Appel à la solidarité avec les prisonniers anarchistes de Turquie Le mardi 19 décembre dernier, les autorités turques lançaient l'opération « Retour à la vie » contre une vingtaine de prisons pour stopper une grève de la faim, surnommée « grève de la mort » de près de 280 détenu(e)s politiques (membres pour la plupart du DHKP-C et du TKP-ML, deux organisations marxistes-léninistes). Ce mouvement de protestation voulait dénoncer la réforme des prisons, dont la création des cellules de type F, cellule pour une à trois personnes. Les prisonniers craignaient une plus grande exposition à la torture, qu'il n'est plus besoin de démontrer dans ce pays, et réclamaient différentes mesures (abrogation des tribunaux de sûreté de l'Etat, des lois anti-terroristes, libération des prisonniers malades, procès des meurtriers de prisonniers comme le massacre de vingt détenus dans la prison de Diyarbakir en septembre 1999…). Cette opération a officiellement fait 32 morts (dont deux gendarmes). Mais la grève de la faim s'est poursuivie, et s'est amplifiée, puisque l'on compte près de 400 grévistes, accompagnée d'une grève de la faim tournante menée par 1600 autres. Elle est réapparue dans les médias à la mi-avril avec le décès de neuf grévistes, après plus de 175 jours du jeune de la mort. Une centaine a été hospitalisée de force. En 1996, la dernière grève de la faim avait fait officiellement 12 morts, et de nombreux handicapés (séquelles telle perte de la vue, de l'ouïe ou de la raison). La répression n'a pas mis fin à un mouvement où certains groupuscules jouent aussi leur survie. En effet, les détenus vivent dans des blocs, jusqu'à 100, les organisations révolutionnaires y continuent leurs activités et y font régner leur loi. En 5 ans, on dénombre 86 prisonniers tués par leurs codétenus, parmi eux 2 anarchistes. En effet, les prisons turques ont aussi leurs prisonniers anarchistes, kurdes ou turcs, environ une vingtaine. L'un d'entre-eux qui est sorti depuis, a témoigné de l'isolement dont sont victimes nos compagnes et compagnons. Il ne sont pas soutenus par les comités de prisonniers existants, pilotés par les organisations marxistes-léninistes, car considérés comme des traîtres à la révolution. Cet isolement peut aller jusqu'à l'assassinat, comme celui d'un jeune antimilitariste, ancien membre d'une organisation de guérilla maoïste, le TIKKO, qui fut assassiné en 1998 dans la prison de Bursa par ses anciens camarades. Pour palier à ce manque, l'ATDA (en français, comité de soutien aux prisonniers anarchistes) fut créé au début de l'année, il a pour objectifs : - soutenir les camarades anarchistes financièrement, socialement et de manière collective - essayer de résoudre les problèmes de santé des camarades malades - se solidariser des camarades plus ou moins libertaires mais qui nous considèrent comme des amis - renforcer les liens avec les familles de prisonniers L'auteur du texte en appelle à la solidarité, il précise : « Si ces objectifs se réalisent, nous pourrions transformer l'ATDA en structure. Ces objectifs sont réduits, et pas révolutionnaires, mais il faut y consacrer du temps, y être sensible et lutter. ». Aujourd'hui, aucun prisonnier anarchiste n'est officiellement parmi les grévistes de la faim, mais certains d'entre-eux ont participé aux émeutes de décembre dernier. D'autres ont été soumis à la torture, et l'un d'entre-eux, M., aujourd'hui sorti de prison et malade suite aux mauvais traitements, poursuit la lutte en tant que déserteur, il est ainsi, et malheureusement, exclu du système de santé. Ce message, reprenant des documents transmis par l'ATDA, est relayé dans un maximum de journaux libertaires pour que la solidarité envers cette association, et ses membres, soit plus efficace. Vous pouvez envoyer votre soutien à Groupe Libertaire de Tours BP 421 37204 Tours cedex 3, à l'ordre de Manta (précisez ATDA au dos du chèque). Vous pouvez également nous contacter à grolito@free.fr, l'adresse directe en Turquie peut être transmise sur demande. No !