ce qui relevait de la contrebande ne lui a pas été confisqué. Privé de ses dossiers, il a dû s'entourer de deux avocats. L'un d'eux a déposé le 6 février une motion exigeant l'abandon des charges pesant sur lui en raison de ce raid. Le but de l'État de Caroline du Nord n'est pas de donner une réponse judiciaire au meurtre de McMillian mais de se débarrasser d'un militant qui enquête avec acharnement contre certains de ses dirigeants. En prison Eddie tente de fournir une aide juridique à ses compagnons emprisonnés, les aide à lutter pour le respect de leur droit. Le 9 avril, sa vie sera en danger, il ne s'agit pas de lutter pour qu'il ne soit pas condamné à mort mais pour qu'il soit tout simplement relaxé. On peu bien sûr craindre un véritable lynchage légal à l'image de nombreux autres activistes l'ayant précédé devant la cour. Nous pouvons répondre à sa demande de faire pression auprès de la chaîne américaine Court-TV pour qu'elle couvre et transmette son procès dans son intégralité (écrire en anglais à Court-TV, 600 Third Avenue, New York, NY 10016, USA). Vous pouvez contacter le comité de Défense : Mrs. Thelma Clark, Eddie Hatcher defense committee, PO Box 2702, Pembroke, NC 28372, USA. E-mail : thatcher2@peedeeworld.net Site Web : http://www.eddiehatcher.org/ Enfin, vous pouvez écrire directement à Eddie : Eddie Hatcher, Robeson County Jail, 122 Legend Road, Lumberton, NC 28358, USA - Franck J. Atwood, prisonnier américain dans les couloirs de la mort des "Unités de contrôle"- Franck J. Atwood est un prisonnier anarchiste blanc dont le cas désormais "classique" reste à l'image de ce qu'est aujourd'hui la justice américaine à l'encontre des individus d'opinion. Franck est victime d'une injustice qui dure maintenant depuis 17 ans et qui lui a valu d'être condamné à mort en 1984 pour un meurtre qu'il n'a jamais commis. Ciblé par les tribunaux, son passé militant a fait de lui une proie de choix pour venger la mort d'un jeune dans des circonstances toujours inconnues à ce jour. Franck est issue du mouvement hippie radical qui s'était développé suite à la guerre du Vietnam et au sein duquel il militait activement. Il entrepris également des braquages de banques et commis plusieurs attaques à la bombe contre des représentations officielles, la Bank of America et d'autres entreprises privées à gros sous. Une fois incarcéré, il ne négligea pas ses convictions politiques anti-autoritaires et devint rédacteur du fanzine "Décidément radical" ainsi que de nombreux autres écrits. Cependant, son passé judiciaire ne l'aida pas à trouver de l'aide à l'extérieur. Condamné par le conservatisme américain qui interdit les rapports sexuels avec les mineurs, il eu le malheur d'être accusé par les autorités pénitentiaires de viol après son incarcération, alors qu'une telle accusation n'est jamais apparue au cours d'aucun de ses procès. La combine visant à le calomnier et à l'isoler du mouvement de soutien marcha plutôt bien. En effet, cette accusation mensongère apparue publiquement sur le site Internet de l'administration auquel un certain nombre de collectifs eurent la mauvaise idée de se référer pour se faire une idée du prisonnier en question, ce qui lui valu d'être largement privé de soutien pendant de nombreuses années et de se retrouver complètement isolé du milieu militant. Cette situation a heureusement changé récemment grâce aux interventions répétées de la part de collectifs européens, vers lesquels Franck avait fini par se tourner, envers les groupes de soutien aux Etats-Unis pour mettre au clair les raisons de cette discrimination. Franck a passé toute son existence derrière les barreaux en isolement ou dans des prisons de haute sécurité. En Septembre 1997, il fût transféré en unité de contrôle, comme tous les condamnés à mort d'Arizona, pour des raisons soi-disant liées à l'évasion, où la dégradation de son état de santé s'est accélérée. En effet, les unités de contrôle sont des prisons de ultra haute sécurité dont la caractéristique principale demeure l'isolement systématique de tous les détenus. Ces camps de la mort ne sont pas des établissements qui renferment des prisonnier-e-s "de droit commun" pour qui l'enfermement classique suffit à en obtenir soumission et discipline. Elles ont été crées dans le seul but de briser ceux et celles pour qui cette étape préliminaire n'y est pas parvenue. On y trouve le plus fréquemment des "fauteurs de troubles", des membres de gangs de prison, des détenu-e-s soutenant leurs camarades dans leurs travaux juridiques, ne passant pas sous silence les traitements et abus dont ils/elles font l'objet de la part des matons, et en somme, tou-te-s ceux et celles qui n'ont pas eu l'occasion de s'attirer la sympathie de l'administration pénitentiaire. Les unités de contrôle se présentent ainsi comme des prisons à caractère hautement politique et les nombreux militants du Parti des Black Panthers, islamistes, anarchistes, communistes, séparatistes Puerto Ricains, du Mouvement Amérindien ou encore des individus tels que Franck qui y sont incarcérés ne font que confirmer les buts fixés pour la construction de telles forteresses, à savoir l'élimination politique des prisonnier-e-s "dissident-e-s". Après la prison destinée à débarrasser la société des "indésirables", nous voici à l'ère de la prison faite pour débarrasser les prisons de ceux/celles qui résistent à leur mort lente, qui s'organisent ou tout simplement restent fidèles à leurs convictions politiques. Des méthodes de torture blanche inspirées des expérimentations faites par des experts américains lors de la guerre de Corée y sont appliquées pour transformer des résistant-e-s en repenti-e-s. La situation juridique de Franck semble néanmoins se débloquer depuis peu car sa nouvelle équipe légale a été autorisée à mettre en avant une quantité importante de preuves démontrant son innocence. De plus, le juge chargé du procès à venir arrive exceptionnellement d'un autre Etat et n'aura donc pas l'obligation de satisfaire son électorat local au moment de rendre son verdict. Franck se montre pour l'instant plutôt confiant mais n'oublions pas que nul n'est à l'abri de l'élimination de masse perpétrée par la justice de classes... Une brochure réalisée par l'ABC-Dijon en collaboration avec Franck et intitulée "Prisons de sécurité maximale, isolement carcéral et privatisation sensorielle" est disponible depuis quelques mois déjà à notre adresse. Le but de cette brochure a été de faire le lien entre ce que sont les unités de contrôle aux USA et la réalité des quartiers d'isolement et de la torture blanche en Europe. Vous pouvez la commander pour 3,50f de port + prix libre de soutien. - répression au Chili - Le 15 mars dernier, à Santiago du Chili, se réunissaient les représentants de la Banque Interaméricaine du Développement. A l'appel de la Coordination contre la BID, de nombreux/ses jeunes et travailleurs/ses s'étaient réuni-e-s pour participer à différentes activités. Une première manifestation, pourtant absolument pacifique, a été brutalement chargée alors que les manifestant-e-s avaient à peine commencé à se mettre en mouvement. Le peloton des forces spéciales des Carabiniers s'est alors jeté sur les manifestant-e-s, armés de matraques, appuyés par des canons à eau, laquelle contenait une substance irritante. Les manifestant-e-s ont été divisé-e-s en petits groupes et poursuivi-e-s par les flics, qui ont utilisé abondamment des bombes de gaz chimique dissuasif, sans se soucier des passant-e-s, enfants etc. qui se trouvaient présent-e-s. A l'intersection de Puerte y Rosas, un groupe de personnes a décidé de faire une action de résistance, toujours de façon non-violente, en faisant un seating. Après une brève médiation, les policiers anti-émeute ont chargé les manifestant-e-s assis-e-s dans cette rue piétonne, un canon à eau les maintenant bloqué au même endroit. Le soir, une autre manifestation s'est terminée par une occupation du McDonald's de la principale rue piétonne de Santiago, à l'intérieur duquel un fumigène a été lancé. C'est tout le long de la journée que la police a réprimé violemment l'ensemble des manifestations/actions/initiatives qui se sont déroulées en signe de protestation contre la réunion de la BID. Plus de 60 personnes ont été arrêtées suite à des agressions des forces de l'ordre. Les compagnons qui se rendaient au commissariat pour obtenir des nouvelles des personnes arrêtées ont une nouvelle fois été pris à partie par les flics, bien entrainés dans le domaine de la répression des manifestations. Les années Pinochet ne sont pas si loin derrière. Après une nouvelle charge, les brutes ont arrêté 40 personnes supplémentaires. La plupart de ces prévenu-e-s ont été relâché-e-s avec une convocation devant le tribunal dans les prochains jours. Ils/elles sont accusé-e-s de vol. Les deux jeunes accusés d'avoir lancé le fumigène étaient quelques jours plus tard toujours retenus par la police. Il semble qu'il seront poursuivis pour "possession d'engin explosif" et même pour "terrorisme". Ils nient avoir participé à la manifestation. Leur inculpation repose sur leur look, leur présence près de la manifestation au moment des faits, et la possession d'un "élément incendiaire", en l'occurrence un briquet. Vous pouvez protester auprès de l'ambassade du Chili, demander la relaxe des deux personnes inculpées dans le cadre des fumigènes contre le McDo ainsi que celle des autres manifestant-e-s qui comparaîtront. Ambassade du Chili, 2 avenue de la Motte Piquet, 75007 Paris. Tel : 01 44 18 59 60 ; Fax : 01 44 18 59 61. - le massacre continue dans les prisons turques - Au début du mois de mars, il y a avait encore environ 500 prisonnier-e-s politiques en grève de la faim illimitée, et près de 1500 en grève de solidarité. Les prisonnier-e-s turques sont dans un processus de lutte très dure contre le programme de construction de prisons dotées des techniques modernes d'isolement sensoriel que le gouvernement entreprend dans le but de s'adapter aux normes des pays de l'Union Européenne et des démocraties occidentales en matière de torture. Parmi les grévistes de la faim, certains en étaient à 137 jours sans manger et ils sont pour la plupart perfusé-e-s de force afin d'être maintenu-e-s en vie. Les groupes qui ont débuté la lutte un peu plus tard continuent toujours alors que la plupart d'entre eux/elles sont en cellule d'isolement (prison de type F, contre lesquelles ce vaste mouvement de lutte s'est déclenché). Globalement, les nouvelles sont terribles : répression farouche contre les sympathisant-e-s à l'extérieur et les familles/ami-e-s des détenu-e-s, des grévistes sont dans le coma etc. Le 21 mars nous est arrivée la nouvelle de la mort du prisonnier Cengiz Soydat, décédé après 153 jours de grève de la faim, dans sa cellule de la prison de type "F" de Sincan. A ce jour, des centaines de détenu-e-s étaient toujours en lutte contre leur placement dans les cellules de torture blanche de type F. Suite à l'assaut des flics et militaires contre les prisonnier-e-s en lutte barricadé-e-s dans les dortoirs, qui a fait 31 mort-e-s ainsi que de nombreux blessés, environ 1200 détenu-e-s ont été placé-e-s dans les prisons équipées de quartier d'isolement de type F, où la résistance n'a pas faibli. A la grève de la faim limitée et solidaire d'environ 1500 autres prisonnier-e-s était venue s'ajouter une initiative similaire de la part des familles à l'extérieur depuis plus de 100 jours. L'État turc répond par l'ultra violence contre toute tentative des prisonnier-e-s de s'organiser contre leur anéantissement, aucune concession n'est faîte bien que de nombreux détenus soient au seuil de la mort, que les symptômes de la plupart d'entre eux/elles indique une dégradation dramatique de leur état de santé (insomnie, vertige, sang dans les urines, endommagement des principaux organes internes etc.). Il y a urgence. Un rassemblement s'est tenu le samedi 24 mars Place de la République à Paris. Sous une pluie battante, plusieurs centaines de personnes ont manifesté leur opposition aux prisons cellulaires et leur soutien aux 500 grévistes. - brèves - - NICE : les cinq militants de la FA-CNT de Lyon et St-Etienne inculpés après les manifestations de Nice en décembre ont été relaxés lors de leur passage le 1er mars devant le tribunal correctionnel de Nice. Interpellés le 7 décembre à 7h00 du matin après avoir stoppé pacifiquement un véhicule "officiel", qui circulait sans escorte policière sur une voie piétonne, ils avaient été placés en garde à vue et accusés d'entrave à la circulation. - BARCELONE : dans la matinée du 7 mars a eu lieu dans le quartier de Gracia un attentat fasciste contre le Centre Social Occupé "Puig Antich". Des inconnus ont lancé des cocktails molotovs, la porte d'entré du squat a été complètement carbonisée. Les personnes qui dormaient à l'intérieur se sont réveillées et se sont rendues compte que la police national et des groupes de la police secrète, déjà présents sur les lieux, étaient bien plus occupés à ficher les occupant-e-s qu'à constater le sinistre. Le Centre Social Occupé Puig Antich fait savoir que le milieu squatteur du quartier est victime ces derniers temps d'une véritable campagne d'agression politique et d'intoxication médiatique. - PROCÈS FTP : suite à la lourde condamnation à l'encontre des inculpés du groupe activiste et antifasciste "FTP" par le tribunal correctionnel de Marseille (5 ans pour Yves Peirat ; 18 mois dont 14 avec sursis pour William Ferrari qui a déjà effectué sa peine en préventive ; relaxe pour Albert Peirat), Yves a décidé de faire appel. "Appliquer de telles sanctions contre des militants antifascistes revient à encourager l'extrême droite à aller plus loin dans son arrogance et à occuper le terrain de la vie publique pour le pénétrer consciemment de ses perversions intellectuelles. Une réaction salutaire de tous les démocrates s'impose. L'appel à ce verdict, qui est la première réponse politique, est engagée par Yves Peirat qui ne souhaite pas que je le suive dans cette procédure. Je respecte cette décision et je poursuivrai ma solidarité, en étant plus délié, à travers la plus large mobilisation possible pour la dignité de tous les antifascistes." (William Ferrari) - ITALIE : le vendredi 22 décembre, les carabiniers ont arrêté l'anarchiste Antonio Budini à bord d'une voiture volée, dans les environs de Trento. Son domicile ainsi que ceux de plusieurs de ses compagnons ont été perquisitionnés presque immédiatement après l'arrestation. Résultat : Antonio est inculpé pour vol de voiture ainsi que d'association subversive pour lui et six autres personnes. Son courrier est très censuré et Antonio a demandé à ce qu'on ne lui écrive pas pour le moment. La préventive risque d'être longue, aucune date n'est fixée pour le moment pour le procès. - GRÈCE : le 8 mars, 3 bombes artisanales ont été placées devant deux banques et devant le siège d'une chaîne de télévision à Saloniki. Quelques heures plus tard, deux anarchistes, T. Fourlis et T. Ginalas, ont été arrêtés et accusés d'avoir placé ces engins explosifs. Ces arrestations sont basées sur la foi de déclarations de policiers qui affirment les avoir "reconnu", et les avoir "vu" agir de façon suspecte. Les flics leur ont arraché des cheveux de la tête pour procéder à une expertise d'ADN, une pratique de plus en plus répandue en Grèce depuis l'introduction des dernières lois antiterroristes. Un journal a annoncé dans ses colonnes que les deux compagnons étaient passées aux aveux, ce qui n'est pas vrai. - SANS-PAPIERS : suite à la seconde occupation de l'église St-Bernard à Paris, le 4 février, qui s'est achevée vers 21h, les choses ont pris une tournure bien pire que ce qu'on a voulu nous faire croire : après négociation et promesse du ministère de recevoir une délégation, les sans-papiers sortaient pacifiquement et se retrouvaient au milieu d'un véritable guet-apens : 2 blessés (bras cassé et côtes fêlées pour l'un, nez éclaté à coup de matraque pour l'autre) ; interpellation des 91 occupant-e-s et placement en camp de rétention de 11 d'entre eux/elles. - ÉVASION : dans la matinée du 24 mars, à la Maison d'Arrêt de Draguignan, trois détenus, Jean-Félix Lecas, Abdelamid Carmous et Emile Fernassari, se sont fait la belle par la voie des airs... - LES PROCÈS SE POURSUIVENT CONTRE LES SURSITAIRES INSOUMIS : suite à la réforme de l'armée et sa transformation en une armée professionnelle, il reste les cas des quelques 300 000 personnes nées avant 1979 et qui sont toujours soumises aux obligations nazionales. Nous parlions dans le bulletin 24 du cas de Sylvain Didry, passé en procès le 8 février pour refus d'obéissance. Les procès contre les insoumis se sont poursuivis durant le mois de mars : ainsi, le 6 mars, c'est Lionel Ernatus qui passait en procès pour "désertion". Le 19 mars, c'était au tour de Nito de passer devant le tribunal de Pau. Le collectif Sans Nous continue d'attirer l'attention sur ces procès, et poursuit sa mobilisation pour organiser le soutien aux réfractaires, déserteurs, insoumis. Contact : Sans Nous, BP 384, 75626 Paris Cedex 13. Site Web : http://www.sans.nous.org - BAYONNE : le 1er février, 4 manifestants du contre-sommet européen du 13 octobre dernier étaient poursuivis pour "destructions de biens d'utilité publique et dégradation volontaire..." Il leur est attribué la dégradation d'un autobus. Ce qu'ils nient. 3 mois de prison avec sursis sont requis, ainsi que 4 ans d'interdiction de territoire pour les 3 habitant la Pays Basque sud. Verdict le 1 Mars. - MADRID : Le 2 février, Aratz Gomez et Arkaitz Saez, deux jeunes originaires du pays Basque nord, passaient en procès devant l'Audiencia Nacional. Ils sont accusés d'avoir tenté de voler une machine servant à faire des plaques d'immatriculation à Irun en novembre 1999. Ils avaient tous deux dénoncé les tortures subies lors de leur garde à vue au secret dans les locaux de la police espagnole. Le procureur a requis contre eux 18 ans de prison pour " appartenance à bande armée ". Quelques adresses (des revues/feuilles d'infos sont disponibles à la plupart des adresses suivantes) - ABC/CNA Buenos Aires, C.C. 3411, C1000WBI, Buenos Aires, Argentine. - ABC-Melbourne, Po Box 199, East Brunswick, 3057 Victoria, Australie - ABC-Innsbrück, LOM, Postlagernd, 6024 Innsbrück, Autriche - ABC-Gent (ne pas mentionner "ABC" sur l'enveloppe), Po Box 244, 9000 Gent, Belgique - ABC-Berlin, Bambule, Thomas Weissbeker Haus, Wilhelmstr. 9, Berlin Kreuzberg, Allemagne - ABC/CNA, Paseo Alberto Palacios 2, 28021 Madrid, Espagne - ABC/CroceNeraAnarchica, Mattia Bertoni, C.P. 10, 41100 Modena, Italie. - Tout Le Monde Dehors, TCP, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris Cedex - APAPC, BP 6, Saint-Gilles 1, 1060 Bruxelles, Belgique - CASAIE, 3 rue de Pelleterie, 26000 Valence - Comité de Lutte Contre la Barbarie et l'Arbitraire, 777 bd des Nations-Unis, 13300 Salon de Provence - DU RU TY, Traou An Dour, 22140 Kermoroc'h, Breizh - AFAPP, A.C. 3205 P.K., 01080 Vitoria-Gasteiz, Espagne - Pagine in Rivolta c/o MBE, Via Francisco da Paola 12/B, CP 151, 10123 Torino, Italie L'Anarchist Black Cross est une fédération internationale de groupes autonomes dont le but est l'abolition définitive du système carcéral. Nous n'y arriverons pas du jour au lendemain et l'ABC propose dans un premier temps une soutien aux prisonnier-e-s anarchistes, gauchistes, révolutionnaires, sans-papiers, victimes d'agressions racistes, sexistes, policières (emprisonnées pour s'être défendues), victimes de faux témoignages ou de machinations politico-judiciaires, etc. Nous encourageons les lectrices et lecteurs à écrire aux prisonnier-e-s, nous collectons des fonds pour apporter un soutien financier aux détenu-e-s ou pour les aider à couvrir les frais de défense, nous diffusons des infos sur un bulletin mensuel et sur la feuille d'info Maloka, nous organisons des actions de solidarité. Contactez-nous pour recevoir des tracts de présentation, des bulletins précédents, ou tout simplement pour en savoir plus. ABC-Dijon, Maloka, BP 536, 21014 Dijon Cedex, France E-mail : maloka@chez.com Site Web : http://www.chez.com/maloka/