BULLETIN ABC-Dijon #8 Octobre 99 SOUTENONS LES PRISONNIERS RÉVOLUTIONNAIRES ! Salut ! Bienvenue avec ce nouveau bulletin. Merci aux nombreuses personnes qui nous ont contacté, aidé et soutenu financièrement. Nous avons pu envoyer de l'argent (600f) à Silvano et on prépare un prochain envoi de pèze pour Ali Khalid Abdullah et le PPWC qu'on expedira dès que la caisse sera en bonne santé. Le bulletin est maintenant disponible sur internet sur le site Web Maloka . Avis à tous les dessinateurs qui voudraient nous envoyer leurs oeuvres sur le thème de la taule pour les bulletins à venir, on est pas des artistes et on commence à manquer d'illustrations. A bientôt... APPEL DE JOHNATHAN MOORE Une fois n'est pas coutume, revoici une lettre d'un détenu américain. Le rouleau compresseur de l'incarcération et de la peine de mort "made in USA" explique cette régularité des infos que nous diffusons sur les prisonniers en pays yankee. La prison là-bas est une industrie. Les prisonniers constituent un marché. Les technocrates constructeurs de prison forment un puissant lobby de riches capitalistes dont l'intérêt est d'accroître le nombre de prisonniers, donc de faire voter des lois plus dures qui remettront les pauvres à la place qui leur est réservée si le désespoir ou le besoin les oblige à franchir les limites très étroites de la légalité. On ne peut que vous conseiller la brochure d'Ali Khalid Abdullah si ce problème ainsi que celui du travail forcé des détenus vous intéresse. Voici des extraits d'une lettre envoyée a un ami par un prisonnier américain depuis les couloirs de la mort. Il demande à toutes personnes intéressées de prendre contact avec lui. "Mon nom est Johnatan Moore et je suis dans les couloirs de la mort ici au Texas. Je suis d'accord avec la plupart de ce que tu as dit à propos de la peine de mort et de la prison mais j'aimerais soulever quelques points avec toi. Il y a plus de blancs dans les couloirs de la mort que de prisonniers d'autre couleur. Le Texas exécute plus de prisonniers que n'importe quel autre état des USA. L'année dernière, le Texas a exécuté 20 personnes (1 noir, 6 mexicains, et le reste était des blancs). En 1999, le Texas a exécuté 37 personnes. De toute façon (...), je me demandais si tu pouvais me rendre un service. J'aimerais vraiment correspondre avec des gens qui écoutent de la musique punk, hardcore, industrielle, gothique ou avec des gens qui s'intéressent à l'anarchisme. J'aimerais que tu donnes mon adresse à toute personne intéressée par une correspondance avec moi. A propos de moi : j'ai 24 ans et je suis enfermé depuis l'âge de 19 ans. J'ai été accusé d'avoir tué un flic et j'ai été condamné à mort. Je suis dans les couloirs de la mort depuis maintenant 2 ans et demi. J'écoute de la musique comme les Misfits, Subhumans, Minor Threat, Pigface, Evil Mother, Bauhaus, Dead Can Dance etc. Je jouais de la basse et je pratiquais le skateboard mais je ne peux plus car je suis dans les couloirs de la mort. (...). Cela fait très longtemps que je n'ai pas écouté de musique nouvelle. Si ça ne te dérange pas, parle aux gens de moi et donne à n'importe qui et à tout ceux que ça intéresse mon adresse. Précise leur également que le seul matériel que je puisse recevoir sont les lettres et les photos. Rien d'autre. Des gens ont essayé de m'envoyer des cassettes et des disques mais je n'ai pas été autorisé à les recevoir. Je n'ai que le droit d'avoir des lettres et des photos. J'éspère que tout cela ne te dérange pas. J'aimerais juste pouvoir écrire à des gens en Europe. Merci beaucoup." Ecrivez lui ! Johnathan Moore, # 999-216 Ellis One, Huntsville, Texas 77343, USA JUSTICE ET VÉRITÉ POUR HICHAM ! Dans la nuit du 23 au 24 août, Michel Hicham Gutsch est décédé à l'hôpital d'Auxerre, à l'âge de 21 ans. Il était incarcéré à la prison d'Auxerre depuis juillet pour un délit mineur. Il fut d'abord annoncé qu'il était dans le coma, puis une secrétaire du magistrat a affirmé à sa famille qu'il s'était pendu dans sa cellule. Bel exploit ! La version officielle ne tient encore pas debout car il était censé sortir sous peu. Il avait un hématome vertical derrière l'oreille, et ne portait aucune marque de strangulation. Le corps a été réquisitionné, pour éviter que les institutions ne s'enfoncent encore plus dans les contradictions. Son avocat commis d'office a tout simplement disparu pour le jugement en appel, l'administration pénitenciaire, les flics, l'hôpital, les juges affichent un silence étonnant. La famille d'Hicham, qui a subi des pressions pour faire enterrer le corps au plus vite, veut faire éclater la vérité sur cette affaire pas claire. Combien de prisonniers meurrent chaque année dans des circonstances mystérieuses en France ? Combien de victimes chaque année des "bavures" des matons ? Combien d'assassinats blanchis ? Un rassemblement organisé par la famille et les amis de Michel Hicham Gutsche a eu lieu le 3 septembre dernier. Nous reproduisons ici le communiqué qu'ils/elles ont publié le lendemain. "Vendredi 3 septembre, sur l'initiative de proches de Michel Hicham Gutsche, une marche silencieuse de près de 200 personnes s'est déroulée pacifiquement dans les rues de Migennes, du centre ville à la mairie. Arrivés là, les manifestants engagèrent un dialogue avec le Maire. L'objectif de la famille étant d'aller rencontrer sans attendre le procureur, elle demande au Maire de les accompagner au Palais de Justice d'Auxerre. En soutien, les manifestants décident eux aussi de s'y rendre. Pour ce faire, ils se rendent à la gare, où ils négocient le trajet avec le chef de station, qui accepte. Ils attendent toujours dans le calme et la dignité le départ du train, prévu à 15h58. Finalement, à 16h05 le train démarre. Mais au bout de quelques mètres, les wagons s'arrêtent brutalement. Les amis de Michel se demandent alors ce qui se passe. En quelques instants, tout tourne au cauchemar : le train est pris d'assault par des CRS, qui inondent les wagons de gaz lacrymogènes. Certains policiers sortiront même leurs armes, mettant en joue des femmes et des enfants. C'est la panique. Les insultes et les coups de matraques pleuvent. Face à la brutalité policière, les eprits s'échauffent. Quelques vitrines du centre ville seront cassées, mais, comme l'a signalé l'Yonne Républicaine, aucun vol n'a été commis. L'usage de la violence policière pour couvrir la violence carcérale aura provoqué la réaction des ami(e)s de Michel. Pous nous, il est clair que sans l'agression délibérée du wagon des manifestants par quelques policiers, rien de tout ceci ne se serait produit. A ce jour, près de deux semaines après la mort de Michel, les résultats officiels de l'autopsie ne sont toujours pas connus. La famille et les amis de Michel réclament la vérité pour que la justice puisse être rendue sereinement. Pour plus d'infos, téléphonez au 06 82 31 53 45 LUIS V. RODRIGUEZ, UN PRISONNIER OUBLIÉ Luis Valenzuela Rodriguez est né en 1955 à Merced (Californie), d'un père xicano et d'une mère apache mescalero. Il a passé son enfance à Los Angeles, puis à Sacramento dans un climat de tensions raciales et sociales exacerbées. Avec son père, militant pour les droits des xicano, il a participé très jeune à de nombreuses manifestations et a été témoin des violences policières et des injustices infligées aux minorités éthniques en Californie. À l'âge de 17 ans, Luis a fondé le journal "Aztlan", proposant une réflexion sur la conscience politique et socioculturelle des Xicano, Amérindiens et autres communautés. Il a ensuite poursuivi ses études à l'université et travaillait parallèlement en tant qu'éducateur sur plusieurs programmes d'aide aux jeunes délinquants. Il projettait de devenir avocat pour poursuivre son combat auprès des jeunes des quartiers défavorisés. Il s'est marié à 19 ans et a eu 2 enfants avant d'être incarcéré à l'âge de 23 ans. Luis V Rodriguez a été arrêté le 24 décembre 1978, avec une ex-petite amie, Margaret Klaes, pour le meurtre de 2 policiers intervenu 2 jours plus tôt sur une autoroute près de Sacramento. A son arrivée au poste, Luis a été sauvagement battu, couvert d'insultes racistes et s'est entendu dire, un revolver sur la tempe : "on ferait mieux de te brûler la cervelle tout de suite ça ferait économiser de l'argent aux contribuables ". Un contexte politique défavorable A cette époque, on venait juste de rétablir la peine de mort en Californie et le slogan "guerre contre le crime" était à la mode dans les milieux politiques. De plus, la tension entre la police du comté de Yolo (Sacramento) et les communautés indiennes, méxicaines, afro-américaines était à son paroxysme... Tout concourait à faire de Luis le coupable idéal. Margaret, blanche, avait droit à tous les égards... Très vite, les policiers avaient compris qu'ils pouvaient la manipuler et la pousser à accuser son compagnon. Elle était connue de leurs services comme délinquante proche des Aryans Brothers (gang de rue proche des mouvements prônant la suprématie de la race blanche). Ils lui ont donc proposé la liberté et l'immunité en échange d'un témoignage accablant : Luis V Rodriguez aurait simultanément désarmé 2 policiers plus grands et plus forts que lui, et les aurait abattu à bout portant. Lors du procès, 2 ans plus tard, ce témoignage a constitué l'élément principal de l'accusation, sans preuve matériel convaincante. Au contraire, plusieurs personnes ont témoigné avoir vu sur les lieux du crime une voiture de couleur et de marque différente de celle de Luis. Un témoin clef de la défense avait affirmé avoir vu Luis dans une autre partie de la ville à l'heure du crime, mais il a été assassiné peu avant le procès.... D'autre part, il était notoire qu'à cause de sa consommation de drogue, Margaret Klaes était sujette à de fréquentes hallucinations et avait fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique ! Malgré ces faits incontestables, la police et l'accusation ont tout fait pour incriminer Luis : extorsion de témoignages sous hypnose, en échange d'argent ou d'une immunité, destruction et dissimulation de preuves favorables à la défense, parjure, absence totale d'enquête sur d'autres individus suspects... Les jurés ont délibéré pendant 21 jours sans parvenir à déterminer si Luis était coupable. Le juge, pressé d'obtenir une condamnation, a fait pression sur le jury. C'est ainsi que Luis V Rodriguez, qui s'est toujours déclaré innocent de ce crime, qui n'avait aucun casier judiciaire, a été envoyé dans le couloir de la mort de San Quentin... Une parodie de justice Révolté par cette injustice et par les conditions d' incarcération, il s'est rapidement mis à étudier le droit et à aider ses co-détenus dans leurs démarches. Cela lui a valu l'animosité des gardiens et de multiples représailles par les autorités pénitencières : mise à sac de sa cellule, destruction de sa radio ou de sa télé - le coupant ainsi du monde extérieur - confiscation d'une grande partie de ses dossiers légaux, renvoi de ses visiteurs... Par ailleurs, les gardiens incitaient d'autres détenus à se retourner contre lui. En 1984, il a été poignardé et, au lieu de le protéger, les gardiens lui ont tiré dessus ! En 1988, après plusieurs appels, Luis et son avocat ont obtenu l'annulation des charges et de la condamnation et le juge a ordonné un nouveau procès. Mais, l'année suivante, cette décision a été annulée par la cour suprême de Californie qui a ordonné au juge soit de confirmer la peine de mort, soit de la commuer en perpétuité ! En 1991, Luis s'est donc retrouvé devant le même juge et lui a demandé de le recondamner à mort, afin d'accéder plus vite au niveau supérieur de juridiction des cours fédérales. Il a déclaré : "je suis innocent, je croyais que le procès me rendrait justice, mais j'ai été condamné... Je suis conscient que je risque ma vie en vous demandant cela, mais je dois le faire car en vérité, c'est une mort quotidienne et cruelle que vit un homme torturé et tourmenté chaque jour pour un crime qu'il n'a pas commis, un homme privé de sa famille et de tout ce qui importe dans la vie... Je ne demande pas l'euthanasie, je cherche simplement le moyen d'obtenir justice au plus vite. Et si par malheur cela aboutit à mon exécution, alors qu'il en soit ainsi..." Convaicu de l'innocence de Luis mais contraint de choisir entre la mort et la vie, le juge l'a finalement condamné à perpétuité, sans aucune possibilité de libération conditionnelle. Discrimination et répression Traumatisé par son expérience dans le couloir de la mort, Luis souffrait de graves désordres psychologiques. Les psychiatres de la prison ont recommandé son transfert dans un pénitencier où il pourrait être mieux traité. Au lieu de cela, Luis a été transféré en 1992 à la prison de haute sécurité de Pelican Bay, l'une des pires aux Etats-Unis, tristement célèbre pour les tortures qui y sont infligées aux détenus. Luis a été directement placé dans le quartier d'isolement (SHU) où il a subit la privation sensorielle et autres tortures pendant 2 ans ! A sa sortie du SHU en 1994, Luis s'est investi dans les activités du groupe de détenus amérindiens, il est rapidement devenu "porteur de pipe" et secrétaire du groupe. Le fait de pouvoir à nouveau accéder à des pratiques spirituelles traditionnelles l'a beaucoup aidé. Il a parallèlement poursuivi ses efforts en tant "qu'assistant légal" pour d'autres prisonniers. En 1996, il était de retour devant les tribunaux afin de faire valoir les irrégularités qui avaient entaché son premier procès. Sa défense possédait de sérieux arguments, pourtant son appel a été rejetté même par la cour suprême. Selon son ancien avocat, il aurait gagné cet appel s'il avait toujours été condamné à mort... et serait actuellement libre. En juillet 1998, profitant d'une émeute durant laquelle 2 prisonniers avaient été poignardés par des détenus mexicains, les autorités de la prison ont arbitrairement changé le statut de Luis. D'"amérindien", il est devenu "mexicain" et a été placé en isolement avec le reste du groupe... Aujourd'hui, presque 1 an plus tard, il est le seul détenu "mexicain" toujours en isolement ! Il est contraint de rester en cellule 24 heures sur 24, n'a pas le droit de téléphoner, son courrier est lu et "disparait" régulièrement, il n'a plus accès aux pratiques spirituelles amérindiennes... Pour toutes ces raisons, sa santé s'aggrave chaque jour sans qu'il ne renonce pour autant à la lutte. Pendant cette année d'isolement, il a constitué seul un nouveau dossier d'appel. Il vient de le déposer, mais il a besoin d'un avocat pour plaider sa cause. Luis est complètement démuni. Sa famille est pauvre, ses parents, qui ont vendu leur maison pour la défense de leur fils, n'ont pas fini de payer les dettes du premier procès. Faute de moyens, ils ne peuvent même pas parcourir les 1000 km qui les séparent de Pelican Bay... Toute action de soutien et de solidarité, même apparemment minime, peut être décisive pour lui. Vous pouvez envoyer vos dons ou vos propositions (concert, conférence, expos... ) à : CSIA (Luis)-BP 372 , 75526 PARIS CEDEX IRATXE TOUJOURS MENACÉE PAR LA DÉPORTATION Iratxe est donc passée en appel le 7 septembre à Paris. Des gens se sont déplacé-e-s pour assister à la séance. Iratxe a été applaudie à son arrivée au tribunal. Cinq ans ont été requis contre elle, c'est à dire que sa déportation pourrait bien être repoussée de 2 ans. Le jugement a été mis en délibéré et sera prononcé le 12 octobre. 7 militants indépendantistes basques ont déjà été remis par la police française à leurs collègues tortionnaires espagnols, ceci en toute illégallité (voir bulletin précédent). Une manif de soutien a été organisée le 4 septembre à Guimgamp en soutien à Iratxe et à Annie. Environ 150 personnes ont défilé et se sont dirigées vers plusieurs endroits symboliques de la ville. La première halte fut le commissariat dont la facade a été refaite à coup de graffitis et de peinture. Les manifestant-e-s ont ensuite bloqué 2 voies de chemin de fer à l'aide de béton, dont un TGV en provenance de Paris. La demeure de Myriam de Coatparquet, responsable du Front Nationale (ce que certains journalistes semblent avoir oublié) a également été l'objet d'une visite : la propriété a subi le même sort que le commissariat avec en prime jet de pierres. Le cortège s'est alors rendu devant la mairie, la circulation a été bloquée et le drapeau français taillé en pièce, puis les joyeux manifestant-e-s se sont dispersé-e-s une fois de retour vers la place du centre. Le sort d'Iratxe n'est toujours pas décidé et peu de gens ne se font d'illusion à propos de sa très probable expulsion. Toutes lettres de solidarité sont les bienvenues. Le collectif DU RU TY qui appelait à la manifestation du 3, vient de publier une lettre-type à envoyer au ministère de l'intérieur que nous recopions. Nous en profitons pour vous rappeler l'existence de leur journal mensuel "Cessons de faire l'autruche" disponible contre un timbre à leur adresse et dont le numéro de septembre est entièrement consacré à la prison au pays des droits de l'homme. (Du Ru TY, Traou An Dour, 22140 Kermoroc'h) Lettre à retourner à : Ministère de l'Intérieur, Direction Sécurité Civile, 11 rue Cambacérès, 75008 Paris (fax : 01 49 27 49 27) Madame, Monsieur, Nous savons qu'Iratxe SORZABAL, actuellement incarcérée à la Maison d'Arrêt de FLEURY-MEROGIS, risque d'être expulsée en Espagne par la justice française, puis torturée et violée par la Guardia Civil. Nous nous occupons d'informer le grand public sur ce scandale : "Quand l'Homme se veut tel, il n'a qu'un devoir, l'insoumission" GLENMOR. Pour écrire à Iratxe ou à Annie - Sorzabal Iratxe, 32909 W, MA Fleury-Mérogis, Allée des Peupliers, 91705 Sainte Geneviève des Bois - Alexandre Annie, MA 5189, Centre Pénitenciaire des femmes, 18 bis rue de Chatillon, 35000 Rennes GRÈVE DE LA FAIM DES PRISONNIERS DU MRTA Le 21 septembre dernier, 3 leaders du Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru, Victor Polay, Peter Cardenas Schulte et Miguel Rincon, se sont mis en grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention (vous pouvez nous écrire pour recevoir un vieux tract de l'ABC-Paris qui décrit la situation des prisonnier-e-s du MRTA dans les geôles du fasciste Fujimori). Ces 3 personnes servent une peine de prison à perpétuité à la prison militaire d'El Callao, près de Lima. "En permanence soumis à l'isolement, nos frères ont été l'objet de torture physique et psychologique permanente", a annoncé le MRTA dans un communiqué. Les 3 prisonniers sont isolés dans des cellules situées à 8 mètres sous terre, avec des murs de 60 centimètres d'épaisseur, des portes blindées, et une très faible luminosité provenant d'une ouverture étroite. Rincon est emprisonné depuis le 1er décembre 1995 suite à son arrestation avec 20 autres membres du MRTA et avec l'activiste américain Lori Berenson. Polay et Cardenas sont incarcérés depuis 1992. Le traitement des leaders du MRTA en prison est plus dure que celui du leader du Sentier Lumineux, Guzman, arrêté en 1992 et également condamné à perpétuité. Il avait en 1993 publiquement appelé les membres de son organisation à renoncer à la lutte armée. Des pressions similaires ont été exercées sur Polay afin qu'il appelle le MRTA à faire de même, ce que Polay a toujours refusé. Fujimori a déclaré que cette grève de la faim ne donnerait pas lieu à une amélioration des conditions de détention : "Ces trois terroristes terribles et redoutables ne vont pas se retrouver dans une prison d'or". La grève de la faim durait toujours le 25 septembre. La mère de Polay et un avocat devaient se retrouver pour obtenir des informations sur le traitement des 3 prisonniers d'El Callao. Personne à par la Croix Rouge (qui peut entrer une fois tout les 45 jours) n'a pu rendre visite aux prisonniers. Aucune organisation humanitaire n'a le droit de pénétrer dans la prison. La Croix Rouge a exprimé son inquiétude. Leur prochaine visite est prévue pour le 4 octobre, et il semble qu'ils veuillent s'assurer que les prisonniers recoivent des soins médicaux "satisfaisants". Les prisonnier-e-s du MRTA incarcéré-e-s à la prison de Yanamayo se sont également mis en grève de la faim en solidarité avec le mouvement lancé à El Callao. (Source : Weekly News Update On the Americas, ) DES NOUVELLES DES PRISONNIERS PORTORICAINS 11 des 15 prisonniers indépendantistes portoricains ont accepté la remise en liberté "ultra-conditionnelle" que l'administration Clinton a proposé à 14 d'entre eux/elles ainsi qu'à deux autres anciens prisonniers. Ceux-ci étaient pour la plupart incarcéré-e-s depuis quasimment 20 ans. Un douzième prisonnier, Juan Enrique Segarra Palmer, sera libérable en 2004 sous les mêmes conditions. Deux autres prisonnier-e-s qui ont déjà servi de longues peines ont été acquitté-e-s de leurs amendes. 9 des détenu-e-s liberé-e-s le 10 septembre ont choisi de retourner vivre à Porto Rico. Six d'entre eux/elles sont arrivé-e-s le 11 septembre vers midi à l'aéroport San Juan à Porto Rico où ils/elles ont été acceuilli-e-s par une foule d'environ 1000 sympathisant-e-s. Les 6 ex-prisonnier-e-s ont dû se consulter préalablement afin de déterminer une manière de se retrouver sans outrepasser une des nombreuses conditions de leurs remise en liberté (voir bulletin précédent pour connaitre ces conditions), c'est à dire l'interdiction de se réunir entre indépendantistes ayant déjà effectué de la prison. Cette interdiction les empêche également de se réunir entre eux/elles. Un septième détenu est arrivé plus tard dans la journée. Les deux prisonnier-e-s restant-e-s ont choisi de retourner dans leur famille à Chicago. Oscar Lopez Rivera a décidé de rejeter ces conditions draconiennes de mise en liberté conditionnelle. Il est emprisonné depuis maintenant 19 ans, dont 10 en quartier d'isolement, et il risque d'y rester encore 25 années. Sa peine aurait été réduite à 10 années supplémentaires s'il avait accepté les conditions. Antonio Camacho Negron a également refusé la conditionnelle, il doit être libéré en 2002 et régler une amende de 100 000 $. Ces conditions de remise en liberté ont provoqué un large mouvement de protestation parmi les milieux indépendantistes portoricains. L'avocate des prisonnier-e-s s'est déclarée pleinement satisfaite de la situation. Ce n'est pas du tout notre cas étant donné les nombreuses restrictions auquelles ils/elles vont devoir faire face dehors. On frôle l'assignation à résidence. Les ex-prisonnier-e-s seront sans cesse épié-e-s, harcelé-e-s, écouté-e-s, et immédiatemment réincarcéré-e-s par les magistrats opposés à leur libération en cas de violations d'une des conditions. (source : WNUA) LIBERTÉ POUR LES 3 DES CCC ! Pascale Vandegeerde, Pierre Carette et Bertrand Sassoye sont incarcéré-e-s en Belgique depuis le 16 décembre 1985 suite à leur implication dans les actions directes menées par les Cellules Communistes Combattantes contre des sièges de banques, contre des pylônes électriques, contre des bâtiments officiels de l'OTAN... Ils/elle ont été soumis-e à trois années d'isolement total pour les casser suite à leur arrestation, puis ils/elle ont intégré une détention plus normale suite à 2 grèves de la faim. Ils/elle ont été condamné-e-s à perpétuité lors de leur procès inéquitable et scandaleux. Leurs actions ont toujours été motivées par leurs convictions politiques. Selon la loi Lejeune, ils/elle sont libérables depuis le 16 décembre 1995 mais la nature politique de leur incarcération freine toute démarche visant à les faire sortir d'une façon ou d'une autre. L'Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes mènent depuis de nombreuses années une campagne en leur faveur. Vous pouvez les contacter pour les aider et participer à l'effort entrepris en vue de leur remise en liberté ! Contact : APAPC, BP 6, St-Gilles 1, 1060 Bruxelles, Belgique Vous pouvez également envoyer vos lettres de solidarité aus trois détenu-e-s : - Pascale Vandegeerde, prison de Namur, place J. André 7, 5000 Namur - Pierre Carette, Geldenaaker Vest 68, 3000 Leuven - Bertrand Sassoye, prison de Lantin, rue des Aubépines 2, 4450 Lantin SCENE DE VIE QUOTIDIENNE A LA M.A. DE FLEURY Nous avons à nouveau mis la main sur un texte émanant des prisonnières de Fleury-Mérogis. Il s'agit d'un témoignage-choc qui rend bien compte de la réalité carcérale. "Elle a dit non. Une histoire banale dans le quotidien de la M.A.F. de Fleury-Mérogis. Nous tenions à la porter à votre attention. Voici les faits. Le travail de Sophia consiste à nettoyer les bureaux ainsi que les couloirs du S.M.P.R. ; division médico-psychatrique composée de divers bureaux et cellules. Lorsqu'elle arrive ce matin, le couloir est inondé. Une détenue en soin dans la division, bouchant les sanitaires avec ses vêtements, a ouvert depuis la veille les robinets de sa cellule. Sophia commence donc par racler l'eau du couloir. Un peu plus tard, rebelote ; la fille a réouvert les vannes et le couloir est de nouveau inondé, les surveillantes viennent pour fermer les robinets. Sophia, avec compréhension, se remet à racler l'eau du couloir. Une deuxième fois, elle croit en avoir terminé et va pour continuer le ménage des locaux. Mais la détenue a remis ça, et voilà le couloir encore plein de flotte. Sophia ne s'en occupe pas. Voyant cela, un surveillant gradé se déplace pour lui intimer l'ordre de racler l'eau. Elle est fatiguée. Ce n'est pas son travail et devant le ton qu'il emploie, elle refuse. Le surveillant la menace de déclassement. Excédé par son refus persistant, il lui colle, en outre, un rapport. Rapport qui l'amène au prétoire : DOUBLE SANCTION : elle est déclassée de son travail et écope de 4 jours de sursis de mitard. 4 jours de sursis de mitard, plus un déclassement pour avoir refusé de racler l'eau pour la troisième fois de la matinée ! Etait-ce le travail de Sophia de remédier à ces inondations successives ? Non : les surveillants n'ayant pas pris les dispositions nécéssaires pour faire couper l'eau dès la première fois, ni après la seconde inondation. Son refus était parfaitement justifié. De plus, le travail est-il obligatoire, ou encore forcé ? Non ; mais refuser d'exécuter une tâche peut valoir un déclassement, et c'est un argument important quand on est sans revenu, ni aide extérieure ! Mais, ici, il s'agit non seulement d'être corvéable à merci si l'on veut conserver son travail, mais encore que le simple "non", le même refus équivaut à une sanction de cellule disciplinaire de sursis. Elle a été doublement sanctionnée, de manière injuste et abusive. Nous, femmes détenues, femmes de l'ombre, dénonçons cette injustice commise envers l'une d'entre nous. L'univers carcéral est totalitaire, nous nous associons à ce non ; limite humaine à son infamie". BRÈVES - LECTURE : le bouquin "Appel de la prison de Ségovie" par la coordination des groupes autonomes basques est disponble pour 34 f (+8f de port) chez NUN ENTILIGAS MI c/o CALM, B.P. 50281, 57108 Thionville cedex. On ne peut que vous conseiller ce receuille de textes, interviews, communiqués écrits par les membres des commandos autonomes basques incarcérés suite à leurs actions radicales menées à la fin des années 70 contre des intérêts capitalistes au moment de la "transition démocratique" en Espagne. Ne se réclamant d'aucune idéologie, donc politiquement irrécupérables, les autonomes emprisonné-e-s ont été les laissés pour compte des organisations politiques libertaires ou communistes... à lire ! Des tonnes de brochures, flyers, livres, zines sont disponibles à la même adresse. Catalogue contre un timbre. - PARIS : le collectif de soutien aux prisonnier-e-s d'Action Directe "Ne Laissons Pas Faire" organisent une réunion publique afin d'élargir la mobilisation en faveur de leur libération. Rendez-vous le vendredi 26 novembre 1999 à 20h00 à l'AGECA, 177 rue de Charonne, Paris 11e, Métro A. Dumas. - POITIERS : lors de la tenue du festival musical "Stop Hypocrisy", le concert d'un groupe, les Kargol's, a tourné au drame : le public est monté sur scène, comme il est souvent de coutume, la scène s'est écroulée sous le poid et un jeune homme retrouvé inanimé est décédé à l'hôpital. Les juges veulent tout faire endosser à Yannick (chanteur du groupe), depuis mis en examen pour homicide involontaire et assigné à résidence, alors que les circonstances de l'affaire restent floues. Les Kargol's sont connus et toute violence a toujours été exclu de leur concert. Un comité s'est mis en place et une pétition circule. Contactez-les si vous voulez les soutenir/aider : OAF! Label, BP 166, 86004 Poitiers Cedex. Tel/fax : 04 68 55 06 10 - L'ABC-Gent sortent depuis le mois dernier un bulletin d'information du même type que le notre : mensuel et avec un suivi régulier des différentes affaires. Il ne présente aucun intérêt pour qui ne comprend pas le flamand, par contre, vous pouvez leur envoyer vos infos qu'ils se feront un plaisir de relayer. Des brochures en français sont également disponible à leur adresse : PB 244, 9000 Gent, Belgique (ne pas mentionner "ABC-Gent" sur l'enveloppe). - Ali Khalid Abdullah a été récemment transféré. Voici sa nouvelle adresse : AKA #148130, Thumb Correctional Facility (TCF), 3225 John Conley Drive, Lapeer MI 48446, U$A - CONCERT : un concert de soutien à l'Anarchist Black Cross aura lieu à Dijon le 31 octobre à l'espace autogéré des Tanneries, 13-15 bd de Chicago, 21000 Dijon (bus n°2) à 21h. Au programme : Blackfire (groupe HxC amérindiens), Post Regiment (punk/Pologne), Brother inferior (@-punk/USA), bouffe, table de presse... Une bonne occasion donc pour nous rencontrer. Profitons en pour vous annoncer que suite aux manifestations des 1-2-3 octobre en soutien aux Tanneries qui ont rencontré un succès au delà de toutes espérances, le squatt n'est provisoirement plus menacé. Venez nombreux ! - Des T-Shirt en soutien à Mark Barnsley sont maintenant disponibles à notre adresse pour 60f + port. Le collectif "Plain Wordz" continue de coordoner sa campagne de soutien par un bulletin bi-mensuel. Le 15 novembre, il en sera à sa 2000ème journée en prison et le collectif lance un vaste appel à la mobilisation à tout groupes ou individus désirant mener une action de solidarité. Si vous voulez du matériel d'information sur son cas, on peut vous le fournir. Si des T-Shirts en soutien à Mark ou à l'ABC vous intéresse, vous pouvez également nous contacter pour faire des commandes groupées, pour éviter de trop engraisser la poste. - NICK LATOL viennent de sortir un nouveau bulletin qui sera d'ailleurs le dernier. Au sommaire, de nombreux infos, articles, courriers de prisonnier-e-s, brèves sur l'actualité des procès, des libérations, des incarcérations, en France et ailleurs. Vous y trouverez également des news sur l'actualité militante de ces six derniers mois (squatts, vallée d'Aspes). En plus, on le distribue... prix libre + 4.20 f de port. - ITALIE : le procès de Silvano Pelissero a repris le 1er octobre et va se poursuivre encore un bout de temps. On a encore pas d'infos précises. Il est accusé d'avoir mené les actions contre les travaux de la ligne de train à grande vitesse Lyon-Turin, actions de sabotages revendiqués par le groupe "LupGripi" dont il s'est toujours déclaré étranger. Contact : Pelissero S., Com. Mastrolietri, Via ferrerineli n°2, Sanponso 10080 Torino, Iltalie. COMMUNIQUÉ DE COSIMAPP le 17 août, le quotidien "Philadelphia Inquirer" a fait parvenir à Pam Africa (qui coordone l'International Concerned familiy and friends for Mumia Abu Jamal) un communiqué de presse émis par l'Ordre fraternel de la Police (le syndicat de flics d'extrème droite qui a toujours fait pression pour que Mumia soit exécuté le plus vite possible) appelant au boycott des individus et entreprises soutenant Mumia Abu-jamal. Cette organisation de policiers compterait environ 283 000 membres. Ils avaient déjà recemment payé une somme immense pour voir publié dans le New York Times un grand article en appelant à la haine contre Mumia, et s'étaient rassemblés le 24 Avril à Philadelphie (le jour de la marche "Millions For Mumia") pour un dîner officiel. Le communiqué appelant au boycott a été adopté suite à la résolution votée par plus de 3000 délégués lors de la 54e Conférence Biennale de l'OFP dans l'Alabama. Selon leur président national, Gallegos, l'OFP a l'intention de tenir à jour une liste de compagnies et d'individus qui soutiennent ou assistent la libération de Mumia. "Nous utiliserons tous les moyens nécéssaires pour mettre ces compagnies et ces individus à un désavantage économique tant qu'ils continueront à soutenir ce lâche tueur de flics(...) Il s'agit de distinguer le bien du mal" dixit le président... Pam Africa et Julia Wright ont donné un entretien téléphonique au Philadelphia Inquirer le 18 août lors duquel elles ont notemment souligné que cela leur rappelait deux périodes de l'histoire : le boycott et la mise à sac des entreprises juives en Allemagne nazie, et la grande délation sous McCarthy aux U$A. Elles ont également mis l'accent sur le fait que cette résolution de l'OFP est une réponse à la montée en puissance du soutien national et international à Mumia, ainsi que l'échec retentissant du ministère public : celui-ci vient en effet de voir partir en éclats la crédibilité d'un "témoin" qui aurait oublié de faire un "aveu" de Mumia soit disant entendu au début des années 90 et oublié depuis. Mumia a retrouvé une lettre du fameux témoin datée d'un an après le faux aveu et lui souhaitant un nouveau procès et son acquittement. Le COSIMAPP a déclaré qu'il reviendrait sur d'autres aspects gravissimes de cet appel, notemment sur la complicité entre les états réactionnaires du Sud profond (Floride, Alabama) avec l'administration raciste de Pennsylvanie. Ce sera en tout cas difficile pour l'OFP de boycotter les millions d'individus réclamant un procès équitable. Le COSIMAPP soutien tout ceux/celles qui songent depuis quelques temps à des négociations économiques préferencielles avec les états américain qui ne pratiquent pas la peine de mort.