Jouez le jeu,
faites gagner les droits de l'homme!




A l'initiative du collectif "De l'étique sur L'étiquette", une campagne contre l'exploitation des femmes, hommes et enfants dans le Tiers-Monde par les industries du sport et du textile eut lieu. Cette campagne permit de receuillir plusieurs milliers de signatures en faveur de l'établissement d'un "label social" ainsi que de la création d'un contrôle indépendant, visant tous deux à éradiquer les conditions inhumaines de travail dans les usines des diverses multinationales du sport ou du prêt à porter... Une action eut lieu à Dijon: Organisée par Maloka et Artisans du Monde, elle rassembla devant l'un des nombreux magasins de sport de la ville une dizaine de personnes, qui firent signer des pétitions et distribuèrent le tract qui suit...
Il n'est pas trop tard pour envoyer des pétitions et autres cartes (fournies par Agir Ici), sachant qu'un nombre important de signatures a déjà été receuilli, et que certaines revendications semblent à priori en bonne passe d'être sérieusement considérées...
A suivre donc.


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Depuis quelques années plusieurs campagnes regroupant de nombreuses associations, syndicats et organisations internationales ont été lançées pour dénoncer les conditions de travail des ouvrieres du textile dans les pays du Tiers-Monde. Pourquoi cette mobilisation?

Avec l'avènement du libéralisme, les pays industriels connaissent une crise où la concurrence acharnée a pour conséquence le regroupement en multinationales d'entreprises qui délocalisent pour s'installer dans des pays (Indonésie, Vietnam, Maroc, Bengladesh...) où la législation sociale, fiscale, et environnementale est moins regardante et où la main d'oeuvre est plus "flexible". Les énormes profits libérés sont en partie réinvestis dans la pub (3.5 milliards de francs en 96 pour Nike). Ce qui permet à Nike, Esprit, Reebok, Adidas, Levi's... de créer un besoin chez le consommateur en donnant une image autour de la marque. Mais cette image progressiste, anti-raciste, pacifiste et non discriminatoire que véhiculent tapageusement Benetton, ou celle du fair-play, du don de soi que nous martellent sans cesse les fabriquants de chaussures ne doit pas nous faire oublier la réalité des conditions de travail sur le terrain dans les usines de sous-traitance où se fait l'essentiel de la confection, c'est à dire:

bas salaires et heures supplémentaires obligatoires, mauvaises conditions d'hygiene et de sécurité dans le travail, atteinte a la liberté syndicale, travail forcé et esclavagisme, travail des enfants...

En effet, les ouvrieres rémunérées à la pièce, sont contraintes de faire des heures supplémentaires. En Indonésie, les ouvrieres travaillent 12h par jour ce qui ne leur permet même pas de réaliser les quotats exigés par l'employeur pour toucher la totalité de leur faible salaire. Dans les ateliers souvent vétustes et mal equipés règne une chaleur étouffante où se mêlent vapeur d'eau et produits toxiques. Dans ces conditions, maladies (cancers du nez, leucémies, maladies de peau et anémies), accidents, évanouissements et troubles liés au surmenage sont fréquents. Se rajoutent à cela une surveillance permanente liée à des sanctions corporelles, insultes, menaces disciplinaires.
Et quand apparait toute véléité d'organisations pour se défendre, voilà ce qui arrive: à Casablanca (Maroc) en 92, des ouvriers adressent à la direction une pétition pour qu'elle respecte les droits syndicaux qui leur sont reconnus par la loi du pays.
Réponse: 12 personnes sont licensiées. Les travailleurs/euses du groupe Super Rifle se mettent alors en grève, obtiennent gain de cause, la direction engage des hommes de main pour intimider et casser le mouvement. Le syndicat Union Marocaine du Textile protestent. Le secrétaire général du parti est alors emprisonné pendant 3 ans... pour "entrave à la liberté du travail"!!! Pire encore, au Pakistan, en Inde... des adultes et des enfants sont maintenus en esclavage pour éponger des dettes familiales dûes à leur employeur en raison d'un salaire insuffisant pour faire face aux frais d'hébergement. Le Bureau International du Travail estime que 20 millions de Pakistanais (sur 130M) sont asservis pour dettes dont 7.5M d'enfants. On pourrait également évoquer le travail clandestin qui existe en Europe, le travail à domicile qui échappe à tout contrôle et empêche ainsi toute protection des travailleurs/euses, ou encore de l'utilisation par la Chine et les Etats-Unis de prisonniers pour produire des biens de consommation courante dont on ne soupçonne pas l'origine.

Que faire : Le boycott? Le code de conduite? Le label social?

Même si le boycott a largement su faire ses preuves dans diverses autres campagnes et surtout à l'étranger, il convient d'être prudent quant à son utilisation dans le présent cas. En effet, la suppression du revenu complémentaire apporté par les enfants et indispensable à la survie des familles, peut les obliger à avoir recours à la prostitution.
Mais la mobilisation des consommateurs a permi la réalisation de codes de conduite par Nike, Levi's... ce qui leur a donné l'occasion de se démarquer de leurs concurrents en véhiculant une image respectable. Cependant, les déclarations de bonnes intentions et les pratiques de ces entreprises restent évidemment dépendantes des lois du marché, et soumises à aucun contrôle indépendant. Nous réclamons la création d'un label social, garantissant le respect des règles établies par l'Organisation Internationale du Travail (droit syndical, interdiction du travail forcé, du travail des enfants de moins de 14 ans, etc...) ainsi que la création d'un contrôle indépendant, sur lequel les marques et les distributeurs ne puissent exercer aucune pression.

Pour ce faire, vous pouvez, entre autres, signer la pétition adressée au président de la FNCASL, ou envoyer directement des cartes postales aux différents distributeurs français d'articles de sport. Pour vous les procurer, il vous suffit de vous adresser à Artisans du Monde (55 rue Chabot Charny), à Maloka (61 rue Jeannin) ou à Agir Ici.

Il nous semble évident que cette action n'est qu'un premier pas vers une remise en question du libéralisme sauvage, ces revendications s'inscrivant dans le cadre d'une lutte plus globale.

Jouez le jeu, faites gagner les droits de l'homme!

- Artisans du Monde & Maloka.


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