Ci-dessous, le bulletin 29 de la Croix Noire Anarchiste dijonnaise : BULLETIN ABC/CNA-Dijon # 29 - juillet 2001 - gratuit, dons appréciés soutien : chèque à l'ordre de Maloka "Si l'innocent-e mérite notre solidarité, le/la coupable la mérite encore plus" Bonjour, nous publions à nouveau un maximum d'infos dans le présent bulletin, l'actualité carcérale internationale ne connaissant quant à elle pas de vacances. Suite à une réunion internationale des groupes du réseau ABC qui s'est tenue récemment, nous pensons reclarifier quelques points et mieux nous présenter. Nous rappelons que vos contributions sont les bienvenues, que la limitation de ce bulletin à l'information est davantage la conséquence d'un manque de temps qu'une volonté. Les textes de fond sont donc les bienvenus, du moment qu'ils s'attaquent sans compromis à la prison. - Les crimes de l'Etat turc se poursuivent - La lutte des prisonnier-e-s politiques Turcs et Kurdes contre les prisons de type F se poursuit. En réponse à la résistance entreprise par les détenu-e-s et leurs familles à travers le jeûne jusqu'à la mort et des grèves de la faim tournantes, le gouvernement Turc se rend coupable du nombre croissant de morts qui touche désormais les prisonnier-e-s aussi bien que leurs familles en refusant en bloc toute négociation. Sous couvert de vouloir "les sauver", le régime cherche à gagner du temps pour taire la résistance des prisonnier-e-s en les nourrissant de force dans les hôpitaux, dans l'espoir que le mouvement s'essouffle de lui-même. Alors qu'il sait pertinemment que la seule issue possible sera de prendre en considération les revendications du mouvement, le gouvernement s'obstine à nier sa responsabilité dans le lent génocide qu'il dirige avec l'appui des institutions européennes. C'est à hauteur de 101,8 millions d'euros que ces dernières continuent de subventionner les tortionnaires qui prévoient, pour démontrer de leur volonté à trouver une solution au conflit, la construction de 5 autres nouvelles prisons cellulaires dite de type F. Le 16 Juin, au 240ème jour du mouvement du jeûne de la mort, le prisonnier politique Veli Gunes est décédé. Détenu pour son appartenance au DHKP-C et membre de la première équipe de grévistes, il avait été transféré à la nouvelle prison de Kandira après l'assaut du 19 décembre, où il avait continué son jeûne. 45 jours avant sa mort, les autorités avaient décidé de le nourrir de force après l'avoir transféré à l'hôpital d'Izmir où il est mort. Le 26 juin, c'est la prisonnière Aysun Bozdag, également membre de la première équipe de grévistes, qui décède à l'hôpital de Kartal (Istanbul), après 250 jours de grève. Elle est la 25ème victime de cette lutte. Mercredi 4 juillet au soir, Mahmout Gokhan Ozocak est décédé, il est le vingt-septième gréviste de la faim mort dans la lutte qui oppose les prisonnier-e-s politique à l'état Turc. Mahmout avait commencé son jeûne en prison alors qu'il purgeait une peine pour son "appartenance à un groupe politique d'extrême gauche". 500 prisonnier-e-s en jeûne de la mort, plusieurs centaines en grève de la faim tournante ainsi qu'une centaine de membres de leurs famille en grève illimitée ou tournante sont toujours impliqués contre l'Etat Turc et sa volonté de maintenir la réforme prévoyant les prisons cellulaires afin "d'humaniser" soi-disant le système pénitentiaire, alors qu'il s'agit ici de briser les collectifs de prisonnier-e-s afin de mettre en oeuvre une nouvelle forme d'anéantissement des prisonnier-e-s politiques. A ce bilan provisoire s'ajoutent les 28 prisonnier-e-s assassiné-e-s lors de l'assaut du décembre, soit 53 prisonnier-e-s décédés, sans parler des 5 membres de famille morts suite à leur grève solidaire et le nombre inestimable de disparus. Anarchiste turc en grève de la faim Dervis Orhan a été emprisonné en 1990 pour appartenance au PKK. En 1995, il quitte le PKK et, de manière "idéologie", se définit dès lors comme "anarchiste". Il a encore 26 années à passer en prison. Il y a plus de 4 mois, il a commencé une grève de la faim avec une liste de revendications - la plupart contre les pressions et la violence du gouvernement turc vis-à-vis des prisonniers. Dans sa note, il attire l'attention sur le fait que d'autres mouvements politiques ont leurs propres revendications pour mettre un terme aux grèves de la faim mais lui, de façon personnelle, ne les approuve pas. Ainsi : "Parce que si je proposais quoi que ce soit sur le plan politique, ce serait uniquement et irrévocablement l'anéantissement de l'état ; c'est sûr, je ne demanderais rien de tel pour 'eux'." Il a poursuivi sa grève de la faim pendant 125 jours (avec une interruption de 5 jours au bout du 50ème) jusqu'au 29 juin et l'a interrompu il y a quelques jours bien que ses revendications n'est pas été entendues ; c'est pourquoi, il se peut qu'il reprenne la grève de la faim. Pour les messages de solidarité : Dervis Orhan Mersin E tipi Kapal\u? Cezaevi B/6 Kogusu Mersin / Turkey - Déclaration de grève du collectif de prisonniers politiques d'Arles - Du 20 au 27 mai, plusieurs prisonnier-e-s politiques d'Europe signataires de la Plate-forme du 19 juin 1999 ont mené une grève de la faim collective en solidarité avec les prisonniers révolutionnaires de Turquie. Cette grève s'achevait d'ailleurs le même jour que la grève tournante entamée par les prisonnier-e-s des GRAPO et du PCE(r) détenus à Fresnes et Fleury-Mérogis. C'est donc au 233ème jour du "jeûne jusqu'à la mort", le 28 mai, que le collectif de prisonniers politiques d'Arles se mettait en grève de plateau tournante pour finalement mettre un terme à leur action le 2 Juin dernier. Voici leur déclaration de grève : "SOLIDAIRES DE LA RESISTANCE DES PRISONNIERS REVOLUTIONNAIRES EN TURQUIE" "Depuis le 20 octobre 2000, plus de 1000 prisonniers révolutionnaires turcs et kurdes et 300 membres de leurs familles à l'extérieur sont en grève de la faim jusqu'à la mort. Ce mouvement répond à la mise en service des prisons de type F. Sous couvert de la modernisation et de l'humanisation des établissements pénitentiaires, le régime turc tente d'introduire l'isolement comme système de destruction des collectifs de prisonniers révolutionnaires et des militants eux-mêmes par la torture blanche et les agressions physiques. Cette grève de la faim est le fer de lance du mouvement de résistance au programme des assassins. Et à ce jour, plus de vingt grévistes sont morts, plusieurs centaines sont hospitalisés entre la vie et la mort. Face au silence de la collaboration et des intérêts supérieurs de l'intégration de la Turquie au système de commandement de l'OTAN, à la CSCE et ses rapprochements avec l'union européenne, nous répondons où nous nous trouvons par la solidarité et par la dénonciation du régime fasciste turc autoproclamé démocratique. Déjà de nombreux prisonniers politiques et sociaux ont déclenché des mouvements de lutte dans différentes prisons de l'Etat français. Aujourd'hui en tant que collectif des prisonniers politiques d'Arles, nous entreprenons une semaine de lutte jusqu'au 2 juin. Avec les prisons de type F, le régime turc a le but de désolidariser et de détruire les collectivités de résistance des révolutionnaires emprisonnés à l'intérieur des prisons ainsi que les liens avec les mouvements de guérilla à l'extérieur. Pour cela, il est prêt à aller jusqu'aux massacres comme les différentes opérations militaires l'ont déjà démontré au cours de ces vingt ultimes années. Le gouvernement turc frappe fort les détenus car, comme tous les régimes réactionnaires, il sait qu'en écrasant la collectivité des révolutionnaires emprisonnés, il gagne une victoire fondamentale dans la lutte contre l'ensemble du mouvement révolutionnaire. Les 19, 20 et 21 décembre dernier marquent d'une pierre sanglante cette stratégie. 28 prisonniers furent assassinés lors de l'assaut des prisons. Pourquoi un tel acharnement à écraser la lutte révolutionnaire dans ce pays ? Parce que la Turquie assume un poids géostratégique considérable dans la région Caucase Proche Orient. Entre autres, sa situation est essentielle à la création et à la préservation de nouvelles voies pour les matières premières soutirées aux républiques de l'ex-URSS. De plus, cet Etat n'est pas un simple porte avion de l'OTAN indispensable lors des conflits dans cette région comme cela fut le cas dans la guerre contre l'Irak. Il joue un rôle actif et direct dans les divers conflits caucasiens, en épaulant les alliers naturels de l'occident, comme il le fait au sud en passant des accords de défense avec l'Etat colon d'Israël contre le mouvement de libération palestinien et arabe. Sans compter la répression du PKK qui lui a permis d'intervenir contre le peuple kurde hors de ses frontières. Ce que nous devons comprendre c'est que tout affaiblissement de la Turquie est un pas en avant pour tous les mouvements de contestation dans la région. Etre solidaire des prisonniers turcs c'est déchiffrer cet enjeu, c'est saisir la centralité de la lutte révolutionnaire en Turquie pour nous tous en Europe. Nous sommes solidaires des revendications des prisonniers turcs et kurdes : -Suppression des prisons de type F. -Abolition des lois antiterroristes et dissolution de la Cour de Sûreté de l'Etat. Car elles renvoient à nos propres luttes ici dans cet Etat contre l'isolement dans les QI, contre la 14ème section du parquet, contre les cours d'assises spéciales et plus généralement contre les lois spéciales de septembre 1986. Mais la solidarité avec les prisonniers turcs en lutte n'est pas seulement une solidarité de prisonniers révolutionnaires à prisonniers révolutionnaires, c'est l'expression d'une conscience en devenir qui se construit combat après combat, pas à pas dans la collectivité de la lutte ensemble, au-delà des frontières, au-delà de nos histoires particulières et qui seule nous permettra d'affronter la globalisation de la dictature des monopoles transnationaux sur le terrain de la transformation révolutionnaire, de la destruction de l'impérialisme et des dernières traces du colonialisme. Arles, le 28 mai 2001 Collectif des prisonniers politiques : Antoine Adami, Frédéric "Txistor" Aranburu, Max Frérot, Gaby Mouesca, Ramuntxo Naveiro, Jean-marc Rouillan. - A propos des récents événements survenus A Fresnes... - On l'a entendu : la prison sort de l'ombre. D'abord ce fut le bouquin de la médecin-chef Lavasseur qui a ramené le débat sur l'arène publique. Depuis, les émissions de radio, les articles dans la presse, les bouquins sur la détention en France et ailleurs se sont multipliés à une vitesse ahurissante. La tentative d'évasion manquée et la prise d'otage effectuées par deux détenus longue peine de la maison d'arrêt de Fresnes est revenu ajouter de l'huile sur le feu. Mais les grands discours teintés d'humanismes débités par des spécialistes de l'enfermement ne font qu'occulter l'arrivée prochaine d'une série de mesures sécuritaires qui ne règleront en rien le problème de la prison, dont on voudrait nous faire croire qu'il vient d'apparaître. Toujours le même procédé : derrière le masque d'un débat pseudo démocratique se cachent des méthodes toujours plus inhumaines qui légifèrent, codifient, altèrent et détruisent toujours plus le comportement des détenus. Les faits divers qui viennent alimenter le débat plus ou moins public sur la prison sont analysés d'une façon inverse par rapport à ce qu'ils reflètent. A peu d'exception près, l'approche du malaise carcéral est très partielle et orientée dans le sens d'un fonctionnement moins scandaleux du pénitentiaire. La machine répressive n'est jamais observée dans sa globalité, n'est jamais considérée dans sa fonctionnalité à l'intérieur d'un système plus complet. Une société dont le fondement consiste à se nourrir d'inégalités sociales croissantes est obligée d'étendre sa définition de l'incarcérable pour se perpétuer et de ce point de vue, le débat sur la pénitentiaire, tant qu'il se limitera aux aspects les plus insupportables de la détention, n'est pas en mesure de dépasser le stade de l'émoi médiatique. On voudrait ne plus entendre parler de torture physique, de conditions de détention "incompatibles avec nos démocraties", comme si la torture se limitait à son aspect le plus sensationnel. Elle comprend un ensemble de méthodes largement plus vastes qui touchent les détenu-e-s dans leur intégrité mentale, psychologique et physique. Ce n'est pas en faisant disparaître le tabassage, les coups, la violence des gardiens, que les prisonnier-e-s seront moins coupé-e-s de leur environnement social, affectif, que les méthodes scientifiquement élaborées pour détruire les détenu-e-s cesseront de faire effet. L'isolement et la privation sensorielle ont un effet à long terme absolument dévastateur, qui n'a rien a voir avec une "incarcération à visage humain", comme si les types de tortures devaient être hiérarchisés en fonction de leur conformité avec les normes occidentales. L'incarcération sans douleur dans des prisons reluisantes pour les brigands, le contrôle électronique à distance pour les voyous, le silence de la majorité face à des méthodes de privation ou de limitation de liberté suffisamment subtiles pour ne pas heurter sa sensibilité, voilà le genre de tableau qui semble se profiler pour l'avenir. Finalement, c'est l'intérêt des inconditionnels de la démocratie à ne pas avoir mauvaise conscience qui est pris en compte, pas celui des prisonnier-e-s. Tracer une ligne de démarcation claire et imperméable par rapport aux instigateurs de techniques d'enfermement en symbiose avec la bonne conscience citoyenne est tout aussi indispensable qu'une lutte contre ses éléments les plus réactionnaires. Tous deux, par leurs divergences superficielles, participent à l'équilibre d'une institution toute puissante aux yeux de ceux qui délèguent à d'autres le pouvoir de décider à leur place. C'est bien vers une remise en cause totale de l'enfermement et du système qui enferme que nous devons nous diriger. Lutter contre la taule et non pour une taule démocratique. Attaquer la taule comme point de départ d'une critique globale des types de sociétés qui incarcèrent. A mesure que se creusent les inégalités s'étend l'arsenal légal et donc son corollaire carcéral. La prison est le grand mur qui doit nous empêcher de voir que nous vivons au milieu d'un gigantesque échec. On sait que l'on n'enfermera jamais bien, et que les techniciens du carcéral ne peuvent que répondre à la "crise des prisons" en développant les secteurs architecture et salubrité. Lorsque les gardiens se mettent en grève, on hurle à l'insécurité, on invite les représentants syndicaux à cracher leur venin contre les prisonniers. Sur le mitard, sur les humiliations, sur l'isolement carcéral, sur les mouvements, les luttes et les plates-formes des détenus, pas un mot ou presque. En dehors du flash aussi spectaculaire qu'éphémère qu'a représenté la tentative d'évasion de Fresnes, ce sont les grèves des matons qui ont ravivé le débat, alors que les deux détenus dont le geste représentait la seule perspective d'échapper à une mort lente et certaine sont retombés dans l'oubli collectif, dans la noirceur du cachot du quartier disciplinaire. Beaucoup de détenu-e-s rappelent à ceux/celles qui veulent bien les écouter qu'on ne considère jamais la tentative d'évasion pour ce qu'elle a de plus simple : il est normal qu'un être humain enfermé et soumis à un traitement dégradant et humiliant tente de s'échapper. Il s'agit de survie. Et aucune prison ne changera ce principe, vieille ou nouvelle, sale ou aseptisée. Quand on dissuade par la force un prisonnier de s'évader, il est normal que celui-ci ait recours à des moyens mettant en danger ceux qui gagnent leur vie en pourrissant celle des autres. Les matons ont le droit de tirer sur les fugitifs, ils ont le droit de vie ou de mort sur les détenus, même hors du cadre d'une évasion car la justice est toujours complice du bourreau, surtout quand il porte un uniforme. Mais gare à l'esclave qui se retourne contre le maître ! La prison en temps qu'expression maximale de l'écrasement par la loi de l'individu, figure symboliquement au premier rang des institutions à abattre. Le besoin de s'en débarrasser est constant et non le produit d'une conjonction ponctuelle de facteurs qui occasionnent les faits divers dont les médias sont si friands. A nous d'être à l'écoute de ceux qui, dedans, s'organisent et luttent, à nous de rejoindre la masse des indésirables qui, dedans ou dehors, rappellent que tant qu'il y aura des lois, il y aura des révolté-e-s. Quant à la tentative d'évasion des détenus de Fresnes, nous la saluons avec pour seul regret le fait qu'elle ait échoué. A bas toutes les prisons !! Solidarité avec les détenu-e-s !! Des Anarchistes - Grèce : grève de la faim solidaire de Nikos Maziotis - "Méprisant la mort, les camarades emprisonnés Turcs et Kurdes continuent leur lutte contre les nouvelles cellules d'isolement. Tandis que les "démocraties" capitalistes d'Occident, y compris l'Etat grec qui impose une loi anti-terroriste sous la pression des Etats-Unis, sont tous naturellement complices des crimes perpétrés par l'Etat Turc, de nombreux prisonnier-e-s révolutionnaires d'Europe (du PCE(r) et des GRAPO en Espagne, d'Action Directe en France ou encore des Cellules Communistes Combattantes en Belgique) ont exprimé en même temps leur solidarité avec les camarades Turcs et Kurdes en menant une grève de la faim tournante de quelques jours chacun débutée en Avril et qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Après la grève de la faim symbolique de 5 jours que j'avais menée en Décembre 2000, je participe cette fois du 9 au 13 Juin à ce mouvement international de grèves de la faim en solidarité avec les camarades Turcs et Kurdes. Parce que les prisons, l'isolement, les tortures, les lois anti-terroristes et la répression sont tous utilisés par l'ensemble des Etats et des gouvernements. Parce que la Révolte contre l'Etat, le Capital et le Nouvel Ordre est Légitime. Parce que la Solidarité est notre arme". Le 9 Juin 2001, Nikos Maziotis, Prison de Koridallos, Athènes, Grèce - Feux aux vautours! - Mardi 19 Juin est mort Mario Deiana. Les médias disent qu'il s'est jeté sous un pont. Ceci devrait être la fin d'une histoire plutôt étrange, commencée le dimanche précédent avec la nouvelle d'un incendie qui s'est développé sur un wagon d'un train eurostar. La reconstruction des faits réalisée par les flics et les journalistes, veut que Mario soit un fou terroriste (1) qui avait l'intention de faire un massacre et comme conséquence "logique" de son geste il se serait ensuite suicidé, ce que quelques journaux avaient déjà prophétisé. Selon eux il n'aurait pas pu y avoir d'autre fin à cette histoire, le fou devait disparaître, libérer la société de sa présence inutile et dangereuse, et encore mieux en se suicidant, en enlevant ainsi le devoir et l'ennui aux flics, magistrats et opérateurs sociaux, de devoir l'éliminer légalement derrière les murs d'une taule ou d'un hôpital psychiatrique. Entre autre ce n'est bien sûr pas la première fois que les habituels vautours se jettent sur une affaire de ce genre, en déchiquetant et calomniant la victime du moment, en élargissant les infamies même à ceux qui ont été ses camarades (vrais ou faux). A la nouvelle de l'incendie, il y a eu les habituelles dissociations de la part de qui veut à tout prix se donner le rôle de bon coté du mouvement face à l'opinion publique, aux journaux et aux institutions dont ils n'hésitent pas à bénéficier de contributions et d'espaces qu'ils ont même le culot de définir comme occupés. Les mêmes personnages qui à la mort de Mario se sont redécouverts ses camarades, en ont profité pour dénoncer un coup monté à l'égard de leur image. Parmi d'autres choses il a été dit et écrit que Mario fréquentait les anars et qu'il en aurait été éloigné à coups de poings : aucun anar n'a jamais éloigné Mario. Certains d'entre nous se souviennent de lui dans les luttes pour les occupations (les vraies !) de maisons à Bologne. Les autres qui n'ont pas eu l'occasion de le connaître se sentent, de toutes façon, solidaires avec son histoire, proches de ses sentiments de rébellion, enragés par la façon dont il a été utilisé par cette partie de la société que lui détestait. C'est pour cette raison que nous avons voulu nous aussi nous exprimer sur cette affaire, simplement pour ne pas la laisser dans les mains de ses ennemis. Les ennemis de chaque individu amoureux de la liberté qui ne veulent et ne peuvent trouver leur petite place à l'intérieur d'une société-taule. Individualités anarchistes. Nota di traduzione : (1) en français, le mot "attentatore" n'existe pas, c'est pourquoi il a été remplacé par le mot "terroriste", même s'il ne signifie pas exactement la même chose. - Les autorités allemandes maintiennent l'isolement contre Thomas Meyer-Falk - Les brimades continuent à l'encontre de Thomas Meyer-Falk, comme si 4 ans passés en isolement ne constituaient pas en soi un châtiment aux yeux des autorités. En dernière date, Thomas s'est vu interdire la perception des 20 marks que lui versait chaque mois sa grand-mère afin qu'il puisse acheter les fruits supplémentaires nécessaires à son apport en vitamines. Sous prétexte que Thomas a des dettes envers les tribunaux, c'est désormais à sa santé que les chiens de garde s'attaquent, en plus des conséquences physiques inévitables qu'entraînent l'isolement carcéral. Thomas a demandé à faire des tests sanguins pour savoir s'il souffre de déficience en vitamines, ce qui lui a été refusé sèchement pour la bonne raison qu'une telle opération serait trop coûteuse! On lui remit alors des tablettes sensées "suffir", sans pour autant que Thomas soit autorisé à connaître l'origine aussi bien que l'effet de ces compensateurs. Cette nouvelle atteinte sur la personne de Thomas s'ajoute aux innombrables brimades dont il fait l'objet depuis le début de sa détention, parce qu'il refuse le chantage des autorités visant à l'empêcher de militer en prison et ainsi de préserver son intégrité politique. Il a pour ces mêmes raisons déjà été condamné à des peines supplémentaires et risque fortement d'être détenu pendant de nombreuses années encore une fois sa peine purgée, à cause de la "détention provisoire de sécurité" appliquée à son encontre. Voici le récent appel qu'il nous adresse : "Cher-e-s ami-e-s et camarades! Comme certain-e-s d'entre vous le savent déjà, je suis détenu dans les prisons allemandes depuis octobre 1996, parce que j'ai essayé de récolter de l'argent pour la lutte révolutionnaire en braquant une banque. Lors de ce braquage, personne n'a été blessé physiquement. Néanmoins, la justice allemande m'a condamné à purger 11 ans et demi de prison, assortis d'une détention provisoire de sécurité, ce qui revient au même que la prison à perpétuité (1). Cette punition m'a été imposée du fait que je suis resté fidèle à mes convictions face aux tribunaux, déclarant le procès illégal et approuvant la légitimité de la violence politique. Cela fait maintenant depuis octobre 1996 que je me trouve en isolement strict, avec seulement quelques interruptions en 1998. J'étais tout d'abord détenu à la célèbre prison de Stammheim où des camarades avaient été salement assassinés en 1977 (2), alors que cette affaire toute entière avait été présentée comme un suicide. Je me trouve désormais détenu en isolement à la prison de Bruchsal depuis 3 ans. Je fais l'objet d'une censure stricte du courrier (les contacts avec le réseau de l'Anarchist Black Cross par exemple m'ont été interdits, de nombreuses lettres envoyées par des camarades m'ont été confisquées, sous prétexte que ces échanges auraient "une mauvaise influence" sur moi), l'autorisation de recevoir des paquets m'a été supprimé, pas d'autorisation pour regarder la TV, pas d'argent supplémentaire pour acheter à manger, et bien d'autres restrictions encore. A travers la censure stricte du courrier, tout dialogue ou discussion politique avec des camarades sont rendus impossibles. Le système judiciaire allemand agit ici en prolongement de l'hostilité manifestée sous le règne d'Hitler à l'égard des anarchistes et des socialistes. Bien entendu, les méthodes d'aujourd'hui sont plus subtiles! En revanche, les prisonnier-e-s fascistes se voient accorder des privilèges : sans aucun problème, on leur remet leurs écrits incendiaires et ainsi, on les laisse agir au nom de leurs convictions méprisantes pour l'humanité. Il n'y a pas lieu de se poser des questions au sujet de cette attitude, et ce d'autant plus que le fascisme n'a pas été vaincu en 1945. Le néo-fascisme a survécu et s'est développé dans l'économie, les partis politiques et les autorités, en particulier au sein du système judiciaire. Un exemple accablant de ces faits est l'attitude honteuse du gouvernement à l'égard des slaves du Troisième Reich. L'Etat allemand persiste à refuser d'indemniser les quelques travailleurs slaves encore vivants tant qu'il n'y aura pas de preuves permettant la poursuite du capital allemand aux Etats-Unis. On se moque des victimes du fascisme de la manière la plus déshonorante. Tandis qu'on fait ouvertement campagne pour des partis fascistes tels que le DVU et que les Républicains se font subventionner par l'Etat -même le NPD continue à être subventionné!- la justice se refuse à soulever le silence sur la suppression du parti communiste ou celle du PKK (3). Tout cela montre clairement avec quelle force les idées fascistes sont implantées dans le gouvernement et le système judiciaire allemands, malgré le démenti des politiciens qui revendiquent le contraire. La torture dans les prisons en tant que mesure dans la vie quotidienne doit être comprise en relation avec ce passé. Je suis confronté à des poursuites supplémentaires pour avoir accusé dans certains écrits des politiciens et des juristes allemands d'être des "nazis mal camoufflés" et de comportement fasciste. L'appel urgent que je vous lance : protester par des lettres, des faxes et d'autres formes d'action (les camarades de Dijon ont, pour citer un exemple, rendu visite au consulat allemand) contre l'isolement carcéral et contre toute autre poursuite politique à mon encontre. Adressez-vous aux corps suivants et/ou aux ambassades allemandes en demandant : a) la suspension de mes procès : -Richter Flick, Amtsgericht, 76125 Karlsruhe, Allemagne. Fax : (0049)-721-9266647 (l'indicatif depuis l'Espagne est le 0749). -Oberster Staatsanwalt, Staatsanwaltschaft, 76024 Karlsruhe, Allemagne. Fax : (0049)-721-9265005 (Aktenzeichen : 50Js 7482/99) -Generalstaatsanwalt, Hoffestrasse 10, 76133 Karlsruhe, Allemane. Fax : (0049)-721-92-65-004 (en précisant :"Aktenzeichen : Meyer-Falk/StA Karlsruhe") b) la suspension immédiate de l'isolement et de la censure du courrier politique : -Ministerialdirektor Steindorfner, Aktenzeichen : 4514E - 343/97. Fax : (0049)-711-27-92-264 -JVA (Gefängenis), Direktor Müller. Fax : (0049)-7251-788299 Thomas Meyer-Falk : Zelle 3177, Schönbornstrasse 32, 76646 Bruchsal, Allemagne - thomas_m_falk@yahoo.de (1) La "détention provisoire de sécurité" consiste en l'application d'une loi datant de 1933 qui "autorise la mise en place de mesures de sécurité et d'éducation à l'encontre de délinquants dangereux et récidivistes". Cette loi permet de punir les prisonnier-e-s par le biais de périodes de détentions supplémentaires appliquées une fois leur peine purgée, pendant un laps de temps d'un maximum légal de 10 ans. Tous les 2 ans, une commission décide de la suspension ou de la continuation de la détention provisoire en fonction "de la bonne coopération et de l'attitude générale du détenu" (2) Thomas fait ici référence aux prisonnier-e-s de la Fraction Armée Rouge (RAF) (3) Parti des Travailleurs du Kurdistan, fortement implanté mais interdit en Allemagne Nous signalons qu'une manifestation de solidarité avec Thomas Meyer-Falk se tiendra devant la prison de Bruchsal le 27 juillet 2001. Vous pouvez nous contacter pour en savoir plus. Prisonnier-e-s politiques basques -Communiqué de Gureak-Senideak : Unai Parot passé à tabac jusqu'à perte de connaissance - Unai Parot, prisonnier politique basque, a été, hier 28 mai, passé à tabac par les fonctionnaires de la prison d'Alcolea, Cordoba, où il est actuellement incarcéré. Même s'il se trouve officiellement dans ce qu'ils appellent "module résidentiel n°15", Unai parot est en fait en isolement, malgré un changement fréquent de "galerie", une fois tous les quinze jours environ. Hier, lundi 28 mai, lorsqu'un fonctionnaire l'informa qu'il devait, de nouveau, changer de "galerie', le prisonnier politique basque lui répondit que c'était lui le coupable de ce changement. Devant cet état de fait, le fonctionnaire passa les menottes à Unai Parot, le menaça, l'insulta et le traîna jusqu'au module "FIES" où ils le laissèrent pendant 4 heures. Au bout de 4 heures, un groupe de 7 fonctionnaires vinrent et le passèrent à tabac dans la galerie jusqu'à ce qu'il perde connaissance, lui laissant des marques et des traces sur tout le corps. Puis, bien qu'Unai demanda à voir un médecin légiste, les gardiens lui répondirent, ne faisant aucun cas de sa demande, que le médecin l'avait déjà ausculté. Devant cette situation insupportable, l'association Gureak-Senideak veut exprimer sa colère. Ceci est une violation flagrante du droit. Ce n'est pas la première fois que les fonctionnaires de prisons espagnoles emploient de telles méthodes envers les prisonniers politiques basques. Ces derniers, que ce soit dans les prisons ou au tribunal, subissent régulièrement ce genre d'agressions, qui sont l'une des facettes du traitement spécial qui leur est imposé. Alors même que les pouvoirs publics espagnols ne reconnaissent pas le caractère politique des prisonniers basques, dans la vie quotidienne il est clair que le traitement qui leur est imposé est totalement différent de celui des prisonniers de droit commun. Aucune intégrité physique ou psychologique ne leur est garantie et leurs droits sont régulièrement violés. En plus de la privation de liberté, ils doivent également faire face à la privation de leurs droits, et nous n'entendons aucune déclaration sur cet état de fait de la part de ceux qui parlent tant des droits de l'Homme. Que devons-nous faire face à cette situation ? Devons-nous encore une fois nous taire ? Pouvons-nous penser régler le problème politique qui existe en Pays Basque en faisant le silence sur la réalité des faits ? Afin d'offrir à nos parents un semblant de sécurité et pour en terminer avec ces pratiques il est important et urgent d'obtenir le rapprochement des prisonniers politiques basques. EUSKAL PRESOAK EUSKAL HERRIRAT ! Pays Basque, le 29 mai 2001. Neuf ans après son arrestation en France Une demande d'extradition a été déposée par le gouvernement espagnol (13 juin) à l'encontre de Mikel Gil Cervera réfugié à Rennes lors de son arrestation en 1992. La particularité de cette demande d'extradition est qu'elle intervient alors que Mikel Gil Cervera est resté près de 8 ans dans les prisons Françaises, que plusieurs extraditions demandées contre lui pendant cette période ont été accordées, mais que jamais il n'a été question de ce dernier dossier. Mikel Gil Cervera a été extradé en avril 2000, depuis un an il est dans une prison madrilène (soto del real), en attente de plusieurs jugements. L'Espagne se souvient subitement, neuf ans après son arrestation, un an après son incarcération dans ses propres geôles, qu'elle veut le juger, qu'elle n'a pas le droit de le faire sans en demander l'autorisation à la France... c'est déjà curieux. Mais plus encore quand on sait de quel dossier il s'agit. En effet, Mikel Gil Cervera est accusé d'avoir participé en décembre 1983, à un attentat revendiqué par ETA qui avait gravement endommagé la caserne de Bardenas, où il effectuait alors son service militaire. Construite sous le franquisme, cette caserne servait pour l'entrainement des pilotes américains basés en Espagne. Un symbole de la coopération hispano-américaine... L'attentat avait fait grand bruit et recueilli l'approbation basque et espagole opposée à cette coopération militaire. Un tribunal militaire avait condamné Mikel Gil Cervera par contumace à 90 ans de prison pour cette action. C'est également devant un tribunal militaire que le militant basque devra comparaître si l'extradition a posteriori est accordée par la France. Ce serait le premier procès militaire intenté contre un militant basque en Espagne depuis la mort de franco. Avec la complicité de l'état français... source : jakilea contact : CDDHPB, maison de la vie citoyenne polo beyris, 64100 Bayonne Iratxe Sorzabal a été torturée Arrêtée en Bretagne en novembre 1997, Iratxe avait été condamnée à 3 ans de prison dont un avec sursis. Peine assortie de 5 ans d'interdiction de territoire français. Le 28 octobre 1999, à sa sortie de prison, elle est expulsée et conduite en ambulance à la frontière de la Junquera (Iratxe en était alors à son 31ème jour de grève de la faim et ne pesait plus que 38 kilos pour 1m67!). La police espagnole n'avait alors pas osé la prendre en charge, étant donné son état de faiblesse. Sa famille l'avait fait hospitaliser à Barcelone avant qu'elle ne rentre libre, chez elle. Depuis ce jour, Iratxe est devenue porte-parole des Gestora pro Amnistia de Gipuzkoa, à Hernani, association de défense des prisonniers politiques basques. Elle a été arrêtée le 30 mars, dans le cadre de d'affaires liées à ETA, et placée en garde à vue 5 jours sous le régime de "l'incommunicabilité". À l'issue de cette garde à vue, elle était hospitalisée à l'hôpital de San Carlos de Madrid, avec 2 cervicales déplacées, un hématome de 10 cm de large du cou au coccyx, sans compter les traces de coups. Les policiers venus l'arrêter à Hernani pour la mener devant le juge Ismael Moreno, à Madrid, ont commencé à la frapper pendant le transfert : coups violents, simulacre d'asphyxie avec un sac en plastique. Arrivée dans les locaux de la guardia civil à Madrid, elle est accueillie par une double rangée de policiers qui la frappent jusqu'à la salle d'interrogatoire. À nouveau les coups, l'asphyxie puis les électrodes... Le lendemain, un médecin exige son transfert immédiat dans un centre médical, où elle subit des examens et une radio, qui prouvent les tortures dont elle a été victime. Mais elle est malgré tout renvoyée dans les locaux de la guardia civile. À la torture physique succède la torture psychologique. Ce qui n'a pas empêché le juge de faire incarcérer Iratxe à la prison de Soto del real. source : jakilea contact : CDDHPB, maison de la vie citoyenne polo beyris, 64100 Bayonne - Lettre d'un réfugié victime d'une tentative d'expulsion - Voici la lettre qu'Ibrahim Bah a envoyé au collectif anti-expulsion juste après avoir fait l'objet d'une cinquième tentative d'expulsion. "Bonjour Marie, J'ai mal en t'écrivant cette lettre juste après mon retour de l'aéroport. Je prends mon temps et réfléchis à ce qu'ils m'ont fait à Zaventem. Marie, crois-moi, cette fois-ci , ils essayent de me tuer. Ils ont commencé à la prison. Le jeudi à 7 heures, le chef ( le gardien ) est entré dans ma chambre et m'a dit que j'étais libre. Que je devais prendre toutes mes affaires. Après cela, j'ai été me changer. J'ai dit au chef que je voulais téléphoner, ils ont refusé. Ils ont dit que je pouvais pas téléphoner. Ils m'ont emmené à l'endroit où on peut parler avec son avocat. Dans la pièce, il y a avait des policiers. Ils m'ont menotté et ils m'ont attaché aux pieds et aux mains. Ils m'ont emmenés de force dans leur camionnette blanche. J'étais couché à plat ventre sur le plancher de la camionnette. Les policiers se sont appuyés sur moi. Ils m'ont aussi frappé au visage. Ils ont conduit jusqu'à l'aéroport. A l'aéroport, ils m'ont emmené en cellule d'isolement. Dans la cellule d'isolement, ils essayent de me tuer. Ils m'ont attaché. De toute ma vie, je n'ai jamais vécu un moment aussi dur ce jour-là. Mon sang s'arrêtait de couler dans mes veines. Je ne sentais plus mes mains. Ils ont continué à me frapper jusqu'à ce que j'urine du sang. Quand ils m'ont demandé de me taire, j'ai refusé. Ils ont essayé de mettre la mousse ( le matelas) sur moi pour que j'arrête de respirer mais un autre policier les a fait arrêter. Il disait que s'ils faisaient cela, ils allaient me tuer. Ils ont dit qu'ils allaient me tuer. Parce que je n'ai personne en Belgique, personne ne leur demanderait et personne ne le saurai. Après être resté attaché une heure dans la cellule d'isolement, ils m'ont aussi emmené de force dans la camionnette blanche jusqu'à l'avion et dans l'avion. Dans l'avion, ils me forçaient à m'asseoir et à m'attacher. Ils ont mis un coussin sur ma poitrine et un foulard dans ma bouche pour m'empêcher de respirer. Après une demi-heure, mes frères africains sont venus à mon aide comme tu es venue à mon aide. Ils se sont disputés avec la police pour me sortir de l'avion. Après quelques disputes, ils m'ont tiré de l'avion pour me ramener à la camionnette blanche. Dans la camionnette aussi, ils m'ont puni, marché sur ma tête. Ils m'ont ramené en cellule d'isolement. Ils disaient que si je refusais de partir, ils me tueraient. Parce que je suis un criminel. Je leur ai dit que je n'était pas un criminel mais un réfugié. Dans la cellule d'isolement, j'étais toujours attaché. Ils m'ont frappé. Ils ont dit qu'ils étaient fatigués de payer pour me nourrir. Que la Belgique, c'était fini, que je devais retourner en Afrique. Ils ont rigolés ; j'ai demandé à boire, un policier m'a dit d'ouvrir ma bouche pour qu'il puisse uriner dedans. Après quinze minutes, un médecin est arrivé et m'a demandé ce qu'il s'était passé. J'ai expliqué que j'avais mal. Il a dit qu'il allait revenir dans cinq minutes pour me soigner. Il n'est jamais revenu. Je suis resté attaché dans la cellule.d'isolement. Après quelques temps, ils m'ont ramené dans la camionnette pour me ramener à la prison. Maintenant, je suis à la prison. J'ai besoin d'aide. Si tu ne m'aide pas,je crois qu'ils vont me tuer.parce que je ne veux pas partir. J'ai le droit de rester en Belgique.Merci. Ibrahim Bah, Prison de Saint-Gilles" Nous signalons par ailleurs que le procès intenté contre Pascal Marchand, militant anti-expulsion, a été reporté au 23 novembre prochain, à la demande de ses avocats. Ceux-ci réclamaient que cette affaire soit jugée en même temps qu'une autre affaire dans laquelle Pascal est impliqué avec 17 autres militant-e-s anti-expulsion. Ils ont également évoqué leur intention de faire témoigner de nombreux témoins présents lors des deux manifestations visées par l'accusation (celle du 4 Octobre 1999 lors de l'extradition collective de nombreux Roms et celle du 21 Juillet 1998 lors de laquelle des prisonnier-e-s avaient réussi à s'échapper du centre de rétention de Steenokerzeel). La défense est également dans l'attente du jugement de la Cour européenne des Droits de l'Homme concernant l'extradition collective des Roms. Communiqué du collectif "Ne Laissons Pas Faire" "ACHARNEMENT CONTRE GEORGES CIPRIANI " Paris le 1er juin 2001 Le collectif Ne Laissons Pas Faire dénonce l'attitude scandaleuse du pouvoir envers le militant d'Action Directe Georges Cipriani incarcéré à la prison d'Ensisheim. Alors que celui-ci ne " bénéficie " que de... 2 parloirs attribués à des personnes résidant à l'étranger et pour lesquels il est difficile d'exercer un suivi dans la relation, une demande faite de longue date par une militante de notre collectif vient de recevoir une réponse négative. Le motif invoqué pour ce refus serait un rapport défavorable des renseignements généraux. Du grand guignol quand on connaît les péripéties qui ont précédé cet ultime refus : courrier égaré... convocation mal adressée ou jamais arrivée etc. Pour notre part, il est clair que ce nouveau coup bas est la démonstration éclatante que le pouvoir veut garder Georges Cipriani au secret en continuant a lui faire subir une détention ignoble, au mépris du respect des droits les plus élémentaires. Rappelons que toutes les informations en notre possession ainsi qu'un témoignage direct obtenu lors d'une visite exceptionnelle nous autorisent a affirmer qu'il se trouve dans un état physique et psychologique très dégradé. Nous en appelons a tous ceux que cette situation révolte a faire part de leur indignation à la chancellerie, et à participer ou à soutenir les prochaines actions du Collectif Ne Laissons Pas Faire. Collectif Ne Laissons Pas faire, c/o LPJ 58, rue Gay-Lussac 75005 Paris - Avec ou sans papiers, non à la construction de la prison spéciale pour immigré de Palaiseau! - Voici un tract diffusé par le Colletif Anti-expulsion d'Ile-de-France à l'occasion de la manif anti-licenciements du 9 juin. "Déjà 5 ans et toujours l'obligation de lutter pour des papiers. Toujours des dizaines de milliers de sans-papiers maintenus volontairement par la Gauche plurielle en situation de main d’œuvre surexploitée et hyper flexible pour le plus grand profit du patronat. La circulaire Chevènement de juin 1997 a été un premier résultat de l' action des sans papiers entrés en lutte en 96; mais aussi, chacun le voit, une super arnaque. Car après le fichage de tous ceux qui ont cru que Jospin est plus humain que Juppé, ceux qui ont eu la chance d'obtenir une régularisation ne se sont vus attribuer qu'une vignette d'un an au mieux, et sans aucune garantie de renouvellement. Les "régularisés" sont donc devenus administrativement des précaires de plein droit. Comment par exemple signer un bail de trois ans quand on ne dispose en vérité que d'un visa d'un an ? Comment ouvrir un compte en banque dans ces conditions ? C'est pourquoi le seul mot d'ordre réaliste qui puisse unifier largement est : DES PAPIERS POUR TOUS PAR CARTE DE 10 ANS. Un des objectifs du gouvernement étant encore de faire disparaître petit à petit, sans le dire, cette carte de résident. Cela constituera dans ce cas une pression extraordinaire sur l'ensemble des salariés. Car ce qui est en jeu dans la lutte des sans papiers (et celle des chômeurs) et la lutte contre les licenciements, c'est la même chose : la précarisation généralisée et l'incertitude permanente du lendemain. Il faudra plus qu'une manif même nationale, pour empêcher les licenciements, pour imposer le maintien intégral du salaire pour les licenciés, si l'on en juge par l'attitude de ce gouvernement face aux sans papiers. Malgré des dizaines de manifs très importantes, et des promesses plus ou moins fermes, le gouvernement PS-Verts-PC n'a toujours pas régularisé les sans-papiers de France. Il prévoit même de construire de nouveaux centres de rétention pour immigrés pauvres, comme celui qui doit ouvrir en 2003 à Palaiseau dans l'Essonne (municipalité gauche plurielle depuis les dernières élections) ! Si un centre de rétention était construit à Palaiseau, il serait à proximité de l'aéroport d'Orly et de la gare de TGV de Massy, ce qui augmenterait grandement la productivité de la machine à expulser. Vous pouvez d'ores et déjà participer à la campagne engagée par le CAE contre la construction de ce nouveau centre de rétention en protestant auprès de la mairie de Palaiseau (01 69 31 93 00). Gagner la régularisation de tous les sans papiers par cartes de 10 ans et obtenir la fermeture des centres de rétention, c'est freiner la précarisation qui s'étend pour tous dans tous les aspects de nos vies. C'est nous défendre tous ensemble contre le capitalisme ! - régularisation de tous les sans-papiers par cartes de 10 ans - liberté de circulation et d'installation - égalité des droits - libération de tous les sans papiers emprisonnés - fermeture des centres de rétention et des "zones d'attente" - suppression de la double peine - arrêt immédiat des expulsions et retour des expulsés - abrogation de toutes les lois spéciales pour étrangers Collectif Anti-Expulsions d' Ile de France, 21 ter rue Voltaire 75011 Paris. Tel : 01 53 79 12 21. E-mail cae-paris@wanadoo.fr - québec : le sommet des amériques n'est pas fini ! - Au Canada, huit personnes sont encore détenues suite à la répression consécutive aux manifestations contre le sommet des Amériques. Stéphane Paquet a été arrêté une semaine après le sommet (qui s'était tenu à Québec du 20 au 22 avril). A deux reprises, sa liberté provisoire lui a été refusée. Par sa lourde condamnation, la justice canadienne a clairement voulu donner un avertissement au mouvement anti-mondialisation, en montrant quel genre de peine les attend si les policiers les prennent à manifester. Stéphane a été condamné à 9 mois de prison suite à son procès (lors duquel il a plaidé "coupable") où il a dut répondre de "dommage ayant provoqué des dégâts pour une valeur de plus de 5000$ (destruction de vitrines) et "participation à une émeute". Il subira une période de mise à l'épreuve de 3 ans suite à sa libération, dont la moitié avec un contrôleur derrière le dos. De plus la justice a innové en lui infligeant une condamnation suspensive : 2 années de prison lui seront automatiquement infligées s'il participe à une manifestation illégale pendant sa mise à l'épreuve. Il devra effectuer également 150 heures de travaux d'intérêt généraux et pointer chez les flics deux fois par semaine. Stéphane a été ciblé par la police de façon à pouvoir intimider le reste du mouvement. De nombreux moyens ont été employés pour aboutir à cette condamnation. Les journalistes ont également bien tenu leur rôle : des photos publiées montrant Stéphane ont figuré parmi les preuves. Encore une fois, méfiez-vous des journalistes. Avant Stéphane, c'est Jean-Pierre Bélanger qui fut la première victime des tribunaux de l'après sommet, cette fois pour "menace de mort à agent". Il a été arrêté par des flics en civil dès sa sortie de l'hôpital de Québec où il était soigné de la blessure causée par une balle en plastique tirée par les forces anti-émeute. La blessure était suffisamment sérieuse pour laisser apparaître l'os au niveau de la cheville. Il attend actuellement sa comparution devant deux autres cours pour des délits en lien avec ses activités politiques. Vaugh Barnett était encore détenu fin mai pour son implication totalement pacifiste dans les "débordements" du sommet. Il a réussi à pénétrer calmement dans le périmètre de sécurité protégé par une barrière, où il a été arrêté sans résistance par des agents. Il a déclaré qu'il estimait avoir le droit de le faire. Il est accusé d'"obstruction" et d' "assaut contre un policier". Connaissant la loi, il désire se représenter lui-même et protester devant le tribunal contre sa détention préventive, contre le refus de lui remettre un Code Pénal, contre les procédés employés à son encontre depuis le début. L'incarcération de ces trois personnes vient s'ajouter à la liste des 5 membres du groupe Germinal, cibles d'un montage policier orchestré par des agents provocateurs. Mario Bertoncini, Alex Boissoneault, Roman Pokorski, Victor Quentin et Serge Vallée sont enfermés depuis le 17 avril et doivent passer en procès pour "conspiration pour commettre des dégâts pouvant menacer sérieusement la vie d'autrui", "possession d'explosifs", "vol et recel de matériel militaire pour une valeur de moins de 5000$". D'autres membres de ce groupe avaient également été arrêtés et relâchés depuis, mais certains doivent répondre d'accusations similaires. Vous pouvez écrire à n'importe lequel de ces huit prisonniers (nous ne sommes pas certains que Vaughn Barnett soit toujours incarcéré) en mentionnant la date de naissance sur l'enveloppe (nous ne disposons pas des dates de naissance de Vaughn B. et Jean-Pierre B.) : Stéphane Paquet, 15.2.80 ; Mario Bertoncini, 04.2.78 ; Alex Boissonneault, 14.4.79 ; Roman Pokorski, 09.11.78 ; Victor Quentin, 23.2.80 ; Serge Vallée, 03.8.79 ; Vaughn Barnett ; Jean-pierre Bélanger : Tous à : Centre de dÈtention de Québec, 500, rue de la Faune, C.P. 7130, Charlesbourg, Québec, G1G 5E4 Canada N'hésitez pas à joindre un coupon réponse international. Gardez en mémoire que votre courrier est lu, que l'administration de la geôle est très stricte (entre autre le matériel imprimé nécessite une autorisation). Enfin, pour vous tenir au courant, le contact de Germinal est : germinal_@hotmail.com - retour sur le soutien aux FTP - Yves Peirat : "Je reste un partisan. Le partisan d'un monde plus juste". Condamné à 5 ans de prison, Yves revient sur celle-ci. Faire appel de ce verdict très lourd était dans son idée, mais sachant que la Cour d'Appel d'Aix était encore plus dure que celle de Marseille et que le risque de se trouver face à un magistrat proche des idées du FN risquait d'alourdir la peine, il a préféré revenir sur sa décision. Le mouvement de solidarité très actif doit donc se poursuivre. Dès l'annonce de l'arrestation des Francs Tireurs Partisans, des militants de Marseille de différentes organisations ont constitué un Comité de libération de Yves et William, les deux emprisonnés, dénommé Comité Toursky, pendant que sur Paris, le collectif SRA (Solidarité-Résistance-Antifa), structure née en 1994 pour venir en aide à des antifascistes allemands emprisonnés, a été relancé dès le mois de novembre à l'initiative du groupe REFLEX-SCALP. La solidarité s'est organisée en dehors des organisations antifascistes républicaines sans susciter beaucoup d'intérêt de la part des médias, ceci n'étonnant d'ailleurs nullement les militants engagés depuis longtemps dans le combat antifasciste. Le premier geste fut d'écrire aux emprisonnés pour leur demander quel type de solidarité ils souhaitaient et de développer l'entraide tant financière que politique. Faire connaître au plus grand nombre les raisons de ces actions et faire reconnaître l'engagement politique de ces actes était essentiel pour ne pas s'enfermer dans un cadre de défense seulement anti-répressive. Depuis la scission du FN en deux formations distinctes et rivales, les "observateurs" de la vie politique française, bien vite relayés dans leur optimisme par les médias, ont cru voir dans ce bouleversement la fin de l'extrême droite. Rapidement, les caméras se sont tournées vers d'autres sujets et les articles consacrés au FN et au MNR relèvent désormais plus du bilan que de l'analyse formelle. Pour plus d'infos sur les FTP, rendez-vous au site : http://www.samizdat.net/solidarite. Contact : sra@samizdat.ne - Edoardo Garcia Macias : dernières nouvelles - Nous distribuons de matériel en soutien à Edu et avons déjà parlé de lui à plusieurs reprises. Vous pouvez demander notre flyer pour vous familiariser avec les cas de ce jeune anarchiste de Madrid tombé dans un montage judiciaire et policier en réponse à son implication dans le mouvement de solidarité dans la rue avec la lutte des prisonniers espagnols contre l'abominable régime d'isolement "FIES", pour la libération des détenu-e-s malades, et pour la libération des détenu-e-s ayant effectué-e-s 20 ans. Sa libération ne dépend que de l'avis d'une juge, la juge Palacios, seul à ne pas vouloir reconnaître l'innocence d'Edu. D'autres juges l'ont depuis longtemps disculpés d'autres charges à son encontre, toutes aussi ridicules que les colis piégés pour lesquels il se retrouve actuellement en préventive, dans un quartier d'isolement d'une prison madrilène. Il est clair que la police tente de lui faire endosser la responsabilité d'actions que le système judiciaire espagnol n'a jamais été capable d’élucider. Palacios n'est que la marionnette qui sert à faire tourner l'engrenage, tout est prêt pour un futur procès spectacle contre un dangereux anarchiste, l'opinion est déjà moulée par une campagne médiatique féroce contre Edoardo et les groupes au sein desquels il militait, entre autre l'Anarchist Black Cross de Madrid et les centres sociaux. La seule preuve contre Edu est un sachet de 40gr de poudre que les policiers prétendent avoir trouvé lors de la perquisition à son domicile, chez ses parents. Or, Edu et sa mère affirment que se sont les policiers eux-mêmes qui ont placé la poudre. Bizarrement, la découverte de cette "preuve en béton" n'apparaît pas sur la vidéo de 2 heures de la perquisition. Les expertises ADN et les empreintes digitales n'ayant malheureusement pour les enquêteurs pas permis d'inculper le coupable pré désigné. En plus de 6 mois d'incarcération, ses conditions de détention se sont dégradées. L'administration a décidé de l'isoler de ses autres compagnons de galère. Les personnes qui prennent contact avec lui risquent une punition. Pour pousser le bouchon encore plus loin, il lui est interdit de participer aux activités/ateliers de la prison, de façon à le priver des rarissimes formes de vie sociale et de le toucher psychologiquement. Tout son courrier est lu à la loupe, avant de lui être remis après des délais pouvant atteindre des semaines. Même si le délai est colossal, le courrier lui arrive tout de même, vous pouvez lui envoyer un mot (anglais ou espagnol). Des compagnons ayant réussi à lui rendre visite ont déclaré qu'il reste combatif, et très content des signes de solidarité de plus en plus nombreux qui se manifestent à travers le monde. En attendant, Edoardo est toujours derrière les barreaux, suite aux récent refus de Palacios de lui accorder la liberté provisoire. Cette situation étant intolérable, les camarades espagnols ont appelé à un mois de coordination et d'actions, depuis le 16 juin dernier. L'appel est adressé à tous ceux/celles qui se sentent solidaires d'Edoardo et de la lutte des prisonniers à prendre des initiatives, individuelles ou collectives, le jour ou la nuit. Pour reprendre le tract distribué actuellement dans les rues de Madrid "il n'y a pas de forme d'action défini. Nous faisons confiance aux initiatives individuelles ou de groupe. Nous pratiquerons tout type d'action, en fonction de ce que chacun considère comme efficace, positif ou en rapport avec ses capacités. L'objectif est double : nous voulons que l'État ait une petite idée de ce qui se passera si ils imposent leurs inculpations et condamnation à Edu : plus de 15 ans de prison ; et nous aimerions leur faire savoir que le nombre de sympathisants n'a pas diminué, mais augmenté." Le groupe ABC de Madrid se déplace dans diverses villes espagnoles afin de faire connaître le cas. Il semble qu l'incarcération d'Edu soit une lutte fédératrice des libertaires ibérique, ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose. Ce qui nous semble moins réjouissant est que ce soutien large des anarchistes semble résulter de l'innocence manifeste d'Edoardo, et nous ne pouvons nous résoudre à l'idée de mettre en avant ce concept. D'une part, nous ne voulons pas catégoriser les détenu-e-s entre innocents et coupables et pensons que les organisations fédéralistes anarchistes devraient cesser de monnayer leur soutien logistique contre des preuves d'innocence (le soutien des grandes orga. anarchistes a par ex. été nul dans le cas d'autres compagnons tout aussi anarchistes qu'Edu mais qui ont choisi et défendu des méthodes de lutte différentes), et cesser de définir l'action anarchiste selon ce que les journalistes peuvent en dire. D'autre part, nous aimerions que le contexte dans lequel l'arrestation d'Edu a pris place, c'est à dire le relais à l'extérieur de la lutte collective des détenu-e-s espagnol-e-s contre le régime d'isolement, ne viennent pas s'effacer dans le cadre d'une campagne de solidarité axée uniquement sur son innocence. Sur le plan international, de nouvelles actions de solidarité ont eu lieu entre autre à Londres à l'occasion d'une journée d'action en faveur de Mark Barnsley pendant laquelle une cinquantaine de militants en ont profité pour se rendre à l'ambassade d'Espagne. Pour lui écrire (en espagnol ou en anglais) : Eduardo Garia Macias, Modulo 4, CP Madrid 5 Soto del Real, 28791 Soto del Real, Madrid, Espagne. - Du Chili, sur les "avantages" des prisons sociales-démocrates - C'est arrivé de nouveau. Les prisons de l'Etat sont apparues brusquement dans notre monotone quotidien, venant nous rappeler qu'il y a des êtres humains qui survivent entre ces murs, et aussi qui meurent. Le dimanche 20 mai vers minuit, dans la ville d'Iquique, 26 jeunes prisonniers de cette ville sont morts calcinés, résultat d'un incendie qui consuma la cellule de 20 mètres carrés dans laquelle ils se trouvaient. Rapidement, les chiens de gardes ont déclaré aux caméras de télévision qu'ils avaient tout fait pour éviter ces décès, mais que cela était le résultat d'une émeute qui avait éclaté dans la cellule, les prisonniers ayant mis le feu à leurs oreillers. Immédiatement les prisonniers des autres sections de la prison, par des appels avec des téléphones cellulaires et des cris aux familles de prisonniers qui attendaient à l'extérieur, ont commencé à relater ce qui s'était réellement passé: il n'y a pas eu d'émeute, l'incendie s'est déclaré dans la cellule pour des raisons inconnues, les gendarmes n'ont pas essayé d'éteindre le feu ni d'ouvrir les portes de la cellule pour évacuer les prisonniers, la gendarmerie a appelé les pompiers une demi-heure après que l'incendie se soit déclaré et que ceux-ci (les pompiers) ne se sont même pas approches du secteur en flammes. Les familles et amis des prisonniers, dans les jours suivants, ont enterré les jeunes décédés et ont entrepris quelques actions de dénonciation, comme allumer des bougies à l'extérieur de la prison et manifester contre la gendarmerie et le régime pénitentiaire. La réponse du gouvernement fut catégorique: le problème c'est...le manque de prisons et de gendarmes! la solution étant donc de construire plus de prisons et de former plus de chiens de gardiens. Mais les prisonnier-e-s d'autres prisons ont répondu avec colère: Arica, Iquique, Antofagasta, Puente Alto à Santiago furent le lieu de révoltes dénonçant le régime de terreur auquel la gendarmerie les soumet, eux/elles et leur famille. Des gestes désespérés eurent lieu, comme celui d'une prisonnière qui tenta de s'immoler par le feu parce qu'elle était en couple avec l'un des 26 jeunes décédés. Ces mutineries furent réprimées brutalement par les assassins d'élite de la gendarmerie, qui n'ont pas hésité à tirer sur les protestataires et à les tabasser lâchement une fois qu'ils/elles avaient été maîtrisé-e-s. C'est arrivé de nouveau. Des êtres humains emprisonnés, vivant dans des conditions dégradantes, soumis à un terrorisme physique et moral, à seulement quelques rues de chez nous. Des êtres humains cachés par l'Etat, payant pour la peur des puissants, de trop dans une société qui n'a pas besoin d'eux/elles, mourant entre ces murs où rampent ces insectes verts appelés gendarmes, battu-e-s, violé-e-s, assassiné-e-s par ces pontifiants gardiens de la violence. Des êtres humains oubliés par les partis politiques, les ONGs, les groupes de défense des droits humains...simplement parce qu'ils ne participent pas au jeu du pouvoir. Des êtres humains socialement obligés à remplir les prisons, naissant et vivant autour de nous. C'est arrivé de nouveau. Encore des jeunes morts, assassinés. En tant qu'êtres humains voulant construire la liberté, nous lançons un appel à la solidarité active envers toutes les personnes enfermé-e-s dans les prisons de l'Etat, un appel à se manifester de toutes les façons possibles contre l'existence de ces centres d'extermination d'êtres humains, et contre les institutions qui les créent et les soutiennent. Tant qu'il existera des systèmes d'oppression déclarés ou cachés, la liberté sera un mensonge. Toutes et tous les prisonnier-e-s sont des prisonnier-e-s politiques! Ni prisons ni casernes! Amérique du sud, Santiago, le 26 mai 2001 - Communiqué de presse de la CARB du 3/06/2001 - Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de presse de la Coordination Anti-Répressive de Bretagne diffusé à l'occasion de la manifestation qui s'est tenue à Paris le samedi 9 Juin pour les droits des prisonnier-e-s politiques. "La justice "anti-terroriste" est bien une justice d'exeption" Madame Irène Stoller-Le Calvé quitte sa place de procureur à la XIVème section du parquet de Paris. Elle vient d'affirmer, dans un entretien accordé à l'Agence France-Presse, que "la justice anti-terroriste n'est pas une justice d'exception". Cette justice est bien une justice d'exception. Fondée par une loi de 1986 qui concentre d'énormes pouvoirs : centralisation des poursuites à Paris, ce qui n'existe même plus en matière d'espionnage et de trahison, garde à vue de 96 heures avec intervention d'un avocat possible seulement à la 72ème heure, motivation du maintien en détention sur des critères politiques (cas de Gaël Roblin, porte-parole d'Emgann : "Attendu que Roblin qui conteste appartenir à l'ARB mais qui ne nie pas ses sympathies nationalistes et d'ailleurs appartenir au mouvement Emgann ") -interventions répétées de ministres tels Monsieur Chevènement et Madame Marylise Lebranchu dans les "affaires bretonnes" en cours d'instruction au mépris de la très théorique "séparation des pouvoirs" chère à Montesquieu suffiraient à le prouver- et de la "présomption d'innocence" qui est allègrement bafouée une fois de plus. Il se trouve que Madame Stoller-Le Calvé est aussi connue pour ses liens étroits avec de hauts responsables espagnols condamnés par la justice de leur pays dans différents dossiers liés aux G.A.L., comme l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, José Barrionuevo, et l'ancien général de la Guardia Civil Enrique Galindo. Elle fut d'ailleurs décorée de la Cruz de Orden de San-Ramundo de PeÒafort, décoration créée en 1945 par le général Franco pour récompenser ceux qui avaient rendu d'éminents services à la justice espagnole... Elle fut aussi candidate aux municipales de Clichy en 1989 aux côtés de Monsieur Didier Schueller qui devint célèbre dans un scandale où l'on retrouva mêlés Monsieur Charles Pasqua et certains responsables de la police française.. Elle est aussi connue pour être co-fondatrice de la très droitière Association Professionnelle des Magistrats, association qui devrait être complètement déconsidérée depuis un certain article antisémite publié dans sa revue en 1998. Enfin, comme Monsieur Pasqua, l'Association Professionnelle des Magistrats est mise en cause dans l'affaire de l'Angolagate... A l'évidence, Madame Stoller-Le Calvé ne fait pas donc non plus de politique...De la même façon, son successeur, Monsieur Debacq ne fait pas non plus de politique... Monsieur Michel Debacq, qui était conseiller de Madame Lebranchu, a été, de 1991 à 1993 , conseiller de Monsieur Philippe Marchand, ministre socialiste de l'Intérieur. C'est en 1997 qu'il est arrivé comme conseiller aux affaires européennes au cabinet de la ministre socialiste la justice, Madame Elisabeth Guigou. Il est vrai que, s'il a eu à gérer les relations de la France avec la Cour Européenne des Droits de l'Homme, il n'a pas du chômer...Chacun peut donc être rassuré : la justice " antiterroriste " n'est pas une justice d'exception, et les magistrats en charge des dossiers "antiterroristes" ne font pas de politique. Il se trouve qu'à la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, nous pensons exactement le contraire de ce qu'affirment les partis politiques français, du R.P.F. au M.D.C., en passant par le R.P.R., le P.S., le P.C.F. et les Verts... Pour nous, la justice "antiterroriste" est bien une justice d'exception, et une justice politique. C'est pourquoi nous manifesterons à Paris le samedi 9 juin, pour défendre LES DROITS DES QUELQUE 200 PRISONNIERS POLITIQUES enfermés dans les prisons françaises, aux côtés des organisations qui défendent les indépendantistes corses, basques et kurdes et les révolutionnaires espagnols, français et turcs (....) Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Le porte-parole, Claude Le Duigou. - Communiqué de la CARB du 5 Juin - Lettre ouverte à Madame Marie-Noëlle Lienemann, Secrétaire d'Etat au Logement, diffusée à l'occasion de sa venue à Lorient le mercredi 6 juin 2001. "Comment liquider socialement un prisonnier politique breton... Le cas exemplaire de Gérard Bernard" Incarcéré depuis le 13 novembre 1999 à Fleury-Mérogis (Essonne), Gérard Bernard, militant d'Emgann (gauche indépendantiste bretonne) et du Comité C.G.T de Lutte pour l'Emploi de Lorient (Mor-Bihan), est toujours "présumé innocent" selon les belles théories du droit pénal français. La réalité est bien moins rose: dix-huit mois de détention "provisoire", c'est, de fait, une véritable condamnation pénale infligée par un juge aux pouvoirs exorbitants, le magistrat instructeur. Il y a bien là un abus de la détention "provisoire", violation de l'article 5 de la Convention européenne de Sauvegarde des Libertés Fondamentales. Le tribunal spécial qui aura à examiner les faits reprochés à Gérard Bernard jugera très certainement avec un a priori : il s'agit là, conséquence mécanique de la détention "provisoire" abusive, d'une "atteinte à la présomption d'innocence", et donc d'une violation de l'article 6, paragraphe 2, de la Convention. A l'automne 1999, au moment des premières arrestations, Gérard Bernard confiait son plus jeune enfant, un petit garçon né en janvier 1994, à ses beaux-parents et mettait quelque distance entre la police et lui avant d'être arrêté le 10 novembre 1999. Très vite après cette naissance, Gérard Bernard avait dû s'occuper seul de son enfant dont la mère avait brutalement quitté le domicile familial. Le père et le fils vivaient donc ensemble et cette situation ne permettait pas à Gérard Bernard de retrouver un emploi stable. Gérard Bernard percevait alors les allocations familiales et le Revenu Minimum d'Insertion (R.M.I.), ce qui lui permettait de conserver son modeste appartement au centre-ville de Lorient. Inexorablement, la situation sociale du détenu "provisoire" Gérard Bernard s'est dégradée. Le dernier versement des allocations familiales et du R.M.I. s'est fait au début juillet 2000. Raisons parfaitement réglementaires et légales : un détenu, même "provisoire et donc "présumé innocent", ne peut pas bénéficier du R.M.I., et le père n'ayant plus la charge effective de l'enfant, il n'y a plus de raison de verser les allocations familiales ( les sommes étaient jusque là versées sur le compte bancaire de Gérard Bernard, ce qui permettait de continuer à régler le loyer de l'appartement où le père et le fils pourraient se trouver réunis en cas de libération et d'entretenir le petit garçon)... Comme il n'a plus de revenus, Gérard Bernard ne peut plus subvenir aux besoins de son enfant qui est donc à la charge des grands-parents qui ne disposent que de revenus très modestes... et n'ont pas perçu jusqu'à maintenant le moindre centime des allocations familiales ! Ils se sont finalement résolus à demander les allocations familiales et il leur a fallu signer un document par lequel ils demandaient à la Caisse d'Allocations Familiales de se retourner contre le "parent défaillant", et, bien évidemment, le seul parent défaillant dont il est possible de retrouver facilement la trace, c'est Gérard Bernard ! Ainsi, détenu "provisoire" et toujours "présumé innocent", Gérard Bernard est la cible de procédures de recouvrement de la part de son établissement bancaire (découvert de 1 000 Francs), d'un établissement de crédit, du Trésor Public ( non-paiement de la redevance audiovisuelle), DU PROPRIETAIRE DE SON LOGEMENT QUI VIENT D'OBTENIR L'EXPULSION PAR UNE DECISION DU 31 MAI (Tribunal d'Instance de Lorient) et la condamnation de Gérard Bernard au paiement des loyers depuis août 2000 et à lui verser des indemnités, ETANT ENTENDU QUE LE FAIT POUR GERARD BERNARD DE NE PLUS DISPOSER DE LOGEMENT ENTRAINERA DE PLUS GRANDES DIFFICULTES POUR VOIR ACCEPTER SES DEMANDES DE MISE EN LIBERTE... Pour ne pas être en reste, la Caisse d'Allocations Familiales du Mor-Bihan lui réclame un "trop perçu" de plus 13 000 francs et le remboursement de 2464 Francs de R.M.I.... Tout commentaire nous semble superflu. Pour la Coordination Anti-Répressive de Bretagne, Le porte-parole, Claude Le Duigou. le 5 juin 2001 Pour plus d'infos, rendez-vous sur site internet de la CARB à http://www.chez.com/carb - Message de Mumia Abu-Jamal au premier congrès mondial contre la peine de mort à Strasbourg, du 21 au 23 juin 2001 - "Bonjour, mes amis du mouvement d'abolition de la peine de mort en République française. Un grand merci à tous, et particulièrement à notre sœur Julia Wright, dont la capacité de travail d'une génération à l'autre constitue un phare et un point d'appui solide pour nos mouvements de libération. Merci ma sœur ! Amis, camarades, supporters, vos luttes dynamiques et multiformes contre la peine de mort représentent un phare pour le reste du monde et nous sommes nombreux à tendre l'oreille pour entendre vos voix, nous qui habitons la prison d'entre toutes les prisons. L'appétit vorace pour la mort qui consume l'Amérique est en phase ascendante. La sélection récente de George W. Bush pour remplir la fonction de président des États-Unis est de bien mauvaise augure pour les femmes, hommes et adolescents dans nos couloirs de la mort - que ceux-ci relèvent des États ou du pouvoir fédéral. Suite à une initiative historiquement inédite, la cour suprême des États-Unis a conféré le pouvoir suprême à Bush le Jeune lors d'élections présidentielles âprement disputées. Le règne de Bush en tant que gouverneur du Texas demeure l'un des plus meurtriers dans notre histoire. Sous Bush, les antichambres de la mort dans cet État, symbolisé par l'"Étoile Solitaire", sont gorgées de sang. Le Texas détient le palmarès des lynchages légalisés, loin devant les autres États américains qui tuent, et ce record macabre a constitué un tremplin important pour l'accession aux plus hautes fonctions politiques. Le gouverneur Bush est donc devenu le Président-Bourreau. Aux yeux des États-Unis (que certains de ses critiques français qualifient d'"hyper puissance"), les lois internationales ne sont que des outils destinés contrer des nations érigées en adversaires, mais ces mêmes lois sont ignorées dès lors qu'il s'agit de les appliquer aux États-Unis eux-mêmes. Plusieurs traités internationaux interdisent l'exécution de jeunes qui étaient âgés de 18 ans ou moins au moment des faits. Le lynchage légalisé de Shaka Sankofa (né Gary Graham) qui avait 18 ans à l'époque de son arrestation prouve que pour l'empire américain la législation internationale demeure lettre morte. L'hyper puissance considère que les lois internationales peuvent être bafouées et violées avec impunité parce que la peur qu'engendre son immense pouvoir "légalise" toutes les violations. De date récente, la presse américaine s'est fait l'écho d'une série d'affaires où des mineurs - certains d'entre eux n'ayant que 12 ou 13 ans - ont été jugés en tant qu'adultes. Ces enfants ont littéralement été condamnés à des perpétuités chez les adultes ; d'autres, âgés de 16, 17 ou 18 ans, attendent en ce moment même la mort aux mains de l'État. Comment une nation qui détient le record mondial en matière de population carcérale peut-elle oser s'exhiber comme le parangon des droits humains ? Comment la nation qui se fait passer pour l'arbitre de nos traités internationaux peut-elle incarcérer ses femmes à un rythme qui fait croître ce secteur de l'industrie carcérale le plus rapidement de tous ? Le propre d'un empire c'est que la volonté omnipotente y tient lieu de loi. Il n'y existe pas d'autres lois. Nombreuses sont les nations qui sont issues historiquement de luttes contre des élites étrangères, contre l'oppression d'élites féodales et par le fait de leurs activités économiques. L'Amérique plonge ses racines dans l'esclavage. Quand la Constitution fut écrite, des représentants des États du nord et du sud ont négocié entre eux ce qu'ils ont nommé "le grand compromis". Il s'agissait d'un accord qui n'était pas si "grand" que cela puisqu'il offrait en récompense au sud un pouvoir et un poids de représentation au Congrès d'autant plus importants que cette région faisait l'acquisition d'un nombre croissant d'esclaves africains. Aujourd'hui, alors que la guerre civile est terminée depuis des siècles, l'ombre portée de ces débuts profondément antidémocratiques obscurcit la politique intérieure américaine. Peut-on dès lors parler de coïncidence quand nos prisons constituent des réserves pour les laissés pour compte - surtout les noirs des ghettos urbains - ou que nos couloirs de la mort constituent des enclaves à prédominance africaine-américaine ? Pendant les années de l'administration Nixon (circa 1969-1974), notre nation a été saisie d'une boulimie qu'on a appelée la politique de "la loi et de l'ordre", et celle-ci perdure. C'est "la loi et l'ordre" qui a donné naissance au complexe carcéro-industriel et je citerai à l'appui un passage du journal tenu par l'un des plus proches collaborateurs de Nixon, son secrétaire H. R. Holdman, qui nous révèle le sens caché derrière tout le jargon: "Le président Nixon a souligné qu'il faut regarder les choses en face et que le problème fondamental ce sont les noirs. La réponse est de mettre sur pied un système qui solutionne le problème mais sans en avoir l'air". Toutes les initiatives officielles dites de "guerre contre le crime" ont découlé de cette argumentation raciste et tordue, chuchotée par Nixon à son plus proche collaborateur. Les exemples de cette logique abondent depuis l'éviscération du droit ancien à l'habeas corpus perpétrée par l'administration de Clinton à la militarisation pure et dure de la police américaine comme en témoigne le bombardement policier, brutal et vicieux, de la communauté MOVE à Philadelphie le 13 mai 1985. Ils ont mis sur pied un système qui est raciste de fond en comble, "mais sans en avoir l'air". Quand on est accusé d'un crime relevant de la peine de mort, on écope d'un jury qui a été purgé de toute représentation noire - ou presque - et ceci à dessein. Dans ce que l'on appelle communément aujourd'hui "les enregistrements McMahon", un procureur assigné par le ministère public de Philadelphie à la direction de la section "homicides", s'est livré devant une caméra vidéo aux commentaires suivants pendant un cours donné des apprentis procureurs pour les former à la sélection des jurés: "Le droit jurisprudentiel dit que l'idée directrice qui doit présider à la constitution d'un jury est d'obtenir ... Attendez. Je l'ai noté quelque part. J'ai passé les cas en revue. J'ai été obligé de me livrer à des recherches parce que je ne savais pas que c'était le but officiel de la formation d'un jury. Voilà. Je cite ; "Voir dire sert à obtenir un jury compétent, équitable et impartial." Fin de citation. Eh bien, c'est ridicule. Ce n'est pas ce que vous devez chercher à obtenir." Ce procureur (du nom de Mc Mahon) ne devait laisser aucun doute dans l'esprit de ses stagiaires quant au but réel de la sélection des jurés : "[...] La seule façon pour vous d'accomplir au mieux votre tâche est de sélectionner les jurés qui sont les plus iniques et les plus enclins à condamner parmi tous les individus qui se trouvent dans la salle." Voilà comment le ministère public de Philadelphie sélectionne de nos jours les jurés et nous avons tenu à le citer verbatim. Dès lors, peut-on encore douter de la véritable nature d'un système qui reproduit le vieux précepte de Nixon, à savoir la mise en oeuvre d'une finalité raciste "mais sans en avoir l'air" ? En effet, dans la même vidéo, le procureur qualifie les habitants noirs de Philadelphie de "déchets" et leurs quartiers de "déchetteries" ; et il enseigne à ses jeunes disciples les méthodes leur permettant d'exclure les noirs des jurys selon des critères racistes "mais sans en avoir l'air". Doit-on alors s'étonner que Philadelphie possède l'un des couloirs de la mort les plus peuplés et que le taux de noirs y est l'un des plus élevés aux États-Unis, dépassant même celui qui prévaut dans certains États du sud ? Il ne saurait donc y avoir un Congrès mondial travaillant pour l'abolition de la peine de mort sans un examen attentif de l'expérience qui prévaut à Philadelphie, car nous sommes ici à l'épicentre. Il ne saurait y avoir un Congrès mondial pour abolir la peine de mort sans le constat que tout ce qui dénigre la vie noire - que ce soit la vie d'un accusé ou celle d'un juré potentiel - provient de cet outil raciste dont le but est de sur valoriser la vie des blancs et que l'on a coutume de nommer "la suprématie blanche". Il ne peut y avoir ici en Amérique de véritable mouvement contre la peine capitale à moins de reconnaître que la loi (qu'elle soit internationale ou domestique) est une illusion maintenue pour pérenniser un statu quo de convenance, un trompe-l’œil dont la raison d'être repose depuis des décennies sur la présupposition que "le problème fondamental, ce sont les noirs", et que le Système doit l'admettre, "mais sans en avoir l'air". C'est ce statu quo qui alimente l'acharnement vampirique de la machine à tuer américaine. C'est ce statu quo que nous devons éliminer si nous voulons que l'abolition entre dans la réalité de nos vies. Merci à vous. On a MOVE [En avant !]. Vive John Africa !" Mumia Abu-Jamal Le couloir de la mort de SCI Greene, Juin 2001 - Grève de la faim au Texas des prisonnier-e-s en isolement - Voici un communiqué du prisonnier américain Sid Hawk Byrd appelant les otages détenus en isolement au Texas à participer à une grève de la faim illimitée contre leur traitement et les conditions générales de détention à compter du 13 septembre 2001. Nous traduisons ici ce communiqué adressé aux détenu-e-s et qui devront le lui retourner avec l'accord de leur engagement. "Le 13 Septembre 2001, avec d'autres prisonnier-e-s détenu-e-s en isolement, je participerai à une grève de la faim pour protester contre notre traitement et nos conditions générales de détention. Par mon abstinence volontaire de tous les repas servis par l'État, je manifesterai ma solidarité avec cette lutte dans la mesure de mes capacités physiques. Ma participation à cette grève relève d'une décision indépendante de ma part et c'est pourquoi j'y mettrai un terme au moment choisi. Le jour où cette grève commencera est aussi un jour historique dans la lutte pour les droits des prisonnier-e-s partout. Il correspond au 30ème anniversaire de la mutinerie qui eu lieu à la prison d'Attica le 13 septembre 1971. Nous faisons honneur à tou-te-s ceux et celles qui périrent ce jour-là, ainsi qu'à tou-te-s ceux et celles qui poursuivent la lutte pour les droits des prisonnier-e-s à travers le monde. Les conditions existantes dans les prisons de haute sécurité et les quartiers d'isolement au Texas constituent une punition cruelle et inhabituelle (d'après le juge fédéral William Wayne, du district est du Texas). L'isolement à long terme sans aucune interaction humaine ni activité sociale est contre-productif à tous les aspects du but intentionné de l'incarcération (à savoir la correction et la réhabilitation). Les années d'isolement permanent où les conditions peuvent être psychologiquement et physiquement déteriorantes DOIVENT CESSER! Les programmes éducatifs devraient être disponibles pour tout détenu-e maintenant une volonté de s'améliorer en vue de leur retour au sein de la société. Les traitements médicamenteux comme le AA et le NA devraient être offerts à tou-te-s les prisonnier-e-s qui sont accusé-e-s de délits relatifs à la drogue et à l'alcool, ainsi qu'à tou-te-s ceux et celles qui pourraient demander de l'aide relatif à leur dépendance à d'autres substances. Des groupes d'activités apportant des formes d'interaction sociale est une nécessité humaine élémentaire qui a été ignorée par les administrateurs du système pénitentiaire. Les bénéfices de l'activité contrôlée hors cellule contre l'isolement carcéral pratiqué à la manière du cachot est une question qui doit être abordée. Libérer à nouveau les prisonnier-e-s au sein de la communauté après des années d'isolement total augmente la probabilité de récidivisme, plutôt que la réhabilitation. La télévision en cellule devrait être fournie pour l'activité mentale de ceux et celles qui sont maintenu-e-s en isolement à long terme, ainsi que la programmation éducative que peut permettre la technologie vidéo. Sans parler de l'encouragement comportemental que cela créera en utilisant la TV comme privilège que l'on doit gagner par ses actions. Les conditions existant aux Texas sont bien inférieures aux autres états. Même les prisonnier-e-s détenu-e-s dans les couloirs de la mort des prisons fédérales ont plus de droits qu'une personne condamnée pour atteinte à la propriété au Texas. "Nous sommes envoyé-e-s en prison en tant que punition, non pas pour être puni-e-s". Le but de la Justice criminelle au Texas est de promouvoir un changement positif pour ceux qui se trouvent en détention. Cette intention a été abandonnée par les administrateurs pour ce qui touche au traitement et aux conditions de ceux et celles qui se trouvent en isolement dans les établissements à travers cet Etat. Adressé Respectueusement, Bref historique de "l'Attica 1971" Ce 13 Septembre sera le 30 anniversaire de l'émeute qui éclata à la prison d'Attica. Il y a 30 ans, dans la cour D d'Attica, 42 hommes furent tués par balle par les troupes de l'État de New York après que le gouverneur Nelson Rockefeller donne l'ordre de "tous les descendre". La police d'État attaqua la prison en tirant même sur leur propres matons dans ce qui devint l'apogée de négociations en cours sur le traitement inhumain des prisonnier-e-s à travers l'Amérique. La mort de ces hommes fit une marque frappante contre les systèmes pénitentiaires partout. Les faits choquants commencèrent à dégager du silence les conditions sévères et cruelles qui devinrent quotidiennement de nouveaux sujets. La réalité austère de la vie en prison étant exposée à la nation en direct à la télévision. Suite au soulèvement d'Attica une vague d'attention politiquement motivée sur le plan fédéral commença en réponse au tollé général du public. Les tribunaux créèrent des changements dans les systèmes pénitentiaires de chaque état de ce pays. Les droits civiques et le traitement des prisonnier-e-s devinrent véritablement des questions pour la première fois. Les cours fédérales commencèrent à entendre des cas de conditions barbares dans de nombreux états. Et dans certains de ces états, les fédéraux cherchèrent à gagner le contrôle des prisons à cause du fait que les droits humains les plus élémentaires y étaient bafoués de façon flagrante et de la cruauté évidente et anormale de leurs politiques, leurs pratiques et leurs procédures. La mort de 42 hommes le 13 Septembre 1971 à Attica ouvrit une fenêtre à travers laquelle la société put voir à travers les rideaux de fer que les administrateurs ont utilisé pour cacher leur actions corrompues et illégales. L'apogée explosive du rachat d'Attica et le violent assaut de l'État de New York créa une révolution pour ce qui est des conditions et des Droits de l'Homme pour ceux et celles qui ont été incarcéré-e-s par le système d'injustice. L'homme qui se trouvait dans la cour D à Attica le 13 septembre 1971 savait que l'espoir d'accomplissement de leur combat pour le changement était mince. Ces hommes ont cependant continué à se placer dans la cible des représentants qu'ils savaient corrompus et rancuniers. Les hommes qui se levèrent ce jour-là ne se dirent pas entre eux ni à eux-mêmes "Quoi de bon cela nous apportera-t-il?". Ils n'avaient pas peur que leurs actions échouent, ni même qu'elles pourraient finir aussi terriblement qu'elles le furent, avec des fusils et des armes automatiques tirant sur tout le monde, même les matons. Le prix est très élevé. Et la victoire souvent longue à arriver. Ceux qui furent tués moururent avec honneur aux yeux de ceux qui continuent la lutte. Leur sacrifice volontaire mérite le respect et la mémoire. Ils se tenaient fièrement et avec défiance face à leurs oppresseurs. Gros Noir, un détenu qui se trouvait là ce jour-là, dit à ses camarades captifs et au monde entier "Réveillez-vous! Réveillez-vous! Parce que la chose à venir pour un rêveur est un rêve!". Il y a 30 ans, l'Amérique regardait en tant qu'Hommes demandant à être traités comme Homme. L'Amérique regardait par-dessus ces hauts murs de la prison d'état d'Attica, ces hommes qui se trouvaient dans la ligne de tir et en payèrent l'ultime prix. LEURS VIES pour ce pour quoi ils se battaient et ce en quoi ils croyaient. 1971 fut une année de réveil politique. De Droits de l'Homme. De protestations. Et de guerre. Le Vietnam était à son apogée. La jeunesse à travers l'Amérique avait la volonté de se soulever contre les maux d'un gouvernement corrompu. L'émeute devint un outil d'action. C'était une méthode acceptable de protestation et d'expression. La révolte devint aussi un spectacle pour le public et un fourrage excitant pour les médias. État du Kent, le 4 mai 1970: la garde nationale d'Ohio tire sur des manifestant-e-s protestant contre la guerre du Vietnam et en tue 4. Et le 13 septembre 1971 à Attica, la résistance était belle et bien vivante... 42 victimes. Attica était faite pour la révolte. Cette révolte choqua le monde entier pas seulement par son bilan mortel mais par ses causes. Les prisons dans ce pays avaient gardé des faits inhumains et cruels de la vie hors des esprits. Les environnements violents, brutaux et sévères derrière les hauts murs et les barbelés sont maintenus "hors de vue, hors d'esprits". Les administrateurs de la prison font usage de campagnes de propagande effective pour mettre le public à distance. Pas seulement de l'existence choquante d'individus qu'ils tiennent à bout portant derrière les barreaux dans ce pays, mais aussi du fait que les systèmes pénitentiaires sont inefficaces dans leur but intentionné, la "CORRECTION". Ils sont devenus des entrepôts massifs d'humains que les représentants politiques ont transformé en "Big Business" pour le gouvernement. Les systèmes pénitentiaires sont une source d'emplois gigantesque qui embauche des milliers de gens qui souvent se trouvent eux-mêmes en dessous du seuil de pauvreté. Le niveau de qualification nécessaire pour être employé comme maton n'est même pas aussi élevé que celui d'un employé de station service. Le genre de personnes à qui ces systèmes donnent des responsabilités pour ce marché multimilliardaire (en dollar) qu'ils appèlent le Département des Corrections, ont généralement besoin de correction eux-mêmes. Ces soi-disant "représentants" ne considèrent leurs otages autrement que comme un "BOULOT DE SECURITE". Le 13 septembre marquera 30 années de lente mais continue résistance dans le combat perpétuel pour renverser le châtiment cruel et exceptionnel en Amérique. Cette année, New York a versé 12 millions de dollars aux prisonnier-e-s et aux familles qui étaient à Attica ce jour-là. Ce règlement fut une admission de la part de l'État après tant de temps à avoir violé les droits de ces hommes et causé la mort de beaucoup qui aurait pu être évitée. Il fallut 30 ans pour obtenir cette victoire, cependant la lutte continue. D'autres prisons à travers ce pays sont en lutte permanente pour surmonter ce qui aujourd'hui est connu en tant que Complexe Pénitentiaire Industriel. Les conditions inconstitutionnelles des prisonnier-e-s n'ont pas changé. Elles sont juste aussi barbares qu'elles l'étaient il y 30 ans. Avec presque chaque système gouvernemental, ils répèteront les mêmes maux du passé avec le temps et le manque d'attention publique. Et ils le feront aussi longtemps qu'ils pourront y échapper. Le 13 Septembre, les prisonnier-e-s à travers le Texas entameront un jeûne en l'honneur et en mémoire de ceux qui sont morts à Attica. Et en solidarité avec tous ceux qui continuent à lutter pour le changement. Les prisonnier-e-s dans tout le Texas qui sont jeté-e-s en cages comme des animaux dans des quartiers d'isolement de haute sécurité demandent du soutien pour surmonter les conditions cruelles et exeptionnelles de ces cellules d'isolement, dans lesquelles le Texas a jeté des milliers d'hommes et de femmes qu'il a ensuite littéralement utilisés pour créer une incarcération rentable. Ils et elles sont retenu-e-s en isolement total, dans des cachots semblables à des tombes, pendant des années et des années. Afin d'éviter toute dépense, on leur dénigre l'accès à des programmes réhabilitants et correctifs. Aucune éducation ne leur est même apportée et dans ne nombreux cas, ces hommes et ces femmes ne peuvent pas non plus ni écrire ni lire (...) Ils et elles sont abandonné-e-s en isolement sans même de consultation psychologique ni de contact humain charitable. Ces conditions créent des circonstances mentalement déteriorantes que les administrateurs des prisons méprisent. Les environnements sont contrôlés par des manières qui sont intentionnellement conçues pour harceler et torturer mentalement le détenu. Les lumières y sont maintenues pendant 24 heures par jour. Les matons ont recours à des tactiques dégradantes pour dénier des besoins élémentaires tels qu'une douche quotidienne (ce que la loi requiert). Ils font subir au/à la détenu-e des fouilles à corps au cours desquelles ils ouvrent leurs cavités corporelles pour l'inspection. Tout cela dans le but d'amener le/la prisonnier-e à refuser volontairement leur douche. Cela est de toute façon le but intentionné du maton de manière à s'épargner la tâche de devoir l'amener à la douche et de le/la ramener ensuite. Si cela consistait seulement comme ils le prétendent en une "question de sécurité", ils amèneraient 50 matons pour fouiller le bloc tout entier et s'assurer que personne n'ait quoique ce soit qu'on puisse insérer dans un orifice naturel (ce qui par ailleurs est rare. Et même si quelqu'un se prenait à le faire, le recours à l'inspection visuelle dégradante d'un anus ne révèlerait toujours pas l'existence d'un objet dissimulé dans le corps). Ces conditions sont connues. Elles sont en ce moment jugées inconstitutionnelles par la Cour Fédérale. Le juge W. Wayne a retenu que les atteintes dans les quartiers de haute sécurité et les quartiers d'isolement ne sont pas seulement inhumaines; mais contre-productives à toute tentative rationnelle de corriger ou de réhabiliter (...) Les prisonnier-e-s detenu-e-s dans ces quartiers demandent d'envoyer des lettres de soutien afin d'obtenir des changements dans les conditions actuelles de l'isolement. Demander des programmes éducatifs, des compensateurs tels que le AA et le NA ainsi que d'autres programmes d'assistance pour la dépendance à l'alcool et autres drogues. Nous demandons des choses qu'on devrait déjà nous donner. Même dans des situations de haute sécurité où la détention en cellule est nécessaire, une télévision peut offrir une perspective éducative, religieuse et d'activité mentale qui peut être mise à disposition sans risque de sécurité en utilisant la technologie vidéo. Ces systèmes sont utilisés à travers tout le pays, même dans les couloirs de la mort, sauf dans cet état du Texas où la cruauté passe avant la décence humaine. Le 13 septembre, nous entamerons une grève de la faim en mémoire de ceux qui ont donné leur vie à Attica dans leur combat pour le changement. Nous nous dresserons également comme ils l'ont fait il y a 30 ans, à la recherche de changements dans les violations inconstitutionnelles auxquelles nous sommes confronté-e-s aujourd'hui. Nous demandons à tou-te-s ceux et celles qui font partie de cette lutte de se lever à nos côtés en solidarité. Hawk, coordinateur de la grève de la faim. Sid Hawk Byrd #872404, POB16, Lovelady, TX 75851, USA - Brèves - POLOGNE : Une femme faisant partie de la section polonaise d'Amnesty Internationale et étant impliquée dans le camping anti-frontières qui doit se tenir cet été en Pologne a visiblement été kidnappée par la police secrète le 25 juin dernier. Elle aurait été menacée avec un revolver. Les flics cherchent apparemment à obtenir des informations de sa part au sujet de ce camp. Les organisateurs sont pour l'instant en quête d'informations supplémentaires en vue de lancer une campagne de protestation. Plus d'infos en écrivant à cube@zigzag.pl MEXIQUE : Le mercredi 16 Mai, plus de 20 prisonniers détenus à la prison de Mobile au sud du Chiapas se sont cousu la bouche pour pousser les autorités mexicaines à les libérer. Le porte-parole des otages a expliqué qu'ils avaient agi ainsi après que près de la moitié des détenu-e-s de cette prison aient été libéré-e-s, dans le cadre de négociations entre le gouvernement et les rebelles zapatistes. La plupart d'entre eux/elles étaient des sympathisant-e-s de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (AZLN) qui a orchestré un soulèvement populaire le 1er Janvier 1994 au nom du droits des Indiens à l'autonomie. Le 21 mai, plusieurs prisonnier-e-s gardé-e-s derrière les barreaux avaient entamé une grève de la faim pour être libéré-e-s eux et elles aussi. ABC-STOCKHOLM : la boîte e-mail de l'ABC-STOCKHOLM ne fonctionne plus depuis quelques semaines (2 semaines avant les manifestations de Göteborg, leur boîte ainsi que celles d'un certain nombre de groupes antifa se sont étrangement mises à déconner sec). Pour l'instant, vous pouvez les contacter en leur écrivant : ABC/ASH-STOCKHOLM, Box 4081, STOCKHOLM.