17/08/01 -- Dijon : grève de la faim en solidarité avec les prisonnier-e-s politiques de Turquie La campagne de solidarité avec les détenu-e-s des prisons turques se poursuit à Dijon. A l'appel de la Croix Noire Anarchiste dijonnaise et du Comité de Lutte Contre la Barbarie et l'Arbitraire (Salon-de-Provence), deux manifestations avaient déjà été organisées, ainsi que des débats, conférences et projections vidéos sur la situation en Turquie. Aujourd'hui, plusieurs militant-e-s dijonnais-es entendent mener une grève de la faim de 3 jours, en guise de protestation contre l'acharnement répressif de l'Etat turc, et en solidarité avec les prisonnier-e-s politiques en lutte. Une militante du Comité de Lutte Contre la Barbarie et l'Arbitraire participe également à cette grève de la faim depuis Salon-de-Provence. Des informations et détails sur cette initiative sont disponibles sur le site oueb de Maloka, qui sera régulièrement mis-à-jour pendant la grève de la faim : http://www.chez.com/maloka/Turquie.htm D'autres informations et communiqués seront également diffusés par le biais de la malokaliste. Ci-dessous, le communiqué que les grévistes ont diffusé : Aujourd'hui, vendredi 17 août 2001 à minuit, nous répondons à l'appel de l'association des familles et proches des prisonnier-e-s politiques de Turquie (TAYAD), nous entrons en grève de la faim pour une durée de trois jours. Le 8 août, à Istanbul, les forces de police turques se sont lancées à l'assaut du siège central du journal Vatan - proche d'une des organisation dont des membres sont en grève de la faim dans les prisons. Avec la même violence que lors de l'assaut contre les prisons en décembre 2000, les murs furent détruits à la masse et les locaux entièrement ravagés ainsi que plusieurs dizaines de personnes arrêtées. Elles vont sans doute être torturées pendant des jours avant de finir au fond d'une cellule d'isolement, ou bien tout simplement déclarées mortes ou "disparues". Cette nouvelle opération policière est une étape de plus dans la lutte de l'Etat pour briser le mouvement de grève de la faim entamé il y a 295 jours (au 10 août) et la solidarité des familles à l'extérieur. Déjà, le quartier de Kuçukarmutlu (Istanbul) fut bouclé pendant quatre jours pour déloger des familles de prisonniers en grève de la faim de solidarité, et les forces de police menacèrent de lancer un assaut contre leurs maisons mais durent reculer devant la menace des familles de s'immoler. A l'extérieur, ce sont actuellement plusieurs dizaines de membres de familles de prisonniers qui sont entre la vie et la mort, lancés dans un jeune à mort, depuis plus de 100 jours pour certains d'entre eux, par solidarité avec leurs proches en lutte dans les prisons. Cette répression s'abat aussi directement sur des militants politiques par des exécutions : le 6 juillet, Ismael Karaman a été assassiné en pleine rue dans le quartier d'Avcilar à Istanbul. A côté de cette politique violente, l'Etat tente de dissoudre le mouvement en libérant des prisonniers en grève de la faim, tablant sur leur arrêt de cette grève à l'extérieur. Néanmoins, cette tactique ne fonctionne pas totalement car des prisonniers sortis ont continué à se solidariser et ont reprit la grève de la faim illimitée, rejoignant les familles. Dans les prisons et les hôpitaux, la situation est dramatique. Plusieurs centaines de prisonniers sont encore en grève de la faim et plusieurs dizaines d'entre eux, dans des hôpitaux, sont dans des états désespérés. Ces derniers souffrent de graves troubles cérébraux, rénaux et respiratoires mais sont maintenus en vie par des perfusions forcées. En effet, l'Etat avait ordonné à des médecins turcs - qui ont accepté - de contrevenir aux traités internationaux (trait de Malte et Tokyo) et de perfuser contre leur gré les prisonnier-e-s le nécessitant. Depuis ils/elles sont maintenus artificiellement en vie afin de minimiser l'impact de la perte d'une nouvelle vie humaine dans cette lutte qui a déjà fait 58 morts depuis le 19 décembre 2000. 28 prisonnier-e-s, alors en grève de la faim, sont morts lors de cet assaut et 30 autres grévistes sont morts depuis. Mardi 14 août, Osman Osmanagaoglu, prisonnier en lutte récemment libéré, est décédé dans un quartier d'Istanbul au 299ème jour du jeûne à mort. Ce mouvement de lutte contre la mise en place d'un système cellulaire dans les prisons en Turquie ne faiblit pas, tout autant que le refus de l'Etat d'accepter les revendications des prisonniers qui concernent principalement la fermeture des prisons cellulaires (Type F) et l'abrogation des lois anti-terroristes (article 16 de la loi nº3713) qui permettent d'incarcérer toute personne suspectée d'un lien quelconque avec une organisation classée par l'état comme ''terroriste". Lors des quelques discussions entre le gouvernement et des représentants d'associations de défense des droits de l'Homme, des concessions mineures furent accordées mais elles furent rejetées comme insuffisantes par ces associations et les prisonniers en lutte. Depuis, l'Etat se retranche dans sa position intransigeante et les pays européens sont toujours aussi silencieux sur ce qui se passe dans les prisons turques. Pire encore, ces derniers subventionnent le gouvernement turc à hauteur de 101,8 millions d'euros tout en exigeant qu'il humanise et modernise son système pénitentiaire. Dans la perspective d'intégrer la Turquie dans l'union européenne, cette mise aux normes vise à instaurer un mode de torture propre et "démocratique" : la torture blanche par l'isolement. Subissant et luttant contre cette pratique depuis de nombreuses années déjà, les prisonnier-e-s détenu-e-s dans les geôles européennes se sont solidarisé-e-s avec cette résistance par une multitude d'actions, dont des grèves de la faim tournante. De part les trois jours de jeûne que nous entamons aujourd'hui, nous entendons relayer cette résistance au-delà des murs des prisons et des frontières. LA SOLIDARITÉ EST UNE ARME Anarchist Black Cross-Dijon C/O Maloka BP 536 21014 Dijon Cedex France e-mail : maloka@chez.com site : http://www.chez.com/maloka/ Comité de Lutte Contre la Barbarie et l'Arbitraire 777, blvd des nations-unies 13300 Salon France